RSS
 

Archives de la catégorie ‘Les textes du sens du bien commun’

Assistance ou assistanat

18 Fév

Méditations d’humanisme méthodologique

L’assistance consiste à apporter une aide à une personne ou une communauté de personnes. La moindre des choses est «d’assister» à la situation personnelle, ses conditions de vie mais aussi la capacité à assurer son existence. Dans une même situation l’un a besoin d’assistance l’autre non. Le premier acte de l’assistance c’est la «considération» de la personne en situation.

Ensuite on peut se demander pourquoi un besoin d’assistance. Le besoin suppose un manque, une défaillance par rapport à la poursuite d’une existence proprement humaine.
Cette défaillance de la personne à assister est bien dans le rapport entre ses capacités actuelles et les conditions de son existence, eu égard à cet enjeu d’une vie proprement humaine.

On pourra distinguer d’abord la misère qui est une absence de maîtrise des conditions de son existence. Elle réclame une prise en charge. Mais cette prise en charge doit viser une restauration de cette maîtrise ou du moins de ce qui en est possible. L’enjeu d’une vie proprement humaine n’est pas de survivre mais d’accomplir son humanité selon sa vocation propre. C’est pour cela que cette assistance doit être aussi pour une part éducative, ré-éducative. Cela dépend donc du rapport de la personne à ses conditions d’existence et pas seulement de ces conditions là ou de la personne seule. Il s’agit bien à la fois de la personne, de ses conditions d’existence et de la restauration de ses capacités de maîtrise humaine.

Est à considérer ensuite la pauvreté qui est une faiblesse dans les conditions d’existence et de développement humain. Les communautés humaines assistent leurs membres pour se développer et devenir capables d’assumer leur subsistance selon leurs capacités propres dans la participation à une existence communautaire. Il s’agit là d’un accompagnement qui dépend de la situation des personnes et des conditions d’existence communautaire. L’accompagnement est forcément personnel, interpersonnel, puisqu’il suppose la considération des personnes et de leur situation. Il est forcément communautaire puisque ces conditions relèvent de la condition humaine qui est toujours communautaire. Dans une communauté donnée cette assistance est différenciée, personnalisé et si elle ne l’était pas elle serait dépersonnalisée, dépersonnalisante.

Il arrive évidemment que la communauté, communauté de proximité, famille, par exemple soit en situation de pauvreté et doive être assistée elle-même pour pouvoir assister ses membres. Cette assistance d’accompagnement doit aussi être différenciée, à la fois selon sa culture propre et selon les conditions de son existence qui relèvent d‘une communauté plus vaste. C’est au sein de communautés de communautés que l’assistance communautaire doit être exercée.

Il arrive que des communautés de communautés de grande taille soient elles-mêmes en situation de pauvreté. C’est le cas de régions ou de pays par exemple. L’assistance-accompagnement pour ces pays doit se faire au sein de communautés de pays pour qu’ils en viennent à participer à leur développement commun selon leur culture propre, les conditions et les enjeux communs.

L’assistance aux personnes implique que leurs communautés soient en mesure de leur apporter l’aide nécessaire. Pour cela elle doivent être aussi assistées en tant que de besoin par les communautés auxquelles elles participent et ce à toutes les échelles utiles. La considération des personnes et la considération de leurs communautés vont de pair.

Vient ensuite la question de l’enrichissement humain, simultanément développement personnel et développement communautaire. C’est l’enjeu d’une grande part des activités humaines. Peut-on parler d’assistance à ce niveau? Oui. Il s’agit alors du service de la communauté aux personnes et du service des personnes à la communauté. L’économie communautaire est d’ailleurs une économie de service de production et d’échanges de biens et services dans le Sens du bien commun. L’assistance est ici un service, service de participation au bien commun service d’enrichissement mutuel, personnel et communautaire. Là aussi toutes les échelles communautaires sont à considérer. (cf économie communautaire et développement approprié )

Enfin vient l’assistance à l’autonomie des personnes et des communautés. Le rapprochement des termes est paradoxal puisque l’autonomie vise à assumer par soi-même les conditions et contingences de son existence. L’assistance est alors seulement une présence, la présence d’une autonomie à celles qui se cherchent, une simple considération éclairée et éclairante. C’est la vocation de l’autonomie des hommes et des communautés que d’assister de leur présence-repère la recherche de celle des autres. C’est là que se justifient les rôles d’autorité.

L’assistanat

C’est une caricature de l’assistance qui trahit à peu près tous les principes précédents au profit de justifications par quelque bout, antihumanistes. Qu’il se justifie par une déclaration de solidarité et même un pseudo humanisme ne fait que manifester une hypocrisie, une certaine duplicité.

Michel Serres raconte qu’un jour, arrivant en retard à une réunion d’expert, il fut frappé par cette évidence : les participants n’étaient pas là pour résoudre le problème mais pour s’en nourrir. Il venait de publier un livre intitulé « Le Parasite ».

L’assistanat est un système d’assistance individuelle qui méconnait la singularité des personnes. L’argument d‘égalité en est une justification opportuniste alors que rien n’est égal chez les hommes et leurs situations sinon l’égale dignité de leur humanité. L’argument d’égalité vient gommer l’humanité des hommes les réduisant à quelque aspect de leur existence : matérielle, sentimentale, idéelle. L’assistance ignore alors l’humanité des personnes et, par suite, celle de leurs communautés d’existence. Du coup l’assistanat, par sa méthode et sa fonction réductrice, appauvrit l’humanité des personnes, les tiens dans une logique de régression, les considère et les maintient comme mineurs, se tient dans une posture tutélaire.

L’assistanat se nourrit d’immaturité et l’entretien. On s’étonne alors que plus on y investit plus les besoins augmentent alors que le critère d’une assistance authentique serait l’inverse. Le déficit des moyens est donc intrinsèque à l’assistanat et non pas accidentel. Il y a duperie sur les valeurs et, bien sûr, refus ou détournement de toute évaluation.

Le modèle français de l’Etat providence est devenu un modèle d’assistanat.
– Assistanat de l’Etat à des individus anonymes
– Substitution de l’Etat jacobin à la communauté nationale avec le déni des communautés ramenées à leur seule dimension d’archaïsme.
– Réduction individualiste de la personne, atomisée pour sa dimension matérialiste, simple entité juridique ou organique pour sa version rationaliste, objet biologique pour sa dimension naturaliste.
– Hégémonie du «service public», anonyme, sur les affaires communes et substitution de la suprématie de l’intérêt général sur le Sens bien commun.
– Déni des cultures et des différences au profit de la seule diversités des apparences
– Captation d’une part de plus en plus grande de la richesse nationale (la plus importante du monde)
– Organisation de systèmes et de structures de défenses des intérêts de l’Etat au détriment des intérêts de la nation. Le service de l’Etat se substituant au service de la communauté nationale.
– Critique des initiatives communautaires d’assitance, dénoncées comme communautaristes.
– Coalition d’intérêts particuliers établis comme intérêt général.
– Sacralisation de cet intérêt général particulier et criminalisation implicite des intérêts particuliers.

Et maintenant.

La mutation de civilisation du monde actuel se traduit par une reconnaissance des communautés culturelles, ici et ailleurs. Cette reconnaissance va avec la reconnaissance des liens interpersonnels et intercommunautaires dans un monde de nature humaine. Un nouvel humanisme, plus méthodologique qu’idéologique est en train de naître. Le modèle français est mis en péril de toutes parts et se conduit comme une forteresse assiégée. La dénonciation des intérêts particuliers alors qu’ils sont induits en partie par la philosophie impersonnelle de l’Etat jacobin est la conséquence d’une absence de considération de l’humanité de l’homme. Elle est remplacée par des normes, des procédures, des formalismes juridiques ou même statistiques, comme si l’assistance relevait du droit et non de la fraternité humaine. L’assistanat est une forme parasitaire de l’assistance.

Si vous entendez parler d’assistanat dans un concert de hurlements vous saurez à quoi vous en tenir.

 

Autorité et démocratie à la française

18 Jan

Une analyse de cohérences culturelles comme celle de la France déploie une problématique humaine singulière en plusieurs Sens que la carte de cohérences dessine. Chaque Sens correspond à une vision du monde et un mode d’existence qui permet de lire une logique historique, un caractère, un axe de projection dans l’avenir et toutes leurs conséquences dans les affaires communautaires. C’est donc à cette carte de cohérences schématique que l’on peut avoir recours pour redécouvrir les façons de comprendre une question telle que celles-là.

Culture française

Autorité et démocratie sont dans cette culture référés à l’ordre des choses.

Le Sens de la bonne foi donne à l’autorité un Sens d’authenticité (même étymologie), de fiabilité, de repère, gage de fidélité à la vérité aussi, l’autorité fait foi, c’est sa responsabilité. A l’inverse l’autorité est plutôt un titre, un artifice, une référence de convention, une formule pour imposer un ordre de substitution, un faux semblant de vérité. Par exemple l’autorité de l’Etat qui, quelques fois, substitue à la réalité vécue une norme administrative qui ne tiens pas compte du réel des choses et des gens. C’est le cas de tous ceux qui imposent un référentiel artificiel. Ce référentiel peut être administratif ou idéologique et même scientifique ou philosophique. Il y a beaucoup de corporations ou d’instances dont l’autorité est de cette nature et dont l’ordre devrait s’imposer à tous comme « l’autorité de la France » quelques fois. A contrario, même si elle constitue un repère c’est celui de la vérité, toujours en quête. Dans les quêtes du pouvoir l’autorité impose ses vérités opportunistes. On appelle ça cynisme aussi.

La démocratie, sur cet axe horizontal à gauche (de la carte), est l’expression d’une réalité collective, la manifestation d’un ordre commun, un témoignage du réel à partager. A l’inverse la démocratie est un prétexte, une mise en scène, pour établir un référentiel d’autorité artificiel. Il ne s’agit pas d’expression collective mais d’adoption collective d’un ordre préétabli. Les normes précèdent leur adoption et semblent ensuite émaner de la démocratie. Le système français est ici bien rodé et certaines conceptions de la république y trouvent leur source, pseudo démocratique donc.

Sur l’axe vertical en haut, l’autorité est porteuse de détermination, détentrice d’une volonté bonne et déterminée. Il s’agit donc d’un volontarisme qui entraine les bonnes volontés, un leadership si on le comprend comme cela. Celui qui porte cette détermination est dirigeant par l’exercice non d’un pouvoir mais d’un charisme et d’une capacité de tracer la voie. La démocratie est évidemment là participation à l’édification des enjeux communs, concernement de la communauté par ses affaires selon l’ordre déterminé.

A l’inverse l’autorité est source de ressentiment. Elle est identifiée au fait du prince et donc toujours à combattre pour y substituer celle du même type de ceux qui l’auraient vaincue. Le pathos révolutionnaire se nourrit là. On voit bien le rôle de la démocratie qui consisterai à substituer le bon vouloir du peuple à celui du prince. Le bon vouloir qui n’est pas la bonne volonté inverse est incarné par les représentants du peuple qui par définition démontrent que leur bon vouloir doit se substituer à l’autorité présente. Le pathos révolutionnaire est en marche et sans fin puisque la nouvelle autorité doit bien vite être déboulonnée ou décapitée plus symboliquement. La généralisation du libre bon vouloir généralise l’imposture et l’usurpation d’autorité et alimente la machine mortifère.

Il est intéressant de voir quels régimes d’autorité et de démocratie cela dessine dans les diagonales.

Dans le Sens du gauchissement le révolutionnaire ne s’embarrasse pas de vérité et impose ses simulacres jusqu’à être disqualifié à son tour. Cela devient une profession un statut. L’autorité doit s’imposer et utiliser le collectif comme moyen ou comme prétexte, c’est la démocratie dictatoriale, celle que chacun voit dans l’intention de tous les autres. Imaginons un parti fondé là-dessus (ou plusieurs) et l’atomisation qui le guette en permanence. Traditionnellement c’est la position des extrémismes, droite et gauche, en opposition radicale avec l’ordre juste.

A l’inverse donc, c’est le Sens du bien commun de la culture française et sa poursuite qui défini l’orde juste, la logique des bâtisseurs. L’autorité est celle qui incarne une démocratie, participative, par la justesse de ses analyses de la réalité, de la vérité, et la détermination de sa volonté. On ne peut pas ne pas voir comment cette position a été présente dans la dernière campagne présidentielle et comment elle suscite une réaction « révolutionnaire » qui conjugue ressentiment et mauvaise foi. Le lecteur appréciera l’analyse faite à ce sujet en 2006 : L’ordre juste ou la vertu française

En haut à droite, le Sens de l’arrogance est celui de l’élitisme aristocratique à la française, bien connu par les étrangers qui nous regardent. L’autorité est formelle  le produit d’artifices de sélection « démocratiques » comme le montrent nos Grandes écoles. C’est aussi d’actualité. Détermination certes, participation démocratique oui mais selon les règles édictées au mépris de la réalité et de la vérité. Jusque dans ses fondements philosophique, la Raison d’autorité, toujours contingente, est dite critère de vérité universelle qui s’impose à tous y compris évidemment à la démocratie. Un pays administré selon des règles formelles, juridico-administratives, techno-scientifiques, idéologiques et auto justificatrices. Voilà un visage bien connu de la France, aujourd’hui ébranlé.

Reste en bas à gauche avec le Sens de la militance une France émue et émouvante, touchée par des réalités négatives, et engagée dans la défense contre les pouvoirs mauvais (par définition). C’est à se demander si c’est l’animosité envers l’autorité et la frustration d’un libre bon vouloir  servent de détecteur des réalités difficiles ou l’inverse (démocratique veut dire chacun son bon vouloir). Cette autorité se fait volontiers « humanitaire », protestataire, alternative mais peu engagée dans la bonne volonté déterminée de construction du bien commun. Cela assure son audience et son succès émotionnel mais aussi son échec opérationnel durable lorsque agir c’est défaire.

Les vertus françaises des bâtisseurs d’ordre juste reconnaissent des personnages d’autorité qui ont joué leur rôle de repères et de dirigeants et aussi le concernement actif des populations. Il est vrai aussi que toutes les falsifications et les dénigrements n’ont pas manqué, ne manquent pas pour s’en prétendre garants.

Ce qui est vrai concernant la France l’est aussi pour tout ce qui s’y réfère, les organisations ou institutions françaises notamment. Cependant et c’est là la complexité des ensembles communautaires, en France, bien d’autres cultures ont cours. Chacun est traversé par cette diversité de cultures selon les milieux fréquentés. Aussi y a-t-il d’autres conceptions et pratiques de la démocratie et de l’autorité et il faudrait beaucoup d’arrogance pour penser qu’il n’existe que l’équation française en matière de « gouvernance ».

 

Bienvenue et bonne année 2010 !

09 Jan

Ce blog est destiné à témoigner de ce qu’est l’Humanisme Méthodologique au travers des nouvelles cohérences proposées en ce temps de crises et de mutation. Il est partagé en trois parties principales :

– l’actualité avec des réactions à chaud avec des analyses et des mises en perspective

– des thématiques plus construites basées sur des conceptions et des propositions tout à fait neuves

– des fondements théoriques et philosophiques à la racine des nouvelles propositions

Ces témoignages rendent compte de l’expérience singulière d’une pensée toujours en création, celle de l’auteur et celle des commentateurs, celle des contributeurs et celle des utilisateurs.

Il faudra un peu de temps pour mettre tout cela en place, très prochainement.

Un premier thème d’actualité portera sur l’identité nationale en croisant les trois niveaux d’approfondissement : l’actualité, les problématiques, les fondements.

A très bientôt

Roger Nifle

 

Cohérence multiculturelle de la culture française

23 Fév

Cohérence multiculturelle de la culture française.

Chaque culture porte en elle-même l’unité d’une communauté singulière et la pluralité des postures qui lui sont propres. En outre la variété des groupes et des communautés qui la composent multiplie encore le champ des possibles que l’on a toujours tort de vouloir figer dans un état particulier, chacun selon son idée.

La culture française est une culture des rapports à l’ordre qui voit quelques fois la multiplicité des différences comme une atteinte à son ordre qui ne saurait être qu’universel.

L’analyse des Sens caractéristiques de la culture française nous en indique les postures et notamment dans le rapport à une situation multi-culturelle ou religieuse. Il s’agit là de cultures, de religions ou de croyances idéologiques, mais aussi de localités ou régions, de groupes sociaux différenciés.

La carte des Sens de la culture française (analyse de cohérences culturelles réalisée en 1981 http://journal.coherences.com/article302.html ) nous donnera les différentes postures que l’on reconnaitra dans la crise de Sens que nous traversons. Bonne occasion pour se remettre en question et trouver le Sens du bien commun et ses perspectives dans notre pays.

On examinera quatre postures possibles que l’on reconnaitra aisément.

A – Normalisation règlementaire.

L’invocation de la loi républicaine comme normalisatrice par l’élimination des différences au nom d’une égalité formelle. Je ne veux voir qu’une tête ou pas de tête du tout celle-ci étant réservée à la Raison d’Etat. Une certaine interprétation de la laïcité y trouve sa source.

B – Affrontement des dogmatismes intégristes.

Chaque clan ou communauté réduite à ses passions, utilise l’arme de son dogme, religieux ou pas, pour dénoncer et combattre tous les autres. La défiance et le ressentiment alimentent les positions. Celle qui s’identifie à la communauté nationale (nationalisme) a plus de chance de dominer que l’atomisation des autres.

C – Alliances victimaires

Choisissant dans la reconnaissance des autres, cultures, religions ou groupes ce qui privilégie le ressentiment, alors l’alliance des ressentiments recentre chacun sur ses postures victimaires. Le multiculturalisme défensif ou régressif se trouve privilégié provoquant l’ire des intégrismes et autres nationalistes et le réflexe normatif et légaliste uniformisateur. Nous sommes témoins de la conflictualité de ces postures comme déjà à l’automne 2013.

D – Elaboration d’un modèle de société conjuguée

Reconnaissant les différences personnelles, culturelles, religieuses, régionales, locales et sociales dans leurs richesses potentielles (et non dans leurs travers et leurs ressentiments) alors l’oeuvre commune de conjuguer, tramer et tisser une culture commune originale est possible. Bien sûr, ne s’agissant pas de la remise à plat de type table rase, c’est l’évolution et le développement de la culture française qui en est l’origine et le produit commun où chacun trouve sa contribution. Le bouquet de richesses différenciées en est une métaphore.  La culture française n’est pas là une fleur parmi d’autres mais le bouquet d’ensemble. Cette visée révèle aussi une vocation nationale inédite qui vaut dans un monde qui est partout confronté à ce type de problème. L’unité différenciée et non pas l’unité uniformisée. C’est un autre niveau de civilisation en perspective. Au travail.

 

cartefranceX

 

Comment construire une démocratie majeure

03 Sep

Le propos ici est de répondre à une problématique de plus en plus prégnante alors que les conceptions traditionnelles semblent devenues obsolètes. Le deviennent aussi heureusement des conceptions tyranniques du pouvoir mais aussi des conceptions technocratiques, juridiques ou administratives notamment. Le sont aussi, tout en prétendant à une nouvelle modernité, les conceptions totalitaires, systémiques, naturalistes, qui font rimer démocratie avec abandon de tout libre arbitre et, en définitive, de toute humanité véritable au profit de «lois naturelles incontournables».

Du coup, s’il est de plus en plus urgent de construire de nouvelles démocraties il faut renouveler aussi d’urgence les conceptions et les pratiques.

Le but de cet article est de donner des repères, des clés indispensables pour traiter le problème. Il est bien évident que cette présentation schématique doit être étoffée par toute l’épaisseur d’une pensée et d’une ingénierie humaine, celles de l’Humanisme Méthodologique. La complexité de la question et la diversité de ses domaines d’application ne peuvent continuer à recourir à des idées simplistes ou à des formalismes de plus en plus dénués de sens intelligible. Les querelles sont plus souvent les masques d’une manipulation des esprits qu’une véritable recherche de progression de la question.

La question démocratique va être balisée par des repères majeurs, des clés indispensables au temps où nous sommes, au moment d’une mutation de civilisation c’est-à-dire aussi du dépassement d’une civilisation antérieure avec ses crises et ses troubles. Il ne s’agit pas de recommencer comme avant comme trop de nostalgiques du passé le préconisent, surtout en Occident, pour éviter de se remettre en question.

Construire une démocratie majeure c’est un enjeu pour un nouveau temps fondé sur de nouvelles bases schématiquement données ici.

On envisagera trois questions et leurs réponses, nouvelles pour beaucoup. Où se pose la question de la démocratie? En quoi consiste la démocratie ? Comment développer une démocratie majeure.

La démocratie c’est où ?

La question démocratique ne se pose que dans une communauté donnée. Que l’on parle de peuple, de société, d’organisation, de collectivité, la démocratie est une affaire de communauté humaine, de nature humaine donc. Toute communauté humaine est concernée par la question démocratique et est appelée à développer tôt ou tard une démocratie majeure. S’il n’y a pas d’identification commune à une communauté de devenir il n’y a pas de démocratie possible n’y ayant pas, par exemple, de vouloir commun auquel participer.

Quelles communautés ? Nous allons donner toute une variété d’exemples.

La Libye au premier rang en ces jours où elle se donne des échéances pour y arriver. L’Egypte, la Tunisie on le sait mais aussi cela se joue au Maroc, en Jordanie ou des progrès s’enregistrent. Bien sûr la Syrie est à l’ordre du jour mais que dire de l’Iran, de la Chine, et de tel pays où l’Etat prétend s’imposer à la nation. L’Europe, les pays européens, l’Afrique, les Amériques. On le voit toutes les nations du monde sont concernées et aucune ne peut se dire avoir une démocratie aboutie surtout celles ou les incantations dominent le discours public en la matière. Sont concernés les ensembles nationaux comme l’Europe mais aussi ceux d’Asie comme d‘Amérique et les multiples configurations destinées à traiter des affaires communes, c’est-à-dire communautaires. Que dire alors de l’ONU qui ne sait si elle est une union ou une communauté, comme d‘autres, comme l’Europe. Et pourtant on ne peut pas dire que la question démocratique ne se pose pas partout où une conscience commune du bien commun se fait jour, c’est-à-dire une communauté de devenir.

Changeons d’échelle pour penser à des communes, à la ville et à ses quartiers là où on vit ensemble. Il y a des communautés de communes et dans notre pays des communautés d’agglomérations, des pays, des départements, des régions. Il y a aussi des inter-régions entre nations proches. Autant de communautés où la démocratie est en question.

Dans une autre registre les entreprises, les institutions, les organisations, les associations, les groupements d‘activités sont autant de lieux où la question de la démocratie est posée même si c’est de façon embryonnaire et que des solutions viables restent à inventer et à construire. On ne savait pas encore très bien en effet concilier démocratie et efficacité.

D’une façon générale la multiplication des communautés née de possibilités relationnelles inconnues auparavant avec internet repose la question à toutes sortes de niveaux et, on le verra, surtout des niveaux de maturité. La trame communautaire de notre monde en est au début d’un bouleversement sans précédents et personne ne peut dire que cela n’a pas une incidence sur chacune des communautés citées. La question de la démocratie se pose partout.

L’énoncé des tous les cas précédents amène à considérer un fait majeur c’est que toutes ces communautés ne sont pas isolées. Mieux elles sont elles-mêmes constituées de communautés qui participent plus ou moins à leur propre devenir. De même elles participent à d‘autres communautés qu’elles contribuent à constituer. Il faut impérativement considérer la théorie des ensembles communautaires, communautés de communautés comme aussi communautés de personnes. Notons ceci ; une personne peut participer successivement ou simultanément à plusieurs communautés et ce sera de plus en plus vrai, posant la question de sa liberté et de la maturité de ses participations. Une personne qui participe à une communauté peut être partie prenante d’une autre communauté qui appartient à la première ou y contribue. Si une communauté est constituée de plusieurs groupes, des personnes de la communauté peuvent participer à plusieurs de ces groupes et donc de plusieurs manières différentes à la démocratie communautaire. Ce sont des personnes mais aussi des communautés qui participeront aux processus démocratiques.

Si cette complexité dépasse l’entendement de beaucoup d’idéologues elle correspond à des réalités humaines de plus en plus patentes. Prenons le cas de l’Europe (qui ne sait si elle est union ou communauté) où la démocratie européenne reste assez pauvre et se concilie difficilement avec les communautés nations et encore moins les communautés régions et les autres. La communauté nation France ne sait comment faire avec ses communautés d’étages et une démocratie qui en intègrerait intelligemment la diversité.

Il faut dire que pour cela il faut repenser ce qu’est la démocratie, en quoi elle consiste. En France l’interdit de penser la démocratie va avec l’interdit de penser la communauté, les communautés, le seul lieu où se pose la question démocratique.

La démocratie c’est quoi ?

La démocratie à minima c’est la participation des hommes à la détermination de leur devenir et pour cela aux affaires communes dans les communautés où ils s‘inscrivent.

De là deux questions majeures se posent; celle d’abord de la capacité d’appréhender les questions en jeu et les modes de participation démocratique associés, celle ensuite des enjeux auxquels la démocratie est confrontée. Ni l’une ni l’autre ne sont tout à fait claires et sont pourtant déterminantes pour définir la démocratie. Ce sont des aspects essentiels du phénomène humain qu’est la démocratie qui dépendent donc et de la conception de l’homme pour concevoir la démocratie et de la conscience que l’on peut en avoir.

Le premier axe de réflexion est celui des niveaux de participation à la communauté, des niveaux de conscience associés et des niveaux de maîtrise des affaires humaines correspondants. Si la démocratie est une participation à cette maîtrise alors c’est un critère discriminant des modes de contribution démocratiques.

Grâce à l’anthropologie de l’Humanisme Méthodologique on peut distinguer quatre niveaux, correspondant à quatre «âges d’évolution».

Le premier est celui de l’âge archaïque. C’est celui d’une participation principalement émotionnelle à la communauté faite de peurs, de passions, d’émois, de confusions, de répulsions, tout cela étant à la fois très «influençable» ou très lié à des problématiques personnelles et culturelles inconscientes ou encore à des évènements éprouvants. C’est notamment le terrain de ce qu’on appelle une démocratie d’opinion aux mains d’acteurs qui font assaut de machinations au service d’un pouvoir sur les populations. Ici la démagogie tiens lieu de démocratie. C’est le terrain des dominations, des tyrannies, des pouvoirs médiatiques. Une communauté de ce niveau est en voie de perte totale de maîtrise, associée à une dégradation communautaire. La seule solution par rapport au devenir c’est l‘intervention extérieure, bienveillante, qui trace et permette un chemin de reprise de conscience communautaire et d’apprentissage d’une voie de progression. Il s’agit là de communautés en régression, ou de communautés encore prises dans un «bain affectif originel», ou encore de personnes dans cette situation dans une communauté évoluée et même de personnes «évoluées» embarquées dans un pathos régressif. On voit que leur participation n’est pas possible et qu’une forme de tutelle ré-éducative doit être assurée chaque fois que possible.

Le second est l’âge primaire. La participation à la communauté se fait au travers des activités liées à la vie collective touchant à la subsistance, à la production, à l’organisation, au fonctionnement. C’est tout le domaine de l’action communautaire et des réalisations qui contribuent aux enjeux collectifs. C’est là que les membres de la communauté peuvent être dits des acteurs. Les acteurs de la communauté, individus ou même groupes et communautés, peuvent avoir un niveau de maîtrise correspondant à leur action et leur compétence. De ce fait le champ de participation est limité aux domaines où les acteurs peuvent accéder et c’est là le domaine de la démocratie participative. Le grand principe c’est que ce sont les acteurs qui agissent et c’est là leur statut démocratique à la mesure de leur champ d’action. La participation aux affaires de la communauté à ce niveau commence donc avec la conception ou la définition des actions, leur participation aux réalisations et l’évaluation. Trois considérations complémentaires. La dimension affective et émotionnelle, toujours présente, doit être dominée par la maîtrise des activités et des utilités communautaires. La participation démocratique à l’action et l’activité communautaire est évidemment perfectible et fait l’objet d’apprentissages éducatifs dans toutes les communautés évoluées que ce soit des enfants mais aussi tout au long de la vie. Enfin c’est grâce à un autre niveau de conscience qu’une vue d’ensemble des enjeux communautaire deviendra possible sans quoi l’action communautaire risque d’être sans cohérence et la démocratie participative en partie un leurre.

Le troisième âge d’évolution est l’âge secondaire. C’est celui, en principe, de la civilisation d’où nous venons. Ce qui en est l’enjeu ce sont les représentations partagées, représentations de la communauté, son identité, représentations de son histoire, passé et futur, représentations de ses projets, de ses stratégies, de son développement. Cela réclame un niveau d’évolution, de conscience et de maîtrise plus avancé à la mesure cependant de l’importance des communautés en question. Pour une petite communauté c’est plus accessible que pour un pays ou même des enjeux internationaux ou mondiaux. La démocratie ici est représentative. Elle doit être assumée par des représentants capables d’assurer cette maîtrise des représentations. Il s’agit pour cela d’un travail de délibération, de formulation, de communication, de conception, de créativité. L’erreur peut-être de confier cela à une élite d’expertise, d’Etat par exemple. Si cette expertise est utile c’est pour servir la démocratie représentative et pas s’y substituer. La démocratie représentative est faite du rassemblement de représentants mais aussi de tous les dispositifs dont ils ont besoin pour délibérer des projets et stratégies de développement communautaires. Ces représentants, pour être représentatifs, doivent représenter les multiples populations concernées et ce notamment au travers des groupes et communautés où elles s’inscrivent en tant qu’acteurs. Une représentation territoriale n’a aucun sens si elle n’est pas rattachée à une communauté identifiée.

La démocratie représentative travaille plutôt sur le moyen terme et permet ainsi de donner un cadre stratégique à la démocratie participative centrée sur l’action ponctuelle. Pour qu’une telle démocratie participative soit pertinente il faut qu’elle soit orientée par le Sens du bien commun de la communauté. Tout autre Sens ne justifie pas une démocratie qui resterait un leurre.

Nous sommes maintenant au niveau tertiaire où l’enjeu est le discernement et l’indication du Sens du bien commun par une personne qui l’incarne. Un noeud de difficulté et d’incompréhension vient d’un défaut de conscience de Sens. Le Sens du bien commun est inhérent à la communauté et ne résulte d’aucune délibération. Par ailleurs depuis toujours, toutes les communautés s’arrangent pour trouver une personne pour incarner ce Sens. Toutes sortes de procédés sont utilisés qui se traduisent toujours par une sorte d’élection, élection formelle d’un candidat selon un processus culturellement significatif ou reconnaissance et acceptation de celui qui tiens un rôle culturellement significatif. C’est là la démocratie élective, la reconnaissance implicite du Sens du bien commun de la communauté par la recherche et l’acceptation explicite d’une personne qui l’incarne. A l’âge des représentations on n’a pas accédé à une intelligence du Sens de cette démocratie en en faisant souvent des caricatures qui débouchent sur autre chose que l’indication du Sens du bien commun. Il n’est que de voir la place de cette question du Sens du bien commun et des processus culturels de son élection dans les conceptions en vigueur de la démocratie.

Par ailleurs une certaine maîtrise des représentations les a cru suffisantes avec la maîtrise de la raison et de ce fait en est venu à disqualifier ce rôle central en en faisant une représentation accessoire. Il y a aussi les conceptions plus immatures qui considèrent que la personne élue est une autorité forcément nuisible et donc à éliminer. Malgré cela soulignons qu’aucune communauté ne s’en passe, quelque soit l’artifice pour le justifier. Songeons à toutes les communautés citées au début et nous verrons quelle en est la situation sur ce plan. La démocratie participative s’appuie sur l’incarnation du Sens du bien commun de la communauté par le biais d’un rituel culturel de démocratie élective. Elle y trouve l’orientation qu’elle doit ensuite projeter en projet développement, stratégies et autres représentations de l‘avenir de la communauté au travers des affaires communautaires.

C’est là la seconde question initialement soulevée, celle des enjeux de la démocratie pour la communauté. On en voit la construction et l’architecture à laquelle est adossée la démocratie sous ses différents aspects. L’orientation communautaire d’abord, le projet et la stratégie de développement communautaire ensuite, l’activité communautaire enfin.

L’orientation de l’avenir selon un Sens du bien commun propre à la communauté, est l’enjeu de la démocratie élective celle uniquement des personnes membres de la communauté. Vient ensuite sa projection au travers de multiples représentations, celles du développement communautaire et toutes les règles ou plans qui le dessinent. C’est la place de la démocratie représentative. On notera que la démocratie élective désigne des personnes qui peuvent aussi représenter la communauté dans un ensemble communautaire plus vaste. Vient ensuite le plan de l’action collective ou des multiples activités qui contribuent au développement commun, champ de la démocratie participative où interviennent les personnes et aussi par exemple leurs communautés de travail et de services. Restent les plans plus archaïques de la vie communautaire qui réclament une prise en charge et un contrôle qui sont la condition de la possibilité même d’une démocratie.

La démocratie comment ?

On conçoit qu’il y a une infinité de situations selon que l’on se trouve dans des communautés de différentes natures et de différentes tailles, d’histoires et de cultures différentes. Les ensembles communautaires amènent aussi leur complexité. On notera ici les conditions nécessaires et des moyens de construction de la démocratie communautaire.

Tout d’abord l’identification de la communauté. Cela ne va pas toujours de soi dans la mesure ou la désignation d’une communauté tiens aussi de son histoire et sa culture. Elle est indispensable pour que le Sens du bien commun en soit éclairé et exprimé de façon à ce qu’il puisse être approprié de façon gratifiante et mobilisatrice. L’identification à la communauté au «nous» est indispensable pour qu’une démocratie majeure puisse s’exercer. C’est donc un enjeu prioritaire de toute construction ou reconstruction démocratique. La construction de référentiels de valeurs identitaires ou opérationnels est un bon moyen d’appropriation. Cependant il faut être en mesure d’élucider ce Sens du bien commun vecteur culturel d’un développement communautaire mais aussi de ses valeurs, richesses et potentiels. Ce qui se faisait intuitivement ou par le charisme d’un homme peut se faire de façon plus sûre grâce à la théorie des cohérences culturelles et aux méthodes d’analyse de cohérences culturelles et tous les moyens d’intelligence symboliques déployés par L’Humanisme Méthodologique. Désigner la communauté et la présenter sous son meilleur jour est la condition et le moteur d’un processus d’identification nécessaire à la démocratie. On remarquera que lorsque ce sont des penchants plus négatifs, combatifs aussi, qui sont mis en avant cela contamine le processus démocratique ultérieur, Une victoire par exemple suscite une identification polémique qui en fera une démocratie de combat plutôt que de développement. La glorification des tares est un boulet pour la démocratie. Là une aide extérieure peut être précieuse pour aider la communauté à s’identifier, le regard des autres étant aussi un vecteur puissant.

Cependant, l’identification ne doit pas faire abstraction d’autres identifications de communautés plus proches, plus familières. Les régions pour la nation, les nations pour l’Europe, mais aussi toutes les configurations que l’on retrouve dans les pays ou toutes les autres sortes de communautés. Il est capital d’articuler la communauté avec les communautés qui la constituent et celles auxquelles elle participe. Par quoi commencer ? Par ce qui est le plus accessible et qui servira de soutien pour aller plus loin la réponse n’est pas la même en Libye ou en Tunisie, ou dans tel ou tel ensemble communautaire. C’est une question de niveau de maturité, pas forcément de simple sentiment d’appartenance. On notera qu’une communauté doit être suffisamment avancée dans son identification pour pouvoir participer de façon majeure à un ensemble communautaire avec d‘autres.

A partir de là les trois niveaux de démocratie sont en jeu mais ne peuvent être généralisés simultanément. Sur le plan opérationnel il faudra commencer par le niveau d’orientation avec une « élection « provisoire venue opportunément assurer cette fonction. Il faudra de toutes façons constituer rapidement ce repère même provisoire, même si cela apparait comme venant d’un homme providentiel». Ensuite il faudra constituer le champ des représentations communautaires, à partir des communautés constitutives par exemple. Cela aussi peut passer par des dispositions provisoires même par l’apport d’expertises externes. Si le premier point et assuré et le Sens du bien commun identifié et explicité alors le développement communautaire peut être engagé sans que la démocratie représentative soit parfaitement établie. Elle réclame en effet un niveau de maturité qu’il s’agit de favoriser par le développement communautaire lui même. Ensuite la démocratie participative peut s’exercer dans la mesure ou un projet cadre est établi. C’est la condition pour mettre en concourance les activités communautaires et permettre aux acteurs de participer au développement communautaire.

Dans un processus de construction de la démocratie, la démocratie participative est la première qui peut se développer à condition que des palliatifs aient été mis en place pour la démocratie élective et la démocratie représentative. Celles-ci seront mises en oeuvre au fur et à mesure de la maturation communautaire et sa capacité de les assumer c’est-à-dire de devenir une démocratie majeure.

Il arrive que L’Etat se substitue à la démocratie. Une idéologie prend la place du Sens du bien commun avec une «élection» fallacieuse. Les expertises se substituent à la démocratie représentative sous prétexte de maitrise des affaires complexes de la nation éliminant du même coup les communautés qui y participent culturellement. Enfin il en vient à réduire à néant la démocratie participative s’arrogeant le monopole de l’action publique. Le résultat est une régression de la communauté aux archaïsmes, ceux du politique et ceux d’une société sous tutelle prise dans les passions et les futilités. Il n’est pas facile d’en sortir sans une identification forte à la communauté selon le Sens du bien commun qui leur est propre et les valeurs culturelles associées (surtout pas universelles et donc anonymes).

La construction de la démocratie va avec le déploiement d’un projet de développement communautaire qui est en même temps le champ d’un apprentissage progressif de l’exercice de la démocratie sous ses différents modes. On peut dire qu’une gouvernance provisoire, basée sur une orientation et une stratégie de développement cadre permettra une appropriation qui commence alors par la démocratie participative celle des acteurs portant sur l’action.

La maturité qui s’en suit permet de s’approprier la démocratie représentative de façon élargie à toutes les représentations des communautés constitutives et à la participation à des ensembles communautaires. A chaque communauté son chemin pour cela.

Ensuite la démocratie élective qui touche au symbolique peut sortir de l’implicite de l’élection des «re-pères» de la nation par exemple. C’est ce que notre époque permet en ouvrant à un âge du Sens, celui d’un Sens du bien commun élucidé, compris et cultivé. Qu’en est-il pour notre pays?

On voit bien que la démocratie repose sur une base participative de l’action communautaire mais qu’elle repose aussi symboliquement sur un principe électif celui de l’incarnation du Sens du bien commun. On a voulu la réduire à une représentativité régulatrice qui laisse la place à une « maîtrise » élitiste des représentations, coupée de sa base participative et de son Sens électif. Du coup on s’est mis à croire que le formalisme était la cause de la communauté et que la démocratie consistait à l’entériner, laissant le champ libre à la démagogie et aux passions qui se développent sous couvert d’une technocratie pseudo démocratique. Ce modèle est malheureusement celui qui est trop souvent préconisé pour construire la démocratie avec les déboires que l’on connait.

En résumé pour construire une démocratie majeure :

1 – Identifier la communauté, son Sens du bien commun et favoriser l’identification aux valeurs qui en sont les indicateurs.

2 – Elaborer un projet cadre de développement communautaire selon le Sens du bien commun avec un dispositif d’élection et de représentation provisoire pour engager un processus d’appropriation et de maturation

3 – Mettre en place la démocratie participative avec les acteurs puis, au fur et à mesure de la maturation communautaire, la démocratie représentative et la démocratie élective selon un processus de gouvernance approprié culturellement.

Cela vaut pour les nouvelles démocraties, les vieilles même séniles, pour les entreprises et les organisations, pour les nouvelles communautés de toutes les tailles et aussi pour les communautés mondes et tous les ensembles communautaires. Le plus difficile sera, pour les communautés qui sont persuadées de détenir la formule, de la défendre contre le reste du monde et même contre leur population, au nom du peuple. Celles-là commencent par nier les communautés ou les font régresser au stade archaïque.

 

Crise économique, quelques questions

18 Jan

La crise qui s’est déclarée fin 2008 est une manifestation de la mutation de civilisation qui est engagée. Comme avec la tectonique des plaques, des craquements se produisent qui déstabilisent les idées reçues. Le premier réflexe c’est de tenter de « rétablir les équilibres » ou de tout refaire comme avant. D’autres ont l’intuition qu’il faut faire autrement mais pour cela il faut penser autrement. Seulement il faut à la fois comprendre quelles sont les problématiques en jeu et disposer des moyens de les résoudre autrement.

J’ai proposé des analyses visant à mettre le doigt sur l’essentiel, les forces en jeu. En particulier j’ai mis en évidence trois ruptures qui se sont produites et qui mettent en mouvement des plaques de changement. Crise financière : trois repères

La fin de l’individualisme radical et l’emergence du Sens du bien commun comme critère de valeur et d’évaluation.

La fin de l’économie systémique qui suppose que ses lois sont celles d’un système global dont nous sommes les jouets et l’avènement de l’économie communautaire,  réappropriable par les acteurs à leur échelle.

La fin du découplage de la valeur et des valeurs, mesure de  toute chose en économie, avec les valeurs, qui se réfèrent au Sens du bien commun.

Ces problématiques ne sont pas facilement identifiables compte tenu du fait qu’elles bouleversent nos réflexes de pensée et d’action. Je les aborderai ici au travers de plusieurs problèmes.

La spéculation : On sent intuitivement que la spéculation des banques n’est pas cohérente avec l’intérêt de l’économie, de notre économie. Pourquoi? Qu’est ce qui les oppose? Quelles sont les incidences d’un discernement et d’un changement d’orientation dont même au plus haut niveau on perçoit la nécessité. Justement c’est la question de l’individualisme radical qui est en question, pas celui des banquiers seulement, mais celui des syndicats aussi, des corporatismes et de partis dont l’opposition à la spéculation ne dérange pas l’individualisme foncier.

La convergence des intérêts : « Ce qui est bon pour Général Motors est bon pour l’Amérique  » site l’auteur d’un article de slate.fr qui le paraphrase avec ce titre : « Ce qui est bon pour Renault n’est pas bon pour la France« . Mais l’intérêt de qui? Dans quel espace économique est-ce négociable? L’espace national où on tente de le traiter serait valide comme critère d’intérêts et invalide comme critère industriel. Il faut rétablir l’économie dans ses espaces communautaires, seuls lieux où, en référence au Sens du bien commun, on peut discuter des intérêts communs.

Les critères de valeur(s) dans l’économie : Ce qui vaut pour une communauté est appréciable par une échelle de valeurs commune (selon le Sens du bien commun). Ce qui vaut pour l’économie, du moins est-ce la doctrine dominante, se mesure à la valeur, comptablement, selon un étalon monétaire indépendant de toutes valeurs grâce aux rationalisations qui s’y sont exercés. On peut montrer que la notion de valeur ne vaut rien sans une référence implicite à des valeurs communes et que les valeurs peuvent parfaitement constituer des échelles de valeurs recherchées dans toute mesure d’intérêts et de productions. On s’intéresse à des critères communautaires nationaux autres que le PIB. mais c’est encore le Sens du bien commun qui permet d’établir les critères propres à chaque communauté.

J’ai forgé toutes sortes de conceptions et de méthodes pour une nouvelle perspective que cherchent vainement les experts et les politiques.

Par exemple le paradigme communautaire plaçant les communautés de vie et d’engagement comme seuls espaces de régulation accessibles,  seuls espaces ou des valeurs communes peuvent permette de mesurer les besoins et les contributions sur une même échelle, seuls espaces ou le développement économique participe au développement des membres et des acteurs.

La socio performance fournit des critères d’évaluation pour toute activité pour une communauté donnée.

La notion de valeurs qu’il faut référer au Sens du bien commun pour que cela vaille quelque chose humainement parlant.

Au travers de quelques articles  j’en donnerai un aperçu, en référence à des textes plus approfondis.

 

Développement communautaire et démocratie participative

17 Mai

Développement communautaire et démocratie participative
Principes et pratiques

Le temps des communautés mineures

Les formules du titre marquent à la fois une perspective espérée pour les uns ou alors inquiétante pour les autres. Il est intéressant d’en dresser un tableau au travers de la relation entre deux conceptions antagonistes de la vie collective.

L’horizontalité
Elle donne l’image d’un rassemblement des égaux, ou du moins en passe de l’être. La vie collective est désirée comme un vivre ensemble convivial. La qualité de ce « vivre ensemble » est le fait d’un fonctionnement régulé de la société qui permet un bien vivre. Ce fonctionnement est fait de relations et d’interactions ludiques ou coopératives. Les initiatives collectives d’organisation se multiplient grâce aux moyens de communication et de mise en relation. L’ancrage dans la nature et l’environnement est considéré comme une saine condition de pérennité.

La verticalité
C’est l’édifice construit par une culture, une civilisation qui hiérarchise les utilités comme les mérites et la maîtrise des affaires de la cité. Le politique se fonde sur un pouvoir central qui veille à l’unité. Il se structure au travers d’institutions aux rôles formels bien définis. Ces structures, toujours intermédiaires, encadrent le fonctionnement de la cité, contrôlent la régularité des comportements, forme les individus à ces règles de penser et d’agir et sélectionne ses élites et ses élus pour assurer l’encadrement.

Là commence l’antagonisme.
Pour les premiers la verticalité incarne des formes d’autorités abusives, l’exercice d’un arbitraire sous couvert de rationalités technocratiques, une hiérarchie de castes conservatrices et un conformisme qui aliène tout progrès. Le pire ne manque pas d’exemples pour alimenter la dénonciation de ces tyrannies.
Pour les seconds, l’horizontalité marque un certain infantilisme, sinon une naïveté irresponsable, plus soucieuse de confort que d’ambitions, d’une utopie qui ignore la malignité humaine et la complexité des affaires de la cité. C’est cependant considéré comme une mobilisation des sentiments qui peut détourner des passions dommageables à l’édifice des structures de la cité. Du pain et des jeux disait-on.

Mais cet antagonisme aux velléités d’exclusion mutuelle ne s’articule que sur des liens étroits de nécessité et de défiance réciproques. La première conception, horizontale, ne peut subsister que si par une sorte de tutelle la seconde veille au grain. Pour éviter l’arbitraire on le remplace par un intérêt général dénué de subjectivité. L’Etat veille sur l’état de la société civile et celle-ci se tient sous cette tutelle dans un état de minorité dont la contestation fait partie ainsi que le jeu des « débats démocratiques » véritablement joués. La seconde conception, verticale trouve dans ce terreau ce qui lui est nécessaire, les ressources matérielles et humaines pour assurer son devenir. Il y trouve aussi les légitimités de sa suprématie par la dénonciation des dangereuses initiatives des individus surtout en groupes et à plus forte raison en communautés à prétention d’autonomie c’est-à-dire majeures et responsables. Elle y trouve ses justifications par la protection due aux plus faibles et aux mineurs (peu responsables on le sait).

Alors on ne peut s’étonner du succès des idées participatives et de leur relatif échec récurent. On ne peut s’étonner de la désagrégation de l’édifice de rigueur historique sous les coups de boutoir de l’émancipation de la société civile. Les solutions sont-elles dans la sauvegarde des idées familières ou dans leur interrogation en vue d’une mutation que les deux versions antagonistes de la vie collective manquent avec persévérance.

L’intégration du développement communautaire et la démocratie participative.

Le temps des communautés majeures

La gouvernance c’est un processus de conduite des affaires communes. Nous allons voir que l’intégration des dimensions verticale et horizontale est caractéristique de son engagement dans le Sens du bien commun.

Qui dit bien commun dit communauté terme qui fait trembler les verticalistes qui y voient la compromission de l’unité de la République et du rôle de l’Etat central. Mais cela implique aussi un devenir. Si pour l’homme vivre c’est devenir, pour les communautés humaines le devenir c’est le développement communautaire qui fait écho au développement personnel.

Le développement communautaire
Il relève d’une dynamique et d’un processus de progression humaine, individuelle et collective, l’une par l’autre. La communauté, figure du rassemblement horizontal, est engagée dans un développement vertical et non dans l’établissement d’un fonctionnement idéal, sous tutelle. Il y a bien là un mouvement « bottom up » qui est vertical, et qui permet à la communauté de gravir une échelle de progrès, de maturation, dont les visées sont l’autonomisation responsable ou empowerment si on traduit ce terme selon une perspective de progrès humain et non de rapports de force ou d’indépendances immatures.

Ce mouvement est assimilable à un apprentissage, par l’expérience de la participation aux affaires communes. Mais cette expérience, placée sur une trajectoire de progrès, intégre les différents niveaux de maturité humaine. L’archaïque des premières gestations ou quelques régressions communautaires, passionnelles par exemple. Le factuel du faire ensemble ou s’organise la subsistance et la confortation individuelle et collective. La raison qui permet les représentations intellectuelles médiatrices et aussi conceptrices des affaires communes. Enfin l’âge du Sens et du symbolique ou se discerne et se détermine le Sens du bien commun. On peut dire que le développement est le processus vécu et réalisé par une communauté pour grandir en humanité au travers de la participation aux affaires communes et selon les différents âges de maturité.

On notera que l’âge du faire ensemble nécessité de sortir d’un âge ou les pulsions commandent pour le pire ou le meilleur ce qui nécessite prises en charges ou même thérapeutiques adéquates. À l’âge du faire ensemble les apprentissages peuvent être accompagnés pour s’autonomiser. À l’âge des représentations et de la raison la construction des cadres et projets communautaires réclame des compétences d’intelligence collective habituellement reservées aux experts dans une conception verticaliste. Enfin l’âge du Sens réclame quelque clairvoyance et surtout les repères d’orientation selon le Sens du bien commun.

Ainsi on s’aperçoit que le cheminement de développement réclame la conjugaison d’une dynamique collective mais initiée, conduite et accompagnée par des compétences particulières. Il y faut une gouvernance participative. Cette « éducation participée » réclame un accompagnement dont on n’oubliera pas qu’il vise l’autonomisation ou empowerment communautaire. On n’oubliera pas qu’il s’agit de la participation des personnes et des acteurs à l’appropriation d’un devenir commun dans tous ses aspects. On notera aussi la participation de toute communauté à d’autres plus larges, de même que la participation des personnes à plusieurs communautés.

La gouvernance participative est la conduite d’un processus de développement communautaire par la participation des personnes et des acteurs à l’appropriation active des affaires communes. Toutes les affaires communes qui constituent l’activité de la communauté en devenir sont de son ressort en fonction de son niveau de maturité et d’autonomisation.

Seulement cette gouvernance communautaire n’est pas une génération spontanée pas plus qu’une éducation sauvage ne permet à l’humanité de grandir. Cela posera alors la question du politique et donc de la démocratie.

En effet que ce soit par elle-même si elle en a la maturité ou que ce soit par une communauté d’appartenance le devenir de la communauté est l’enjeu même du politique. C’est le politique qui oriente ou en donne les repères, c’est le politique qui en dessine les cadres et les projections dans l’avenir, c’est le politique qui en organise les conditions du faire ensemble. C’est le politique qui en définitive initiera une gouvernance participative pour toutes les affaires communes.

Le politique
Le politique assure ainsi une gouvernance démocratique, c’est-à-dire liée à l’implication de la communauté dans ses décisions et son autorité de régulation pour toutes les affaires communes. Ainsi elle engage et accompagne la gouvernance participative du développement. La gouvernance politique engage l’exercice de la démocratie et initie et facilite la gouvernance participative.

La gouvernance démocratique.
Elle se détermine en trois niveaux successifs.
la démocratie élective. Elle consiste à incarner le Sens du bien commun dans la personne d’un élu. L’élu et ceux qui contribuent à ce rôle ne se tiennent que par la reconnaissance de la communauté qui s’y fie. Cette confiance repose non sur l’arbitraire de l’élu mais sur la pertinence de sa position, du Sens qu’il donne à l’avenir et au bien commun, au développement communautaire donc. Pour cela, c’est au coeur de la communauté et l’inconscient collectif qui en détermine l’existence qu’il peut le discerner et se déterminer au point de s’y identifier. C’est pour cela qu’en le reconnaissant la communauté se reconnaît en lui. Encore faut-il que la communauté soit suffisamment mature pour se reconnaître comme communauté politique. Sinon c’est une autre communauté d’appartenance qui en tiendra lieu ou y contribuera.
La démocratie représentative. Elle représente les personnes, acteurs, groupes et communautés qui forment la communauté politique. Ces représentants sont là pour traduire le Sens du bien commun en projets, cadres, règles, normes, ainsi que d’envisager les moyens de les réaliser. La démocratie représentative rencontre la nécessaire représentation de la communauté qui dépend de sa maturité. Trop immature, son identité incertaine, personne ne peut la représenter authentiquement. Il faut donc que le travail de gouvernance participative soit suffisamment avancé. On notera la différence entre l’élaboration participative des cadres et projets communs et la décision politique exercice de délibération de la démocratie représentative sous couvert de la démocratie élective.
La démocratie participative. Elle concerne le plus grand nombre quant à la préparation et la réalisation des actions qu’impliquent les affaires communes. Il s’agit aussi de décisions dans le cadre politique et d’élaborations dans le cadre de la participation aux affaires communes. En effet ce sont les acteurs qui agissent, le principe de la démocratie participative et cette action est l’action publique elle-même. C’est seulement dans le cadre tutélaire que l’action publique serait du ressort d’acteurs publics non impliqués dans la vie communautaire.

Ainsi la gouvernançe participative implique les membres de la communauté dans son développement comme processus de maturation et d’autonomisation selon une logique bottom up et la gouvernance démocratique procède aux décisions, délibérations et évaluations préalables selon une logique top down. La confusion de ces deux boucles est aussi pernicieuse que leur exclusion. Communauté de développement sans le politique, politique sans développement communautaire, tels sont les enfermements dont l’époque demande de sortir peut-être comme signe de maturité à venir avec ses crises de passage habituelles.

La mise en pratique des principes

La gouvernance démocratique

Démocratie élective
L’acte symbolique premier est l’élection de la personne repère par un procédé de reconnaissance par la communauté de la position qu’elle incarne, le Sens du bien commun si possible. La position de l’élu à pu provenir d’une connaissance intime de la communauté et du discernement du Sens du bien commun qui lui est propre. Qu’elle soit intuitive ou plus explicite, l’élu aura toujours à l’approfondir et à le signifier par ses positions repérantes ou orientations politiques, orientations des politiques. Pour cela il peut s’appuyer sur une équipe dont le consensus témoigne de cette position.

Démocratie représentative
La représentation dans une communauté majeure est celle des communautés de vie (quartiers par exemple) mais aussi des communautés de projet ou d’activités qui portent les affaires communes. Cette représentation suppose une identité communautaire pour qu’il y ait des mandataires représentatifs. Le travail principal des structures de représentation est la délibération sur les projets, les règles et les cadres des affaires communes. Il y faut des structures appropriées comme « des Groupes de Gouvernance Démocratiques » regroupant les représentants des parties prenantes. Ces groupes de délibération sont orientés par la démocratie élective, aidés par des expertises qu’ils consultent sans s’y substituer. Ils sont alimentés par les « Cercles de Gouvernance Participative » s’ils existent au niveau de maturité suffisant.

Démocratie participative
La part de décision du plus grand nombre se situe dans l’action et l’activité qui constituent les affaires communes. Dans l’action publique ou d’intérêt communautaire, ce sont alors les acteurs qui agissent. S’ils peuvent être assistés par des « acteurs publics » la démocratie participative disparaît lorsque ces derniers se substituent aux acteurs de la communauté. C’est le cas aussi lorsqu’il s’agit de prise en charge des faiblesses et difficultés. Dans le cas d’une immaturité radicale de la communauté ou d’un engagement qui ne vise pas le Sens du bien commun, la démocratie participative se réduit à des délégations nécessaires et à une participation aux affaires de l’administration publique.

Une gouvernance démocratique qui ne se soutiendrait pas d’une gouvernance participative correspondrait soit à un leurre soit à un état de communauté parfaitement majeure, cas que l’on peut exclure dans un monde habitué à la vie sous tutelle.

La gouvernance participative

Comme on l’a vu, elle doit être initiée, soutenue et accompagnée par la gouvernance politique. On notera que c’est là que ce situent les besoins en compétences nouvelles et donc les reconversions professionnelles et en partie la réallocation des ressources. En effet la connaissance des phénomènes de développement communautaire et de gouvernance participative restent largement méconnus et inexpérimentés.

La gouvernance participative va demander des méthodes et des compétences, distribuées en fonction des enjeux ( les affaires communes) et des niveaux de maturation avec les processus associés.

Les enjeux

La vie commune comme par exemple celle des quartiers, celle de communautés de devenir, celles mêmes d’organisations qui sont toutes concernées par le développement communautaire. Les méthodes de développement approprié sont là nécessaires.

Il y a aussi les projets petits et grands qui sont communautaires ou d’intérêt communautaire. Les méthodes d’appropriation active sont ici pertinentes.

Les politiques publiques de tous ordres sont des enjeux de gouvernance participatives. Elles réclament très souvent un haut niveau de maturité communautaire et des méthodes d’appropriation spécifiques.

Les initiatives particulières d’intérêt communautaire elles peuvent être prises par des personnes, des acteurs, des communautés. Elles seront accompagnées en conséquence selon leur envergure.

Les niveaux de maturation

Les communautés en difficulté, ou en crise, demandent un accompagnement de type quasi socio thérapeutique. Il consiste souvent en un investissement des affects dans des activités ou des fêtes, où se reconstruit une estime commune.

Cependant c’est l’expression des potentiels communautaires (culturels) propres qui doit être favorisée dans le « faire ensemble » plutôt que l’adoption mimétique de modèles extérieurs. Cette dernière pratique, très courante, favorise les désinvestissements ultérieurs plutôt que les dynamiques d’appropriation et de développement.

Les communautés de « faire ensemble » vont accéder par les maîtrises cultivées et acquises, à une représentation collective, une identité valorisante, condition de soutien de tout investissement dans des projets de développement, les affaires communes complexes ou la participation aux délibérations démocratiques. Le stade des représentations est le stade de développement d’une intelligence communautaire faite d’évaluations, de créativité, d’organisation, de communications. C’est aussi le stade de la concertation avec des parties prenantes multiples.

Vient ensuite le temps du politique ou la participation assume l’existence de la communauté politique elle même participant à d’autres communautés politiques. L’autonomisation responsable est le stade avancé du développement communautaire.

Méthodes et techniques (issues de l’Humanisme Méthodologique)

Les cercles de gouvernance participative
Ils sont constituées au cours ou à la suite d’un processus de maturation indispensable. Par exemple, sans la restauration ou l’instauration d’une identité communautaire valorisante et bien appropriée, pas de « nous » capable de se projeter dans un développement et donc d’y participer de façon majeure. C’est la négligence de ces préalables qui condamne à l’échec tous ces comités de quartier, de développement, de concertation etc. et leur ajouter le qualificatif de citoyen n’arrange pas la situation. Les cercles de gouvernance participative doivent être précédés d’une préparation plus ou moins complexe, être le lieu des apprentissages et des maturations nécessaires, et enfin de l’appropriation de la gouvernance communautaire, gouvernance du développement ou gouvernance démocratique en final.

Les analyses de cohérences culturelles pour discerner le Sens du bien commun qui sera le vecteur des dynamiques à engager et le repère des valeurs et enjeux significatifs. Elles rejoignent celles de tout projet dès lors que la communauté de référençe ou communauté porteuse est identifiée. Ces analyses permettent de toucher les ressorts de motivation et d’estime qui vont permettre les appropriations actives.

L’écoute activante. C’est par l’écoute activante auprès de témoins significatifs que se font les sensibilisations et se repèrent les potentiels, les valeurs, les motivations et éventuellement les obstacles.

Les processus de créativité générative. Ils permettent d’engager des groupes dans un mouvement de créativité imaginative et de construction rationnelle. L’appropriation communautaire développe une compétence collective qui va favoriser et quelques fois déborder les échanges avec les parties prenantes.

Les opérations symboliquement structurantes. Elles ont pour but de dynamiser et renforcer une identification communautaire dans le Sens du bien commun par une mise en situation qui favorise une appropriation active. La communication y tiens plus du récit et de la chronique que de messages, d’injonctions ou d’images captateurs.

Les méthodes de conception et de conduite des processus, d’élaboration et de réalisations participatives de projets. Elles associent, élaborations progressives, dynamiques humaines, maturations progressives, constructions rationnelles etc.

Et aussi

Le livre de gouvernançe un support virtuel de conduite de grands projets participatifs comportant la chronique structurée du projet, l’information et la communication avec le public, le travail collaboratif des cercles de participation.
La méthode des référentiels de valeurs partagés pour renforcer la cohérence et la cohésion communautaire ( organisation, communautés d’enjeux …)
La méthode de l’identité culturelle prospective pour préparer et mobiliser une communauté de développement
Les cercles de prospective opérationnelle pour permettre des projets de mutation et d’innovation majeures.
Le marketing communautaire ou marketing des valeurs.
La communication stratégique
L’évaluation communautaire participative
Le management communautaire.

Roger Nifle 15 mai 2014
rnifle@coherences.com
06 32 31 78 63

 

Elire un président, oui mais pour quelle république ?

02 Mar

La république est-elle une entité sacrée et universelle ou bien un mode de gouvernance de la société? Est-elle un contre pouvoir ou un pouvoir dominateur ? La république est-elle synonyme de démocratie ou de régime totalitaire. Les références historiques gréco-romaines, les discours révolutionnaires et post révolutionnaires, l’expérience des «républiques populaires» et la comparaison des multiples modèles contemporains montre qu’il n’y a pas une seule définition possible. Chacun peut l’interpréter dans le Sens qui lui convient légitimant ses projets et ses désirs, ses valeurs, ses ambitions et ses croyances.

Au moment d’élire un président de la république on pourrait penser que le choix porte sur le meilleur de ceux qui incarnent les valeurs et enjeux de la république. C’est le cas en période pacifiée où le consensus national républicain permet ce type de choix. Si ce sont plusieurs conceptions de la république qui sont en jeu il y a alors un enjeu implicite de refondation, de remise en question.

Nous y sommes. Non pas que ce soit nouveau dans l’histoire de notre pays mais, hormis dans des périodes de crise, la question ne s’est pas posée explicitement, chacun cultivant implicitement sa conception derrière un conSensus supposé. Les références au Conseil National de la Résistance, plus de 65 ans après sont à prendre soit comme un repli conservatoire soit comme l’émergence d’une remise en question radicale. La mutation de civilisation, les turbulences du monde actuel qui avance de crises en crises ébranlent les croyances sur le plan symbolique et les structures sur le plan politique et économique.

L’élection du président de la république est ainsi l’élection d’un type de république que les candidats incarnent chacun. Pour préparer son choix ou en comprendre les implications, une typologie des conceptions de la république, du point de vue de la culture française serait bien utile. Cette typologie peut-être aussi utilisée pour comprendre les rapports avec le monde actuel et l’Europe en particulier.

Pour cela une analyse des Sens et cohérences de la culture française (Travaux de l’Humanisme Méthodologique – 1981) http://journal.coherences.com/article302.html permet de construire cette typologie ou du moins d’en donner quelques repères.

On donnera d’abord quatre constituant deux couples antagonistes et ensuite leurs croisements qui dessinent quatre types de républiques qui occupent l’esprit des français et sous-tendent les positions tenues.

Les repères

La république authentique : la gestion démocratique des affaires communes
à l’inverse :
La république dogmatique : modèle idéologique totalitaire de référence

La république révolutionnaire : L’opposition radicale aux pouvoirs établis
à l’inverse
La république organisatrice : L’édification d’un Etat de droit

Les conceptions explicites ou implicites des candidats.

La république dogmatique révolutionnaire : Les extrémismes manichéens et fascisant

Au nom de cette république on entend la fureur, dénonciatrice d’un système assimilé à quelque connivence avec le mal. Evidemment les tenants de cette république manichéenne se portent mutuellement une haine qui les engage à se détruire les uns les autres comme au bon temps de la guillotine pour trancher les sujets à coup de justice et de morale expéditives. Leur conception de la démocratie est plutôt celle de la rue et ses hurlements que celle de la délibération des citoyens. Est-ce que cela s’appelle populisme? Alors être président de la république n’est ce pas être le prochain décapité ? On sent d’ailleurs souvent d’étranges reculs des candidats affichés. Sont-ils à la tête de «partis de gouvernement» ?

La république organisatrice dogmatique : L’Etat jacobin et les oligarchies

La démocratie a souvent été assimilée au gouvernement de notables constituant une aristocratie hiérarchisée et auto-légitimée. L’Etat jacobin, maintenant en crise, en a poussé l’organisation à des sommets de rationalité étendant son pouvoir sur toutes les sphères de la société. Rationalité scientifique, juridique, économique, administrative, tout cela justifie une oligarchie et sa morale élitiste, c’est-à-dire qui confond élite et pouvoir, raison et pouvoir. La Raison d‘Etat y a toujours raison. Alors que vient faire un président de la république ici ? Se vouer à la défense de l’Etat dont il n’est le chef que pour cela. Le service de l’Etat est alors considéré comme étant celui de l’intérêt général et donc ne se discute pas. Au passage, république ou pas cela ne change rien sauf les sacralités idéologiques justificatrices invoquées.

La république authentique révolutionnaire : La défense du peuple contre les puissants

Le souci exclusif des plus pauvres, des plus faibles, des déshérités, des handicapés, fait de la république une «république providence». Il est d’ailleurs étrange que l’on parle d’Etat providence alors que ce sont les «partenaires sociaux» qui géraient seuls les dispositifs de «sécurité sociale». Au-delà des frontières le champ de son dévouement exclusif aux «pauvres» est assimilés à la protection et la défense des peuples contre les tyrans c’est-à-dire les pouvoirs en place. C’est ce qui fait de cette république revendicatrice une machine de guerre contre le pouvoir établi et non pas une méthode de résolution des problèmes. La république des bons sentiments sert les intérêts des bonnes consciences. La surenchère électorale, en dépit de la question du Sens du bien commun remplace la communauté nationale par la figure morale du peuple forcément opprimé. Le candidat président, comptable des affects, chercherait-il dans un bain de souffrance un brevet de sanctification?

La république authentique organisatrice : La construction d’une nation exemplaire

La communauté nationale est constituée par la participation à un projet commun qui mobilise conscience collective, intelligence collective, compétence collective. Ce projet est celui de l’élaboration et l’exercice d’une gouvernance communautaire démocratique. Il conjugue les réalités locales des français et de leurs communautés de vie et d’activités avec les réalités globales du monde actuel et celles des communautés de voisinage comme avec l’Europe. C’est comme cela que l’on peut dire que le projet national est avant tout un projet «politique» et la république son incarnation. Le président de la république, chef de l’Etat national en est comme le chef de projet. On en attend les propositions faites aux français des enjeux et de la méthode qui les mobilisera, en fonction de leurs situations dans le moment présent et pour le futur. Alors espérons les projets de gouvernance démocratique des enjeux communautaires pour une république du 21 ème siècle à l’ère de l’expression généralisée des cultures et des moyens de communication communautaires.

 

Identité nationale : la méthode

10 Jan

Pour s’interroger sur l’identité nationale française, la raison voudrait que l’on précise d’abord ce qu’est une identité nationale. On peut se demander pourquoi cette question ne semble pas posée, notamment par les intellectuels. Y aurait-il encore anguille sous roche, au coeur même des sciences humaines? Probablement.

Problématiser la question est le BA BA d’une démarche rigoureuse. De quoi s’agit-il? d’identité nationale. Il faut donc explorer cette notion, si complexe, à propos de laquelle on entend balivernes et stupidités. Ensuite l’identité nationale française comment la connaître? Enfin la situation actuelle qui sera sans doute éclairée par ce qui précède pour situer la crise d’identité et son dépassement possible.

De là sans doute des enseignements à tirer d’abord pour les français de différentes origines et de différentes situations culturelles, géographiques, religieuses. Le rétablissement d’une vision mature ne peut qu’être source de motivation et d’enthousiasme pour l’avenir. Ensuite ces enseignements seront utiles pour nos partenaires des autres nations en Europe déjà et partout ailleurs. Une réparation de certains liens historiques a plus de chance de réussir que les refoulements et diversions habituelles.

Connais- toi toi-même vaut pour les nations avec tous les bénéfices qu’on peut en attendre. Pour cela il faut cesser de détourner le sujet et même de barrer sa connaissance au non d’une idéologie pathogène.

L’Humanisme méthodologique apporte des éclairages très nouveaux à ce propos et en passant en revue les différents aspects de la problématique un lien sera fait avec des articles spécialisés eux-mêmes en lien avec des textes et des travaux disponibles.

 

Identité nationale : le concept

11 Jan

Il y a l’identité d’une communauté et la nation comme cas particulier, différente des régions ou des communautés internationales comme l’Europe. On se place à priori dans le cadre des communautés territoriales mais il y a d’autres cas tels que le territoire n’est pas le déterminant et même fait problème. Citons les Kurdes par exemple.

Les communautés humaines sont des communautés de personnes et pas des collections d’objets ou d’entités juridiques ou administratives. L’Etat n’est pas la Nation, une collection d’individus réunis par des liaisons formelles ou matérielles n’est pas une communauté humaine (La solidarité des choses n’est pas la fraternité des hommes, et qui d’autre?). Les communautés humaines posent la question du rapport entre des personnes humaines et leurs communautés. Unité de la personne et diversité de ses implications communautaires, unité de la communauté et multiplicité de ses membres. Une nouvelle théorie des communautés humaines pose qu’elles sont des phénomènes de nature humaine. Selon la conception de l’homme on conçoit la communauté et selon la conception de la communauté c’est de la vision de l’homme qu’il s’agit implicitement. C’est bien l’enjeu fondamental de la crise identitaire française et du débat sur l’identité nationale (être français).

La problématique identitaire d’une communauté, nationale par exemple, pose le problème fondamental de l’unité et de la multiplicité. On verra que son oubli transforme le débat en bavardage ou en détournement du sujet.

Passons en revue une série de problèmes à résoudre.

L’unité et la multiplicité des positions culturelles d’une même communauté. Comme les personnes, elles ont des tendances contradictoires et pourtant en quête d’une meilleure position, qu’on appellera le Sens du bien commun. A contrario on identifiera une communauté à l’une de ses positions telle qu’elle est à un moment donné ou telle qu’on veut la voir, monolithique.

La singularité et la variété des expressions. Une autre multiplicité est celle des conditions historiques ou bien circonstancielles qui se traduisent par des comportements, des discours, des choix d’identification différents. Savoir conjuguer la singularité, l’originalité avec le changement des circonstances et donc une pluralité identitaire, est un acte de maturité. Réduire l’identité à une forme figée est une aliénation. Un exemple l’universalité  figée sans l’originalité avec d’ailleurs un trafic sur les origines (table rase) et indépendante des circonstances.

La cohérence et la variété des référents identitaires. Si l’unité est renforcée par le choix d’un Sens, celui du bien commun, alors comment cela se traduit-il pour identifier la communauté ou s’y identifier? Il y a trois dimensions complémentaires et indispensables. La dimension rétrospective de partage de références du passé et leurs mises en valeurs avec une interprétation des origines. D’où venons nous? La dimension introspective avec les qualités de caractère que l’on se reconnait ou qu’on nous reconnait. Qui sommes nous? la dimension prospective avec les projections dans l’avenir et selon les différents horizons internes et externes. Qui voulons nous devenir? L’articulation des trois est indispensable. L’oubli d’une seul et c’est l’identité qui devient un problème. Racines sans avenir, utopies narcissiques sans racines, auto-centration close, absence d’humanité collective. Bien des moyens de figer ou de stériliser une communauté par une identité défaillante. A lire identité prospective

Permanence et variabilité. l’identité est un moyen d’assurer la conscience d’un soi durable ou celle des autres. La permanence  réclame des fondements atemporels une transcendance que la théorie du Sens de l’Humanisme méthodologique va éclairer. Permanence communautaire (des siècles ou des millénaires parfois), diversité des positions selon les époques mais variation des conditions et circonstances qui donnent à l’identité des visages changeants. Figer ceux-ci c’est tuer la vie ou l’humanité singulière de la communauté. Enfermer l’identité dans une définition définitive y contribue.

Rassemblement et diversité. Une communauté rassemble des personnes humaines. Ce ne sont pas des clones mais des personnes appelées à plus d’autonomie  selon leurs trajectoires propres. La communauté engagée dans le Sens du bien commun les rassemble dans un mouvement de développement, de civilisation, qui n’est autres que l’exercice et la recherche de cette autonomie, « d’empowerment ». On peut d’ailleurs faire un parallèle entre l’évolution des personnes et de la communauté et leur empowerment réciproque. A quoi sert l’éducation  nationale par exemple lorsqu’elle a une vocation éducative (et pas normative ou conformative). L’identité de la communauté renvoie à l’identité de ses membres tous caractérisés par leur originalité, leur singularité, fusse-t-elle d’origines, de cultures, de religions, de genres, de caractéristiques physiques, comportementales, mentales ou affectives. C’est d’une diversité « d’altérités » que se construit une communauté majeure, progressivement, et pas une collection de « mêmes », uniformes. La ressemblance que procure l’implication dans une même communauté de devenir n’exclue pas, bien au contraire, la singularité, unique, de chacun. Mais pour cela il faut avoir une conception de l’homme qui manque cruellement aux matérialistes et aux rationalistes.

Enfin l’identité communautaire va avec la multiplicité des communautés. L’identité de l’une suppose l’existence des autres, non pas comme des « individualités » isolées, des électrons libres mais comme des altérités communautaires, formant à leur tour d’autres communautés. Qui ne voit, à part les aveugles volontaires, qu’une communauté nationale est faite de communautés multiples. Cela ne porte pas atteinte à son unité mais la constitue. De même, cette communauté nationale ne peut pas, sauf défaillance régressive, ne pas se reconnaitre dans une ou des communautés plus larges. A quoi sert l’Europe, la communauté européenne? Seulement, une communauté nationale abrite aussi des communautés qui traversent ses frontières, identitaires mêmes. Par exemple la communauté des chercheurs se retrouve bien à sa manière en France et ailleurs aussi. Internet fait exploser ce potentiel de constitution de communautés dont certaines durables, ce qui n’empêche pas les autres communautés de perdurer. On voit bien que le réductionnisme étatique, nationaliste, sur les plans juridiques, économiques, culturels ou autres sont remis en question. De même une communauté nationale est impliquée dans de multiples communautés multi ou transnationales dont on voit la nécessité, la complexité et la richesse à l’heure de la mondialisation.

Comment la Chine et les pays émergents font-ils pour se développer aussi vite sinon en s’inscrivant dans ces communautés transnationales. Pendant ce temps d’autres construisent des murs et veulent figer dans le marbre, ou le fronton des édifices publics, l’identité de leur pays.

Mais alors cet enchevêtrement de communautés de personnes et aussi, souvent, de communautés de communautés, amène à considérer que les personnes constituent ou participent à plusieurs communautés, de façon stable ou volatile, pour une raison ou une autre, une part de vie et une autre. l’identification fixée définitivement d’une personne et d’une communauté est une conception archaïque. L’évolution des personnes et des communautés vers plus d’autonomie amène à considérer que la participation à une communauté est affaire de vocation de celle-ci et d’accomplissement des celles-là.

Avec la mutation de civilisation qui ébranle les certitudes et les fixations pathologiques, les personnes s’engagent ou se trouvent engagées dans plusieurs communautés. Elle y réalisent leur existence et leurs enjeux en rapport avec le Sens du bien commun propre à chacune.

Alors le concept d’identité nationale? La complexité, maintenant abordée pour se débarasser des simplismes et des détournements du sujet communautaire, permet de reprendre la question sous trois angles.

Les communautés humaines comme les nations sont faites d’humanité et rien d’autre et leurs enjeux identitaires sont des enjeux individuels et collectifs qui débordent la seule communauté nationale.

Les nations sont des communautés particulières où se jouent sans doute des questions de vie ou de mort et ce qui se passe entre les deux, chacune à sa manière.

L’identité nationale est une question qui renvoie le pays à sa singularité, sa vocation, ses origines, son histoire, son ambition, ses qualités et ses valeurs (communautaires), son rôle dans un monde en mutation. C’est l’occasion d’un recentrage, d’un repositionement et pourquoi pas d’un redéploiement d’une renaissance pour de nouvelles ambitions à partager.

Qu’on est loin des critiques qui ont pour effet sinon pour but d’évacuer tout cela. Mais qui ne veut pas grandir dans ce pays? Ceux qui sont trop grands déjà et qui se croient détenteurs de l’universel?

Toute cette complexité va devoir s’approfondir pour certains avec une série d’articles destinés à poser plus rigoureusement les problématiques et apporter les réponses de l’humanisme méthodologique que l’on confrontera à d’autres le cas échéant. Elle va devoir se traduire dans la singularité d’un cas, l’identité française. Pour cela un prochain article s’appuiera sur une « étude de cohérence culturelle » réalisée dès 1981 et publiée il y a peu.