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Archives de la catégorie ‘Actualité’

Autorité et démocratie à la française

18 Jan

Une analyse de cohérences culturelles comme celle de la France déploie une problématique humaine singulière en plusieurs Sens que la carte de cohérences dessine. Chaque Sens correspond à une vision du monde et un mode d’existence qui permet de lire une logique historique, un caractère, un axe de projection dans l’avenir et toutes leurs conséquences dans les affaires communautaires. C’est donc à cette carte de cohérences schématique que l’on peut avoir recours pour redécouvrir les façons de comprendre une question telle que celles-là.

Culture française

Autorité et démocratie sont dans cette culture référés à l’ordre des choses.

Le Sens de la bonne foi donne à l’autorité un Sens d’authenticité (même étymologie), de fiabilité, de repère, gage de fidélité à la vérité aussi, l’autorité fait foi, c’est sa responsabilité. A l’inverse l’autorité est plutôt un titre, un artifice, une référence de convention, une formule pour imposer un ordre de substitution, un faux semblant de vérité. Par exemple l’autorité de l’Etat qui, quelques fois, substitue à la réalité vécue une norme administrative qui ne tiens pas compte du réel des choses et des gens. C’est le cas de tous ceux qui imposent un référentiel artificiel. Ce référentiel peut être administratif ou idéologique et même scientifique ou philosophique. Il y a beaucoup de corporations ou d’instances dont l’autorité est de cette nature et dont l’ordre devrait s’imposer à tous comme « l’autorité de la France » quelques fois. A contrario, même si elle constitue un repère c’est celui de la vérité, toujours en quête. Dans les quêtes du pouvoir l’autorité impose ses vérités opportunistes. On appelle ça cynisme aussi.

La démocratie, sur cet axe horizontal à gauche (de la carte), est l’expression d’une réalité collective, la manifestation d’un ordre commun, un témoignage du réel à partager. A l’inverse la démocratie est un prétexte, une mise en scène, pour établir un référentiel d’autorité artificiel. Il ne s’agit pas d’expression collective mais d’adoption collective d’un ordre préétabli. Les normes précèdent leur adoption et semblent ensuite émaner de la démocratie. Le système français est ici bien rodé et certaines conceptions de la république y trouvent leur source, pseudo démocratique donc.

Sur l’axe vertical en haut, l’autorité est porteuse de détermination, détentrice d’une volonté bonne et déterminée. Il s’agit donc d’un volontarisme qui entraine les bonnes volontés, un leadership si on le comprend comme cela. Celui qui porte cette détermination est dirigeant par l’exercice non d’un pouvoir mais d’un charisme et d’une capacité de tracer la voie. La démocratie est évidemment là participation à l’édification des enjeux communs, concernement de la communauté par ses affaires selon l’ordre déterminé.

A l’inverse l’autorité est source de ressentiment. Elle est identifiée au fait du prince et donc toujours à combattre pour y substituer celle du même type de ceux qui l’auraient vaincue. Le pathos révolutionnaire se nourrit là. On voit bien le rôle de la démocratie qui consisterai à substituer le bon vouloir du peuple à celui du prince. Le bon vouloir qui n’est pas la bonne volonté inverse est incarné par les représentants du peuple qui par définition démontrent que leur bon vouloir doit se substituer à l’autorité présente. Le pathos révolutionnaire est en marche et sans fin puisque la nouvelle autorité doit bien vite être déboulonnée ou décapitée plus symboliquement. La généralisation du libre bon vouloir généralise l’imposture et l’usurpation d’autorité et alimente la machine mortifère.

Il est intéressant de voir quels régimes d’autorité et de démocratie cela dessine dans les diagonales.

Dans le Sens du gauchissement le révolutionnaire ne s’embarrasse pas de vérité et impose ses simulacres jusqu’à être disqualifié à son tour. Cela devient une profession un statut. L’autorité doit s’imposer et utiliser le collectif comme moyen ou comme prétexte, c’est la démocratie dictatoriale, celle que chacun voit dans l’intention de tous les autres. Imaginons un parti fondé là-dessus (ou plusieurs) et l’atomisation qui le guette en permanence. Traditionnellement c’est la position des extrémismes, droite et gauche, en opposition radicale avec l’ordre juste.

A l’inverse donc, c’est le Sens du bien commun de la culture française et sa poursuite qui défini l’orde juste, la logique des bâtisseurs. L’autorité est celle qui incarne une démocratie, participative, par la justesse de ses analyses de la réalité, de la vérité, et la détermination de sa volonté. On ne peut pas ne pas voir comment cette position a été présente dans la dernière campagne présidentielle et comment elle suscite une réaction « révolutionnaire » qui conjugue ressentiment et mauvaise foi. Le lecteur appréciera l’analyse faite à ce sujet en 2006 : L’ordre juste ou la vertu française

En haut à droite, le Sens de l’arrogance est celui de l’élitisme aristocratique à la française, bien connu par les étrangers qui nous regardent. L’autorité est formelle  le produit d’artifices de sélection « démocratiques » comme le montrent nos Grandes écoles. C’est aussi d’actualité. Détermination certes, participation démocratique oui mais selon les règles édictées au mépris de la réalité et de la vérité. Jusque dans ses fondements philosophique, la Raison d’autorité, toujours contingente, est dite critère de vérité universelle qui s’impose à tous y compris évidemment à la démocratie. Un pays administré selon des règles formelles, juridico-administratives, techno-scientifiques, idéologiques et auto justificatrices. Voilà un visage bien connu de la France, aujourd’hui ébranlé.

Reste en bas à gauche avec le Sens de la militance une France émue et émouvante, touchée par des réalités négatives, et engagée dans la défense contre les pouvoirs mauvais (par définition). C’est à se demander si c’est l’animosité envers l’autorité et la frustration d’un libre bon vouloir  servent de détecteur des réalités difficiles ou l’inverse (démocratique veut dire chacun son bon vouloir). Cette autorité se fait volontiers « humanitaire », protestataire, alternative mais peu engagée dans la bonne volonté déterminée de construction du bien commun. Cela assure son audience et son succès émotionnel mais aussi son échec opérationnel durable lorsque agir c’est défaire.

Les vertus françaises des bâtisseurs d’ordre juste reconnaissent des personnages d’autorité qui ont joué leur rôle de repères et de dirigeants et aussi le concernement actif des populations. Il est vrai aussi que toutes les falsifications et les dénigrements n’ont pas manqué, ne manquent pas pour s’en prétendre garants.

Ce qui est vrai concernant la France l’est aussi pour tout ce qui s’y réfère, les organisations ou institutions françaises notamment. Cependant et c’est là la complexité des ensembles communautaires, en France, bien d’autres cultures ont cours. Chacun est traversé par cette diversité de cultures selon les milieux fréquentés. Aussi y a-t-il d’autres conceptions et pratiques de la démocratie et de l’autorité et il faudrait beaucoup d’arrogance pour penser qu’il n’existe que l’équation française en matière de « gouvernance ».

 

Cohérence multiculturelle de la culture française

23 Fév

Cohérence multiculturelle de la culture française.

Chaque culture porte en elle-même l’unité d’une communauté singulière et la pluralité des postures qui lui sont propres. En outre la variété des groupes et des communautés qui la composent multiplie encore le champ des possibles que l’on a toujours tort de vouloir figer dans un état particulier, chacun selon son idée.

La culture française est une culture des rapports à l’ordre qui voit quelques fois la multiplicité des différences comme une atteinte à son ordre qui ne saurait être qu’universel.

L’analyse des Sens caractéristiques de la culture française nous en indique les postures et notamment dans le rapport à une situation multi-culturelle ou religieuse. Il s’agit là de cultures, de religions ou de croyances idéologiques, mais aussi de localités ou régions, de groupes sociaux différenciés.

La carte des Sens de la culture française (analyse de cohérences culturelles réalisée en 1981 http://journal.coherences.com/article302.html ) nous donnera les différentes postures que l’on reconnaitra dans la crise de Sens que nous traversons. Bonne occasion pour se remettre en question et trouver le Sens du bien commun et ses perspectives dans notre pays.

On examinera quatre postures possibles que l’on reconnaitra aisément.

A – Normalisation règlementaire.

L’invocation de la loi républicaine comme normalisatrice par l’élimination des différences au nom d’une égalité formelle. Je ne veux voir qu’une tête ou pas de tête du tout celle-ci étant réservée à la Raison d’Etat. Une certaine interprétation de la laïcité y trouve sa source.

B – Affrontement des dogmatismes intégristes.

Chaque clan ou communauté réduite à ses passions, utilise l’arme de son dogme, religieux ou pas, pour dénoncer et combattre tous les autres. La défiance et le ressentiment alimentent les positions. Celle qui s’identifie à la communauté nationale (nationalisme) a plus de chance de dominer que l’atomisation des autres.

C – Alliances victimaires

Choisissant dans la reconnaissance des autres, cultures, religions ou groupes ce qui privilégie le ressentiment, alors l’alliance des ressentiments recentre chacun sur ses postures victimaires. Le multiculturalisme défensif ou régressif se trouve privilégié provoquant l’ire des intégrismes et autres nationalistes et le réflexe normatif et légaliste uniformisateur. Nous sommes témoins de la conflictualité de ces postures comme déjà à l’automne 2013.

D – Elaboration d’un modèle de société conjuguée

Reconnaissant les différences personnelles, culturelles, religieuses, régionales, locales et sociales dans leurs richesses potentielles (et non dans leurs travers et leurs ressentiments) alors l’oeuvre commune de conjuguer, tramer et tisser une culture commune originale est possible. Bien sûr, ne s’agissant pas de la remise à plat de type table rase, c’est l’évolution et le développement de la culture française qui en est l’origine et le produit commun où chacun trouve sa contribution. Le bouquet de richesses différenciées en est une métaphore.  La culture française n’est pas là une fleur parmi d’autres mais le bouquet d’ensemble. Cette visée révèle aussi une vocation nationale inédite qui vaut dans un monde qui est partout confronté à ce type de problème. L’unité différenciée et non pas l’unité uniformisée. C’est un autre niveau de civilisation en perspective. Au travail.

 

cartefranceX

 

Crise économique, quelques questions

18 Jan

La crise qui s’est déclarée fin 2008 est une manifestation de la mutation de civilisation qui est engagée. Comme avec la tectonique des plaques, des craquements se produisent qui déstabilisent les idées reçues. Le premier réflexe c’est de tenter de « rétablir les équilibres » ou de tout refaire comme avant. D’autres ont l’intuition qu’il faut faire autrement mais pour cela il faut penser autrement. Seulement il faut à la fois comprendre quelles sont les problématiques en jeu et disposer des moyens de les résoudre autrement.

J’ai proposé des analyses visant à mettre le doigt sur l’essentiel, les forces en jeu. En particulier j’ai mis en évidence trois ruptures qui se sont produites et qui mettent en mouvement des plaques de changement. Crise financière : trois repères

La fin de l’individualisme radical et l’emergence du Sens du bien commun comme critère de valeur et d’évaluation.

La fin de l’économie systémique qui suppose que ses lois sont celles d’un système global dont nous sommes les jouets et l’avènement de l’économie communautaire,  réappropriable par les acteurs à leur échelle.

La fin du découplage de la valeur et des valeurs, mesure de  toute chose en économie, avec les valeurs, qui se réfèrent au Sens du bien commun.

Ces problématiques ne sont pas facilement identifiables compte tenu du fait qu’elles bouleversent nos réflexes de pensée et d’action. Je les aborderai ici au travers de plusieurs problèmes.

La spéculation : On sent intuitivement que la spéculation des banques n’est pas cohérente avec l’intérêt de l’économie, de notre économie. Pourquoi? Qu’est ce qui les oppose? Quelles sont les incidences d’un discernement et d’un changement d’orientation dont même au plus haut niveau on perçoit la nécessité. Justement c’est la question de l’individualisme radical qui est en question, pas celui des banquiers seulement, mais celui des syndicats aussi, des corporatismes et de partis dont l’opposition à la spéculation ne dérange pas l’individualisme foncier.

La convergence des intérêts : « Ce qui est bon pour Général Motors est bon pour l’Amérique  » site l’auteur d’un article de slate.fr qui le paraphrase avec ce titre : « Ce qui est bon pour Renault n’est pas bon pour la France« . Mais l’intérêt de qui? Dans quel espace économique est-ce négociable? L’espace national où on tente de le traiter serait valide comme critère d’intérêts et invalide comme critère industriel. Il faut rétablir l’économie dans ses espaces communautaires, seuls lieux où, en référence au Sens du bien commun, on peut discuter des intérêts communs.

Les critères de valeur(s) dans l’économie : Ce qui vaut pour une communauté est appréciable par une échelle de valeurs commune (selon le Sens du bien commun). Ce qui vaut pour l’économie, du moins est-ce la doctrine dominante, se mesure à la valeur, comptablement, selon un étalon monétaire indépendant de toutes valeurs grâce aux rationalisations qui s’y sont exercés. On peut montrer que la notion de valeur ne vaut rien sans une référence implicite à des valeurs communes et que les valeurs peuvent parfaitement constituer des échelles de valeurs recherchées dans toute mesure d’intérêts et de productions. On s’intéresse à des critères communautaires nationaux autres que le PIB. mais c’est encore le Sens du bien commun qui permet d’établir les critères propres à chaque communauté.

J’ai forgé toutes sortes de conceptions et de méthodes pour une nouvelle perspective que cherchent vainement les experts et les politiques.

Par exemple le paradigme communautaire plaçant les communautés de vie et d’engagement comme seuls espaces de régulation accessibles,  seuls espaces ou des valeurs communes peuvent permette de mesurer les besoins et les contributions sur une même échelle, seuls espaces ou le développement économique participe au développement des membres et des acteurs.

La socio performance fournit des critères d’évaluation pour toute activité pour une communauté donnée.

La notion de valeurs qu’il faut référer au Sens du bien commun pour que cela vaille quelque chose humainement parlant.

Au travers de quelques articles  j’en donnerai un aperçu, en référence à des textes plus approfondis.

 

Elire un président, oui mais pour quelle république ?

02 Mar

La république est-elle une entité sacrée et universelle ou bien un mode de gouvernance de la société? Est-elle un contre pouvoir ou un pouvoir dominateur ? La république est-elle synonyme de démocratie ou de régime totalitaire. Les références historiques gréco-romaines, les discours révolutionnaires et post révolutionnaires, l’expérience des «républiques populaires» et la comparaison des multiples modèles contemporains montre qu’il n’y a pas une seule définition possible. Chacun peut l’interpréter dans le Sens qui lui convient légitimant ses projets et ses désirs, ses valeurs, ses ambitions et ses croyances.

Au moment d’élire un président de la république on pourrait penser que le choix porte sur le meilleur de ceux qui incarnent les valeurs et enjeux de la république. C’est le cas en période pacifiée où le consensus national républicain permet ce type de choix. Si ce sont plusieurs conceptions de la république qui sont en jeu il y a alors un enjeu implicite de refondation, de remise en question.

Nous y sommes. Non pas que ce soit nouveau dans l’histoire de notre pays mais, hormis dans des périodes de crise, la question ne s’est pas posée explicitement, chacun cultivant implicitement sa conception derrière un conSensus supposé. Les références au Conseil National de la Résistance, plus de 65 ans après sont à prendre soit comme un repli conservatoire soit comme l’émergence d’une remise en question radicale. La mutation de civilisation, les turbulences du monde actuel qui avance de crises en crises ébranlent les croyances sur le plan symbolique et les structures sur le plan politique et économique.

L’élection du président de la république est ainsi l’élection d’un type de république que les candidats incarnent chacun. Pour préparer son choix ou en comprendre les implications, une typologie des conceptions de la république, du point de vue de la culture française serait bien utile. Cette typologie peut-être aussi utilisée pour comprendre les rapports avec le monde actuel et l’Europe en particulier.

Pour cela une analyse des Sens et cohérences de la culture française (Travaux de l’Humanisme Méthodologique – 1981) http://journal.coherences.com/article302.html permet de construire cette typologie ou du moins d’en donner quelques repères.

On donnera d’abord quatre constituant deux couples antagonistes et ensuite leurs croisements qui dessinent quatre types de républiques qui occupent l’esprit des français et sous-tendent les positions tenues.

Les repères

La république authentique : la gestion démocratique des affaires communes
à l’inverse :
La république dogmatique : modèle idéologique totalitaire de référence

La république révolutionnaire : L’opposition radicale aux pouvoirs établis
à l’inverse
La république organisatrice : L’édification d’un Etat de droit

Les conceptions explicites ou implicites des candidats.

La république dogmatique révolutionnaire : Les extrémismes manichéens et fascisant

Au nom de cette république on entend la fureur, dénonciatrice d’un système assimilé à quelque connivence avec le mal. Evidemment les tenants de cette république manichéenne se portent mutuellement une haine qui les engage à se détruire les uns les autres comme au bon temps de la guillotine pour trancher les sujets à coup de justice et de morale expéditives. Leur conception de la démocratie est plutôt celle de la rue et ses hurlements que celle de la délibération des citoyens. Est-ce que cela s’appelle populisme? Alors être président de la république n’est ce pas être le prochain décapité ? On sent d’ailleurs souvent d’étranges reculs des candidats affichés. Sont-ils à la tête de «partis de gouvernement» ?

La république organisatrice dogmatique : L’Etat jacobin et les oligarchies

La démocratie a souvent été assimilée au gouvernement de notables constituant une aristocratie hiérarchisée et auto-légitimée. L’Etat jacobin, maintenant en crise, en a poussé l’organisation à des sommets de rationalité étendant son pouvoir sur toutes les sphères de la société. Rationalité scientifique, juridique, économique, administrative, tout cela justifie une oligarchie et sa morale élitiste, c’est-à-dire qui confond élite et pouvoir, raison et pouvoir. La Raison d‘Etat y a toujours raison. Alors que vient faire un président de la république ici ? Se vouer à la défense de l’Etat dont il n’est le chef que pour cela. Le service de l’Etat est alors considéré comme étant celui de l’intérêt général et donc ne se discute pas. Au passage, république ou pas cela ne change rien sauf les sacralités idéologiques justificatrices invoquées.

La république authentique révolutionnaire : La défense du peuple contre les puissants

Le souci exclusif des plus pauvres, des plus faibles, des déshérités, des handicapés, fait de la république une «république providence». Il est d’ailleurs étrange que l’on parle d’Etat providence alors que ce sont les «partenaires sociaux» qui géraient seuls les dispositifs de «sécurité sociale». Au-delà des frontières le champ de son dévouement exclusif aux «pauvres» est assimilés à la protection et la défense des peuples contre les tyrans c’est-à-dire les pouvoirs en place. C’est ce qui fait de cette république revendicatrice une machine de guerre contre le pouvoir établi et non pas une méthode de résolution des problèmes. La république des bons sentiments sert les intérêts des bonnes consciences. La surenchère électorale, en dépit de la question du Sens du bien commun remplace la communauté nationale par la figure morale du peuple forcément opprimé. Le candidat président, comptable des affects, chercherait-il dans un bain de souffrance un brevet de sanctification?

La république authentique organisatrice : La construction d’une nation exemplaire

La communauté nationale est constituée par la participation à un projet commun qui mobilise conscience collective, intelligence collective, compétence collective. Ce projet est celui de l’élaboration et l’exercice d’une gouvernance communautaire démocratique. Il conjugue les réalités locales des français et de leurs communautés de vie et d’activités avec les réalités globales du monde actuel et celles des communautés de voisinage comme avec l’Europe. C’est comme cela que l’on peut dire que le projet national est avant tout un projet «politique» et la république son incarnation. Le président de la république, chef de l’Etat national en est comme le chef de projet. On en attend les propositions faites aux français des enjeux et de la méthode qui les mobilisera, en fonction de leurs situations dans le moment présent et pour le futur. Alors espérons les projets de gouvernance démocratique des enjeux communautaires pour une république du 21 ème siècle à l’ère de l’expression généralisée des cultures et des moyens de communication communautaires.

 

Identité nationale : la méthode

10 Jan

Pour s’interroger sur l’identité nationale française, la raison voudrait que l’on précise d’abord ce qu’est une identité nationale. On peut se demander pourquoi cette question ne semble pas posée, notamment par les intellectuels. Y aurait-il encore anguille sous roche, au coeur même des sciences humaines? Probablement.

Problématiser la question est le BA BA d’une démarche rigoureuse. De quoi s’agit-il? d’identité nationale. Il faut donc explorer cette notion, si complexe, à propos de laquelle on entend balivernes et stupidités. Ensuite l’identité nationale française comment la connaître? Enfin la situation actuelle qui sera sans doute éclairée par ce qui précède pour situer la crise d’identité et son dépassement possible.

De là sans doute des enseignements à tirer d’abord pour les français de différentes origines et de différentes situations culturelles, géographiques, religieuses. Le rétablissement d’une vision mature ne peut qu’être source de motivation et d’enthousiasme pour l’avenir. Ensuite ces enseignements seront utiles pour nos partenaires des autres nations en Europe déjà et partout ailleurs. Une réparation de certains liens historiques a plus de chance de réussir que les refoulements et diversions habituelles.

Connais- toi toi-même vaut pour les nations avec tous les bénéfices qu’on peut en attendre. Pour cela il faut cesser de détourner le sujet et même de barrer sa connaissance au non d’une idéologie pathogène.

L’Humanisme méthodologique apporte des éclairages très nouveaux à ce propos et en passant en revue les différents aspects de la problématique un lien sera fait avec des articles spécialisés eux-mêmes en lien avec des textes et des travaux disponibles.

 

Identité nationale : le concept

11 Jan

Il y a l’identité d’une communauté et la nation comme cas particulier, différente des régions ou des communautés internationales comme l’Europe. On se place à priori dans le cadre des communautés territoriales mais il y a d’autres cas tels que le territoire n’est pas le déterminant et même fait problème. Citons les Kurdes par exemple.

Les communautés humaines sont des communautés de personnes et pas des collections d’objets ou d’entités juridiques ou administratives. L’Etat n’est pas la Nation, une collection d’individus réunis par des liaisons formelles ou matérielles n’est pas une communauté humaine (La solidarité des choses n’est pas la fraternité des hommes, et qui d’autre?). Les communautés humaines posent la question du rapport entre des personnes humaines et leurs communautés. Unité de la personne et diversité de ses implications communautaires, unité de la communauté et multiplicité de ses membres. Une nouvelle théorie des communautés humaines pose qu’elles sont des phénomènes de nature humaine. Selon la conception de l’homme on conçoit la communauté et selon la conception de la communauté c’est de la vision de l’homme qu’il s’agit implicitement. C’est bien l’enjeu fondamental de la crise identitaire française et du débat sur l’identité nationale (être français).

La problématique identitaire d’une communauté, nationale par exemple, pose le problème fondamental de l’unité et de la multiplicité. On verra que son oubli transforme le débat en bavardage ou en détournement du sujet.

Passons en revue une série de problèmes à résoudre.

L’unité et la multiplicité des positions culturelles d’une même communauté. Comme les personnes, elles ont des tendances contradictoires et pourtant en quête d’une meilleure position, qu’on appellera le Sens du bien commun. A contrario on identifiera une communauté à l’une de ses positions telle qu’elle est à un moment donné ou telle qu’on veut la voir, monolithique.

La singularité et la variété des expressions. Une autre multiplicité est celle des conditions historiques ou bien circonstancielles qui se traduisent par des comportements, des discours, des choix d’identification différents. Savoir conjuguer la singularité, l’originalité avec le changement des circonstances et donc une pluralité identitaire, est un acte de maturité. Réduire l’identité à une forme figée est une aliénation. Un exemple l’universalité  figée sans l’originalité avec d’ailleurs un trafic sur les origines (table rase) et indépendante des circonstances.

La cohérence et la variété des référents identitaires. Si l’unité est renforcée par le choix d’un Sens, celui du bien commun, alors comment cela se traduit-il pour identifier la communauté ou s’y identifier? Il y a trois dimensions complémentaires et indispensables. La dimension rétrospective de partage de références du passé et leurs mises en valeurs avec une interprétation des origines. D’où venons nous? La dimension introspective avec les qualités de caractère que l’on se reconnait ou qu’on nous reconnait. Qui sommes nous? la dimension prospective avec les projections dans l’avenir et selon les différents horizons internes et externes. Qui voulons nous devenir? L’articulation des trois est indispensable. L’oubli d’une seul et c’est l’identité qui devient un problème. Racines sans avenir, utopies narcissiques sans racines, auto-centration close, absence d’humanité collective. Bien des moyens de figer ou de stériliser une communauté par une identité défaillante. A lire identité prospective

Permanence et variabilité. l’identité est un moyen d’assurer la conscience d’un soi durable ou celle des autres. La permanence  réclame des fondements atemporels une transcendance que la théorie du Sens de l’Humanisme méthodologique va éclairer. Permanence communautaire (des siècles ou des millénaires parfois), diversité des positions selon les époques mais variation des conditions et circonstances qui donnent à l’identité des visages changeants. Figer ceux-ci c’est tuer la vie ou l’humanité singulière de la communauté. Enfermer l’identité dans une définition définitive y contribue.

Rassemblement et diversité. Une communauté rassemble des personnes humaines. Ce ne sont pas des clones mais des personnes appelées à plus d’autonomie  selon leurs trajectoires propres. La communauté engagée dans le Sens du bien commun les rassemble dans un mouvement de développement, de civilisation, qui n’est autres que l’exercice et la recherche de cette autonomie, « d’empowerment ». On peut d’ailleurs faire un parallèle entre l’évolution des personnes et de la communauté et leur empowerment réciproque. A quoi sert l’éducation  nationale par exemple lorsqu’elle a une vocation éducative (et pas normative ou conformative). L’identité de la communauté renvoie à l’identité de ses membres tous caractérisés par leur originalité, leur singularité, fusse-t-elle d’origines, de cultures, de religions, de genres, de caractéristiques physiques, comportementales, mentales ou affectives. C’est d’une diversité « d’altérités » que se construit une communauté majeure, progressivement, et pas une collection de « mêmes », uniformes. La ressemblance que procure l’implication dans une même communauté de devenir n’exclue pas, bien au contraire, la singularité, unique, de chacun. Mais pour cela il faut avoir une conception de l’homme qui manque cruellement aux matérialistes et aux rationalistes.

Enfin l’identité communautaire va avec la multiplicité des communautés. L’identité de l’une suppose l’existence des autres, non pas comme des « individualités » isolées, des électrons libres mais comme des altérités communautaires, formant à leur tour d’autres communautés. Qui ne voit, à part les aveugles volontaires, qu’une communauté nationale est faite de communautés multiples. Cela ne porte pas atteinte à son unité mais la constitue. De même, cette communauté nationale ne peut pas, sauf défaillance régressive, ne pas se reconnaitre dans une ou des communautés plus larges. A quoi sert l’Europe, la communauté européenne? Seulement, une communauté nationale abrite aussi des communautés qui traversent ses frontières, identitaires mêmes. Par exemple la communauté des chercheurs se retrouve bien à sa manière en France et ailleurs aussi. Internet fait exploser ce potentiel de constitution de communautés dont certaines durables, ce qui n’empêche pas les autres communautés de perdurer. On voit bien que le réductionnisme étatique, nationaliste, sur les plans juridiques, économiques, culturels ou autres sont remis en question. De même une communauté nationale est impliquée dans de multiples communautés multi ou transnationales dont on voit la nécessité, la complexité et la richesse à l’heure de la mondialisation.

Comment la Chine et les pays émergents font-ils pour se développer aussi vite sinon en s’inscrivant dans ces communautés transnationales. Pendant ce temps d’autres construisent des murs et veulent figer dans le marbre, ou le fronton des édifices publics, l’identité de leur pays.

Mais alors cet enchevêtrement de communautés de personnes et aussi, souvent, de communautés de communautés, amène à considérer que les personnes constituent ou participent à plusieurs communautés, de façon stable ou volatile, pour une raison ou une autre, une part de vie et une autre. l’identification fixée définitivement d’une personne et d’une communauté est une conception archaïque. L’évolution des personnes et des communautés vers plus d’autonomie amène à considérer que la participation à une communauté est affaire de vocation de celle-ci et d’accomplissement des celles-là.

Avec la mutation de civilisation qui ébranle les certitudes et les fixations pathologiques, les personnes s’engagent ou se trouvent engagées dans plusieurs communautés. Elle y réalisent leur existence et leurs enjeux en rapport avec le Sens du bien commun propre à chacune.

Alors le concept d’identité nationale? La complexité, maintenant abordée pour se débarasser des simplismes et des détournements du sujet communautaire, permet de reprendre la question sous trois angles.

Les communautés humaines comme les nations sont faites d’humanité et rien d’autre et leurs enjeux identitaires sont des enjeux individuels et collectifs qui débordent la seule communauté nationale.

Les nations sont des communautés particulières où se jouent sans doute des questions de vie ou de mort et ce qui se passe entre les deux, chacune à sa manière.

L’identité nationale est une question qui renvoie le pays à sa singularité, sa vocation, ses origines, son histoire, son ambition, ses qualités et ses valeurs (communautaires), son rôle dans un monde en mutation. C’est l’occasion d’un recentrage, d’un repositionement et pourquoi pas d’un redéploiement d’une renaissance pour de nouvelles ambitions à partager.

Qu’on est loin des critiques qui ont pour effet sinon pour but d’évacuer tout cela. Mais qui ne veut pas grandir dans ce pays? Ceux qui sont trop grands déjà et qui se croient détenteurs de l’universel?

Toute cette complexité va devoir s’approfondir pour certains avec une série d’articles destinés à poser plus rigoureusement les problématiques et apporter les réponses de l’humanisme méthodologique que l’on confrontera à d’autres le cas échéant. Elle va devoir se traduire dans la singularité d’un cas, l’identité française. Pour cela un prochain article s’appuiera sur une « étude de cohérence culturelle » réalisée dès 1981 et publiée il y a peu.

 

L’identité française

13 Jan

Chaque communauté nationale est unique, singulière, originale. Humainement parlant elle est porteuse cependant d’une part d’humanité spécifique. Les français peuvent se retrouver dans la leur, inconsciemment le plus souvent, pour s’y identifier (j’en suis). Les autres humains aussi, même si cela ne leur est pas aussi familier. Certains viendront s’intégrer à cette familiarité parce qu’elle leur correspond, d’autres parce qu’ils s’y sont trouvés projetés. Inversement des français peuvent se retrouver dans d’autres cultures. Cela n’empêche pas que les français soient aussi selon le cas bretons, anglophones, musulmans, antillais, francs maçons, européens, fonctionnaires, jeunes et participent à de multiples autres communautés. S’identifier n’est pas se confondre.

Les deux premières difficultés sont d’une part la polysémie des racines culturelles de la nation française qui font que l’identification peut se faire en plusieurs Sens selon les moments, les groupes, les caractères et, d’autre part qu’ils se traduiront différemment selon les contextes et les conditions du passé, de l’actualité ou des mises en perspectives.

Il est donc important de repérer des grandes tendances qui traversent l’histoire et les questions d’ordre national françaises et ensuite de les décliner selon les domaines de référence que l’on veut envisager. En effet les termes dans lesquels s’exprime l’identité appartiennent au langage de chaque domaine, par exemple sportif, politique, historique, caractériel, imaginaire etc. Il y a donc des repères généraux qui s’attachent à identifier les tendances ou Sens profond de la culture française et des repères d’identité toujours circonstanciels ou contextuels. (Jamais figés). Il faudra choisir dans quels domaines on veut qualifier ce que peut être l’identité française, être français; l’universalisme est à ce titre  une clôture handicapante. En outre il n’y a pas de projet sans intention et c’est en tant que français que la question se pose du projet de qualification de l’identité nationale. Quel Sens de la culture française veut-on privilégier? Il faut le dire tout de suite toute culture a ses tares et ses vertus. Pour repérer et exercer ces dernières il faut choisir volontairement le Sens du bien commun de la culture française. C’est ce par quoi elle exerce ses vertus, cultive ses valeurs propres et progresse dans son accomplissement et son rayonnement.

Les conclusions présentées ici résultent d’une étude fondamentale, l’analyse de cohérences culturelles, une innovation conceptuelle et méthodologique de l’humanisme méthodologique que l’on pourra approfondir ici.

Ce qui est singulier dans la culture française c’est son « rapport à l’ordre« , sans doute inscrit dès les fondations et refondations de la France en tant que telle. Les rapports à cette problématique posent les différents Sens de cette culture et se traduisent en positions ou tendances qui portent le pire ou le meilleur. On commencera par considérer les deux défauts majeurs et les deux vertus inverses que révèlent l’analyse. Le schéma ci-dessous montre comment se distribuent ces tendances et ce qu’elles suggèrent comme principes culturels français.

Le Sens de la bonne foi ou de la mauvaise foi en rapport avec l’ordre des choses, la réalité, les structures, les hommes, posent une vertu et une des « tares » de la culture française.

D’un côté la considération des choses, le souci de vérité, d’authenticité, de reconnaissance de la nature des choses, s’oppose à une attitude de cynisme, de falsification, une substitution du discours, de formules, d’idéologies, d’une raison opportuniste à la réalité . Dans ce cas, la défiance systématique, l’artifice, l’abstraction du réel, le détournement du sujet prédominent. On y considère comme naïveté cette confiance dans l’ordre du réel, naturel et on en craint le risque de dévoilement. La vérité est déclarée mensonge et la perversion vertu d’habileté. Toute ressemblance…

Sur l’axe vertical figurent deux autres tendances qui structurent le champ culturel. D’un côté la « bonne volonté » qui consiste à rechercher le bien commun (de bonne ou mauvaise foi). Elle se traduit par une détermination à contribuer  au progrès des choses, à faire progresser l’ordre existant, à participer (démocratie participative?). A l’opposé le ressentiment est une attitude de critique systématique de l’ordre établi, de l’ordre des choses comme l’ordre public. il ne s’agit pas de contribuer à un nouvel ordre mais de s’opposer à tout ordre. Le côté révolutionnaire permanent s’exonérant de construire, ce qui est le fait de la vertu inverse.

Il est aisé alors de reconnaître quatre « postures » de français. Bonne volonté et mauvaise foi et c’est tout l’élitisme à la française qui y déploie ses « valeurs » et ses habiletés, l’élitisme intellectuelle aussi et ses formes de rationalisme notamment.

A l’inverse la vertu de bonne foi, associée au ressentiment et toute une militance critique qui ne cherche pas à construire se déploie. Réalisme mais pas de réelle bonne volonté.

Le pire est sans doute dans cette conjugaison des deux travers de mauvaise foi et de mauvaise volonté. Faut-il l’illustrer comme par exemple dans ces situations particulièrement ambigües de l’histoire. Elle servent à ériger en vertu ce qui en est quelque fois l’inverse. La vérité dite n’est pas la bonne et la critique sert plus à dénoncer qu’à construire. C’est une attitude très présente dans l’espace politique y compris à propos de l’identité nationale (cette analyse de cohérences culturelles date de trente ans et pas seulement de trente jours).

Le meilleur est la conjugaison des vertus de bonne foi et de bonne volonté. C’est ce qui détermine le Sens du bien commun et les valeurs propres à la culture française et aux français. Contribuer à l’éclairage de l’identité française sous son meilleur jour en rapport avec la réalité des français dans toute leur complexité est autre chose que de dénoncer le projet en déclarant que la question est réglée par des formules toutes faites. De même feindre de contribuer au projet en évitant le sujet réel (détournement, inversions de vérité, déni de réalité) ne vaut guère mieux. Le soupçon plutôt que la collaboration face à une réalité complexe n’est pas non plus recommandable. Ce sont là des traits de la culture française mais l’identité française que l’on peut désirer renouveler  pour rassembler et remobiliser le meilleur des français est plutôt dans la conjugaison des vertus françaises.

L’ordre juste, poursuivi et recherché a été il y a peu une expression dans laquelle les français peuvent se reconnaître. Des candidats à la présidence de la république s’y sont référé dans leur meilleur élan. Postures artificielles ou ressentiment récurent sont aussi un trait de la culture française mais peu constructif. L’article en lien rappelle ce qu’il en a été.

Fier et franc, en écho (les deux auraient même racine), fierté de participation à une oeuvre de valeur pour la communauté – la bonne volonté; franchise d’un rapport direct au choses au monde. à l’inverse le ressentiment baigne dans la disqualification permanente, la mauvaise foi se nourrit de leurres et de substituts artificiels, de faux semblants.

Alors où sont les valeurs républicaines liberté, égalité, fraternité? Leur universalité en fait des valeurs anthropologiques générales et non spécialement culturelles. Il est particulièrement arrogant de se les approprier pour identifier la France d’autant plus qu’elle n’en possède ni l’origine ni l’exemplarité. Mais il y a sans doute une ambition cachée derrière cette prétention (non pas de s’y référer mais de s’y identifier). C’est ce qu’il ne faudrait pas risquer de dévoiler par un débat public sur l’identité.

Reconnaitre la complexité et la difficulté de l’identification commune des français dans le mouvement du monde actuel et les échos de l’histoire est sans doute pour les français un enjeu de progrès  important. Comme pour tout enjeu de cet ordre les différents traits sont exprimés comme autant de manifestations d’identité possibles. Mais l’identité des français à privilégier est celle qui exprime le Sens du bien commun en reliant les réalités historiques, l’actualité commune et aussi une ambition, un désir, une aspiration partagée de bonne foi et de bonne volonté. C’est valable pour tous les français de toutes origines et de toutes conditions. il y en a certainement de multiples illustrations auxquelles s’identifier ensemble. Voilà l’intérêt d’une concertation publique sur la question.

A titre indicatif, tous les grandes références historiques peuvent être lues selon chacun des Sens de la culture française pour en identifier les tendances en jeu et repérer l’issue et ce que pouvait être le Sens du bien commun et ses références pour une identification renouvelée.

 

L’identité nationale : la crise

10 Jan

Le débat sur l’identité nationale est symptomatique de la problématique identitaire de la France. Les uns constatent qu’il y a un problème les autres crient au fascisme et sortent leur joker : La République et ses valeurs universelles. Au lieu de débattre du sujet lui-même il y a détournement du sujet. Le débat devient objet du débat.

Cette situation révèle une sorte de pathologie nationale dont le traumatisme originaire est ancien. Il a conduit à établir un système de défense socio-psychique fondé sur « l’évacuation du sujet » humain, personnes et communautés. A la place un individu conçu comme entité juridique en dépendance totale d’une incarnation du collectif : l’Etat qui établi le lien social, au nom d’un principe sacré, la République et ses valeurs universelles. Il y a, depuis la Révolution française une pathologie identitaire dans ce pays et la crise qui se manifeste peut être un signe de guérison si une parole se dit publiquement. La question reste encore dans le non dit. Certains voudraient bien le maintenir en cultivant un goût du secret pour des choses essentielles et de l’invective si cela venait à se savoir. Il y en a à gauche et il y en a à droite.

A titre d’exemple de l’ambiguïté entretenue, ceux qui sacralisent la République n’ont pas réputation à être très accueillants à l’Islam et ils soupçonnent en même temps les autres qui donne la parole aux musulmans comme les autres, de vouloir le stigmatiser. Autre contradiction on nous affirme que l’identité française est bien connue (circulez il n’y a rien à voir) identifiée aux valeurs universelles de la République. En réalité cette conception fantasmatique de la République, inadéquate, est incompatible avec la notion même d’identité nationale, par anti-communautarisme sans doute. Le niveau d’abréaction émotionnelle, la contradiction patente, l’incapacité à voir l’incohérence du discours, associé à la violence de l’insulte, c’est évidemment symptomatique.

La pathologie mentale n’exclue pas une résolution skyzoïde alliant un discours négateur avec une expérience de vie plus consistante. Si la voie d’une anamnèse pour discerner la diversité des logiques en jeu au moment de la « crise de liberté » historique serait salutaire, une autre voie, plus directe, apporterait une confortation identitaire nationale bien utile au moment où il faut partager l’aventure d’une mutation de civilisation avec les autres nations, d’autres cultures et d’autres identités. C’est là que l’Humanisme méthodologique apporte des réponses nouvelles susceptibles de favoriser un progrès de conscience et de pratiques.

 

Laïcité et signes religieux

16 Jan

Mon ami Jamel Gharbi, universitaire, m’a demandé d’apporter un éclairage sur ces questions de minarets, de burka, de voile, si actuelles et récurrentes, bref des manifestations publiques de signes (ou d’actes) religieux. Un pays aussi intelligent que le notre devrait manifester sa clairvoyance, fort de ses valeurs de laïcité. Ce n’est pas cela qui se manifeste le plus avec des débordements émotionnels et des déclarations définitives, menaçantes mêmes, qui tiennent lieu de réflexion. En fait il y a plusieurs Sens à la notion de laïcité qui mériteraient débat pour y voir clair dans les positions à tenir et les pro-positions à faire aux membres de la communauté nationale. Là aussi il y a un non dit qui craint d’être dévoilé, qui craint l’effort de discernement que le thème de laïcité positive a sollicité il y a peu. Une expression du promoteur de cette formule est de distinguer une laïcité qui s’oppose à toute religion et une laïcité qui accepte toutes les religions dès lors qu’elles respectent un pacte démocratique.

De fait comme tout concept il a plusieurs Sens (humains) qui varient selon les usages, les milieux, les intentions. Je souligne ici que l’Humanisme méthodologique est une anthropologie du Sens comme propre de l’homme et qu’ont été développées des méthodes d’élucidation des Sens, applicables aux concepts et leurs usages. C’est une telle analyse, réalisée il y a plus de 20 ans, que je vais utiliser ici. Un texte plus récent datant de l’affaire du voile en donne des indications plus approfondies avec l’exploration de la notion de spiritualité humaine : les Sens de la laïcité .

Comme pour l’identité nationale il y a un déni de réalité associée à une posture combative dénonciatrice. Le fait est que des gens comme Vincent Peillon sont caractéristiques du problème. Il a d’ailleurs piqué une crise (d’absentéïsme) Jeudi soir à la télévision (14 01 2010). Notons que c’est un spécialiste de la philosophie républicaine et fin connaisseur de Ferdinand Buisson qui aurait créé le substantif de laïcité. Il a d’ailleurs publié au Seuil il y a huit jours un livre intitulé « Une religion pour la République » et en 2008 « La Révolution française n’est pas terminée ».

La problématique passionnelle du 19 éme siècle et du début du 20 ème a mis le problème sous le tapis. Un de ses aspects est le projet toujours en vigueur d’éradication du christianisme et de toute religion quitte à y puiser ostensiblement ou discrètement des valeurs. Une laïcité de combat est aussi porteuse de l’ambition plus qu’ambigüe de créer une nouvelle religion rationaliste. Cela n’a jamais été un projet démocratique, ni explicite pour le grand public. C’est cela qu’il ne faudrait pas dévoiler avec le fait que l’identité nationale est radicalement incompatible et que tout signe religieux est par définition à bannir sauf ceux de la nouvelle religion. Pour ses tenants il n’y a pas de débat possible sauf à risquer le dévoilement, du fait aussi que cette conception de la république n’a rien à voir avec la démocratie.

Il faut dire cependant que sauf à être manichéen, cette critique ne sanctifie pas automatiquement ceux qui ne sont pas d’accord. Les combats de mauvaise foi n’ont pas manqué à l’époque ni aujourd’hui. Pour différentes raisons dont le mouvement du monde et l’émergence d’un nouveau discernement cette position est en crise, ce qui explique des symptômes de sociopathie ou encore l’adoption des pires positions culturelles (Cf  l’article : l’identité française).

Pour en revenir à la laïcité quatre Sens se dégagent schématiquement avec chacun un rapport aux signes religieux.

La laïcité libertaire : chacun fait ce qui lui plait sans contrainte spirituelle, tous les signes religieux sont permis. La liberté individuelle prime sur toute autre considération et notamment exclue le religieux de la vie communautaire pour préserver une neutralité du collectif afin de préserver la liberté individuelle. Les signes religieux sont disqualifiés de leur valeur symbolique, neutralisés en quelque sorte.

La laïcité sectaire : Il s’agit de l’imposition d’une norme antireligieuse, les signes religieux sont interdits. La conscience individuelle propre est disqualifiée lorsqu’elle ne se confond pas avec l’exercice d’une norme intellectuelle formelle de nature juridique, scientifique, administrative. Le rationalisme en a fourni largement les arguments.

La laïcité intégriste : Il s’agit de l’imposition d’une nouvelle religion sans Dieu. Les signes de cette religion laïque s’imposent dans un but d’emprise sur les esprits. En général des rituels et des signes religieux sont repris au nom d’un symbolisme des apparences conservant la lettre et en réïfiant l’esprit (confusion du symbolique et du magique).

La laïcité communautaire : Le Sens du bien commun est aussi le Sens de l’existence individuelle qui n’a d’autre lieu que la cité des hommes que chaque communauté de vie et d’engagement représente. Les signes y sont langage commun de co existence. Sous réserve de référence au Sens du bien commun, la libre expression individuelle s’exprime dans ce langage collectif. Ainsi les signes religieux doivent être « traduits », interprétés dans le langage communautaire, un langage des signes mais aussi des actes.

Dès lors, il est du ressort de chaque communauté (locale, institutionnelle, régionale, nationale etc.) de réguler les formes d’expressions, religieuses ou non, de ses membres. Si le Sens en est spirituel la forme en est culturelle. Peut-être conviendrait-il d’élucider le Sens spirituel des signes en débat avant de les traduire dans les formes culturelles appropriées et d’éviter de prendre la forme pour le Sens et tout Sens spirituel pour celui du bien commun.

Pour la laïcité communautaire l’espace public n’est rien d’autre que l’espace communautaire exigeant d’ailleurs d’intégrer la complexité des ensembles communautaires. L’Humanisme méthodologique propose avec le paradigme communautaire une nouvelle approche des questions de démocratie communautaire par exemple, fondée sur une théorie des communautés humaines.

De ces quatre versions de la laïcité les deux premières s’opposent comme les deux suivantes. La première et la dernière invoqueront la démocratie mais pas la même conception ni la même vision de l’homme. Les deux autres sont de logiques totalitaires. Elles n’ont pas intérêt à se dévoiler dans le contexte actuel et donc à accepter un débat public ou l’expression d’une libre conscience respectueuse des autres.

Est-ce au nom de la liberté de conscience, de l’égalité des droits, et de la fraternité nationale que Mr Peillon a agit et parlé jeudi soir?

Reste encore, pour les religions à savoir ce qu’est leur Sens du bien commun à toutes les échelles c’est-à-dire chaque communauté et distinguer ce qui est expression culturelle de ce qui veut être exprimé. La mutation du monde actuel repose d’une façon plus cruciale la question du statut des représentations. Cesser de leur donner un caractère sacré en soi autrement que par le Sens qu’elles expriment et dans la mesure où ce Sens est Sens du bien commun, d’un accomplissement communautaire des personnes humaines.

 

Le libéralisme communautaire

05 Jan

Les stades de maturité politique des communautés humaines.

L’émergence du libéralisme communautaire

Roger Nifle 5 Janvier 2016

Nous sommes dans une période de mutation, mutation de civilisation donc de niveau de maturité des sociétés humaines. Toute mutation connait une période de crises, crise de passage avec ses régressions et ses apprentissages de nouveaux mondes, de nouvelles conditions de l’existence humaine. Le passage dans lequel nous sommes engagés laisse apparaitre partout des crises dont on craint l’issue ou dont on espère de nouvelles émergences de civilisation. Des printemps s’annoncent et aussi des violences que l’on croyait derrière nous. Des conditions qui ressemblent à l’arrivée de l’imprimerie ont  déjà bouleversé les relations entre les hommes, même dans les pays les plus démunis, en moins de 20 ans. Seulement les modèles de pensée et de fonctionnement habituels semblent incapables de comprendre ce qui se passe et particulièrement dans notre pays où la Raison semblait souveraine. Alors là où nous plaçons le centre de notre identité collective et de notre devenir commun, le Politique, semble au bord de l’implosion. A ce jour la communauté nationale et ses intellectuels médiatiques et politiques semblent en passe de divorcer. Les attentes de la communauté nationale et les offres du monde politico médiatique semblent incompatibles. Mais n’est ce pas cette communauté là qui est éprouvée par cette mutation, le politique n’en étant qu’un symptôme? Telle se conçoit la communauté et son devenir, tel se conçoivent le politique et ses enjeux. Les modèles de l’un et de l’autre sont obsolètes, le nouveau n’est pas encore mûr.

C’est à ce travail de maturation que nous voulons contribuer, tant pour en comprendre les différents stades que pour en dessiner des perspectives et des projets. Avec L’Humanisme Méthodologique ont été approfondis les phénomènes humains communautaires et les stades de maturation de l’humanité. C’est le phénomène communautaire le plus commun semble-il qui est le lieu d’une mutation radicale et donc de tous les malentendus et de toutes les émergences décisives. La civilisation qui s’annonce est celle des communautés humaines, d’une humanité dont la condition est d’abord communautaire, une « hominescence » dirait Michel Serres qui correspond à un stade de  « maturescence » de l’humanité. Mais franchir un seuil de progrès ne met pas à l’abri des régressions et surtout des troubles que les crises manifestent. Comment nos sociétés et particulièrement la nôtre peuvent se saisir de cet enjeu avant tout politique ? L’Humanisme Méthodologique propose pour cela un paradigme nouveau, le paradigme communautaire qui articule à la fois la compréhension des phénomènes en jeu, la visée de toute maturation communautaire, les processus d’évolution qui permettent de telles transformations.

Ici ce sont les stades de maturité politique qui vont permettre d’éclairer les problèmes et l’orientation souhaitable. La connaissance des quatre stades de maturité politique des communautés humaines va éclairer la situation et dessiner une perspective qu’il faudra ensuite développer par ailleurs.

1 – Le communautarisme tribal

C’est le stade le plus archaïque du politique et des communautés humaines. Y règnent les sentiments et les passions, les promesses fusionnelles et les combats inexpugnables contre les autres, ceux d’autres tribus, d’autres communautés. Le politique c’est le domaine du pouvoir, pouvoir d’emprise qui sait manier séductions, promesses et menaces. Sans ennemis, difficile d’entrer en fusion et la fusion c’est le lien que le pouvoir soutien par l’entretien des passions. Les sciences politiques se sont vautrées dans ces mystères dont le spectacle médiatique réjoui l’arène. Le domaine des tribus communautaristes est vaste. Là ou les enjeux de pouvoir et de possession matérielle ou morale sont actifs, là ou des religions s’abiment dans l’intégrisme, là où les empires se bâtissent et se détruisent, là où les jeux du cirque d’antan passent pour le divertissement culturel indispensable.

Notre pays caractérisé par une culture de l’ordre où la Raison s’est voulue reine, est assailli par le ressentiment contre l’ordre établi, celui des autres, jugé injuste. On s’y abîme dans la doxa révolutionnaire, lieu de toutes les vertus qui, au lieu de construire, dénonce l’adversaire. D’un côté la plainte victimaire multiplie les communautés fortes de leurs défaites et donc de leurs tyrans et exploiteurs en tous genre sans lesquels elles n’existeraient pas semblet-il. D’un autre côté la passion paranoïaque rêve d’anéantir les pouvoirs qui lui échappent, si bien que les extrêmes se retrouvent régulièrement sur le champ de bataille où les fantassins passent d’une armée à l’autre. Toute ressemblance avec l’actualité n’est pas fortuite. Le communautarisme tribal prend donc ainsi des formes nationalistes ou anti-nationalistes, internationalistes ou anti-mondialistes. L’européisme, conception dégradée de l’Europe y ajoute sa place de punching-ball. La France a un rapport abusif avec la Révolution comme un trauma dont ne vient que pathos en attendant la résilience. Epreuve de liberté elle touche à l’humanité de l’homme   tant par sa transcendance au sein des communautés de co-existence et de co-dépendance, que de sa peur de la liberté de l’autre et donc de la sienne propre. Elle devrait aussi se souvenir de la façon dont l’idéalisation de la Raison a permis au 20 ème siècle les hécatombes les plus terribles. Elle devrait se souvenir que les héritiers de ces horreurs sont équipés intellectuellement et techniquement pour commettre le pire et il ne suffira pas de brandir des valeurs idéales pour avoir raison. L’universalisme rationaliste constitue une ligne « Maginot » imaginaire parfaitement vaine surtout quand elle veut s’imposer et prendre le pouvoir sur le monde. Conquérir le pouvoir est le degré le plus bas de la maturité politique des communautés humaines. Nous en avons eu notre saoul ces derniers temps.

2 – Le socialisme égalitaire.

C’est là le stade primaire des communautés humaines et du politique. Primaire n’est pas ici péjoratif sauf s’il y a régression ou infantilisation de la société civile comme dans un maintien sous tutelle. Le politique c’est le domaine de la gestion, de l’administration, de l’organisation collectives. Subsistance, sécurité, confort sont les préoccupations principales des collectivités et de la société. Le politique gère et administre, établissant les modalités qui sont sensées subvenir aux besoins de la collectivité et donc de ceux qui y sont inscrits. L’économie y a une grande place et évidemment le chômage est un dysfonctionnement dont il faut trouver des compensations de même que toutes les défaillances dans le fonctionnements collectif et les redistribuions. Il s’agit bien de fonctionner. Salariés comme fonctionnaires occupent le statut optimal qu’il serait bon de généraliser. Cependant il y a de nombreuses collectivités constituant autant de milieux où ces questions de subsistance, de sécurité et de confort sont aux prises avec les tendances régressives des pouvoirs d’emprises. L’idéal serait de constituer une seule collectivité mondiale qui uniformise les modes de fonctionnement. C’est l’horizon normatif des idéologues politiques mais aussi la règle pragmatique de l’administration des intérêts généraux.

En France où l’ordre est si prisé, l’organisation du fonctionnement égalitaire de la société est une habitude seulement contestée par les jeux de pouvoirs et de contre pouvoirs. Une société bien organisée pour « vivre ensemble «  tel est le régime politique souhaité dans une société immature et dépendante. La République est comprise comme cela, la gestion et l’organisation des affaires collectives. Elle se veut aussi universelle que les principes d’organisation impersonnels qui la régissent. C’est pour cela que les arrangements collectifs ont vocation à être coordonnés entre Etats, c’est-à-dire administrations, comme l’Europe en est un exemple. De ce fait on n’aime pas les communautés dotées d’une personnalité, d’une identité, d’une ambition, d’une originalité, d’une créativité, d’une dynamique différenciée, d’une culture singulière ou pire d’une spiritualité propre. Elles sont assimilées au communautarisme. A l’inverse il faut bien une doctrine pour s’y opposer et cette doctrine c’est le socialisme égalitaire c’est-à-dire indifférencié. Ici l’égalité est un terme de l’équation arithmétique nécessaire à l’équilibre des fonctionnements où les réactions sont prévisibles et le jeu social bien contrôlé sous le régime comptable qui convient. Subsistance, sécurité, confort sont à la charge des  organisations politiques et de la myriade d’associations, de services administratifs et de structures intermédiaires qui sont là pour organiser la société, son fonctionnement et ses règles d’organisation mais aussi ses règles morales, d’une morale fonctionnelle administrative. Pour cela le recours à l’Etat est indispensable, un Etat chargé du service public, de l’action publique, c’est-à-dire de cette administration socialiste égalitaire du collectif. Mais l’Etat lui-même est une organisation administrative à laquelle est voué le politique. Nous sommes là dans une démocratie administrative et comptable où l’idéal statistique et même le tirage au sort sont parmi les procédures espérées par une société irresponsable puisque impersonnelle.

3 – L’élitisme Etatiste.

Il s’agit maintenant d’un âge de maturité plus avancé, l’âge secondaire celui d’une maitrise intellectuelle des affaires humaines et du monde qui nous entoure grâce aux vertus lumineuses de la Raison. Les représentations du monde, des sociétés, de la cité et ses structures, des idéaux vecteurs de progrès s’accumulent en sciences, philosophies, Culture et même Civilisation. Il va de soi que le politique se fonde sur une rationalisation idéale de la cité. Chacun y a sa place selon le titre auquel il peut prétendre dans l’édifice social. De là une forme d’individualisme différencié selon ses mérites, ses études, ses titres, ses diplômes, sa carrière. Chacun a droit de cité dans le développement général auquel il est invité à participer selon les règles établies. L’exaltation de l’individu, de la cité, du progrès individuel et collectif prépare un élitisme où l’échelle de valeur humaniste est en fait l’échelle de maitrise intellectuelle des préoccupations selon les lois de la Raison. La Raison fait loi et le politique est évidemment corrélé à la Raison supérieure tant pour connaître, comprendre ou concevoir les perspectives et les modalités du développement ou progrès collectif.

Ce privilège de la Raison est le viatique que procurent les grandes écoles ou les aristocraties qui en jouissent directement ou indirectement. L’Etat tel que Hegel l’a bien exposé est à la fois détenteur de la Raison supérieure par les élites qui le constituent et donc de la maîtrise de son exercice dans la gestion et d’administration de la société civile. Juge et partie, justifié par son excellence rationnelle il est détenteur de l’Intérêt Général, sa définition et sa réalisation. On voit là qu’il a besoin d‘une société civile à encadrer et d’un politique qui lui octroie ses droits constitutionnellement et  légalement. C’est bien là le rôle qui est assigné au politique.  Quant aux politiques, localement, comme dans toutes les administrations coloniales ils constituent ces chefferies indigènes que l’on aime penser corrompues. Le dilemme entre la représentation locale et la représentation nationale y trouve ses racines. Bien sûr une oligarchie des « maîtres de la Raison » régit les affaires selon ses catégories, ses excellences intellectuelles et maintenant systémiques. Affaires de la société primaire, affaires de l’édifice de sélection des élites, affaires d’accumulation et transmission des savoirs, affaires d’intérêt universel, forcément, comme l’est la Raison.

La France, maîtresse de la Raison et des Lumières, c’est le tableau qui convient aux élites, et oligarchies dont le sommet a été atteint avec cette école nationale d’administration des affaires du monde, ou du moins c’est sa vocation. La démocratie représentative qui légitime cette oligarchie Etatique est l’élection des représentations intellectuelles comme supérieures, à toute réalité humaine particulière. Il n’y a que les chefferies locales qui pourraient avoir d’autres critères d’élection mais elles sont tenues en respect par les faiseurs de lois et de territoires. Nous sommes d’ailleurs les plus productifs en matière de lois et règles qui ordonnent le bon fonctionnement de la société et l’édification de la cité (menacée ont le sait par tous les avides de pouvoir qui remettent en cause l’hégémonie de l’Etat).

Le problème c’est que la mondialisation peine à croire dans l’omniscience de l’Etat français et sa légitimité universelle, malgré son adoption des thèmes planétaires du développement durable et des lois financières de l’économie systémique. Les crises rebattent les cartes et les régressions archaïques comme les solutions primaires sont à l’ordre du jour d’un Etat orgueilleux devenu bien malade.

4 – Le libéralisme communautaire

La liberté est le propre de l’homme et l’axe de son devenir. Aucune chose déterminée par les lois de la nature des choses, actions ou réactions, ou par le hasard n’est véritablement libre. La condition humaine ne se réalise pourtant que dans ce champ des dépendances, simples ou complexes. Mais c’est parce qu’il peut, non pas s’en affranchir mais en révéler la source humaine que sa liberté se découvre comme une conscience d’être co-auteur de son existence, co-réalisateur de son monde, co-constructeur de son avenir. Il y a corrélation entre l’émergence, l’éducation d’une conscience  existentielle qui aboutit à cette révélation de son être de Sens et l’exercice possible d’une liberté de Sens et ainsi de Sens partagés en conSensus, qui sont co-création et co-responsabilité des affaires communes.

A un nouveau stade de civilisation, faut-il s’attendre à des idées simplistes ou à des idées banalisées depuis des siècles ? Ce serait en revenir aux âges de maturation précédents ceux que les crises proposent à nouveau. Et pourtant ce sont les affaires des personnes humaines et des communautés humaines qui sont toujours en jeu mais ce sont les phénomènes humains eux-mêmes qui se comprennent s’engagent et se réalisent autrement.

Le libéralisme communautaire vise le développement d‘une liberté responsable liberté des personnes dans le champ des communautés de co-existence. On aurait pu l’appeler communisme libéral mais les connotations du premier terme sont trop chargées pour un usage dépassionné. Espérons que le libéralisme, si combattu politiquement dans la patrie des libertés, ne contaminera pas trop l’idée de responsabilité communautaire indissociable. Un des termes significatif qui s’est répandu est celui d’empowerment, empowerment des personnes et des communautés humaines. La traduction officielle (commission de néologie) est autonomisation. L’autonomisation est un but et une trajectoire qui n’est pas indépendance mais plutôt une maîtrise des dépendances, exercice d’une liberté responsable. La traduction par « pouvoir d’agir » préférée par certain idéologues français est évidemment régressive.

A ce stade de maturation, les affaires humaines sont engagées dans une trajectoire de plus grande autonomisation de la communauté et des personnes. Le Sens du bien commun propre à la communauté, est l’axe de son développement. C’est là l’enjeu du politique, donner l’orientation et les perspectives du développement communautaire. Dans une communauté majeure la démocratie prend sa vrai dimension celle de la participation des personnes, non seulement aux décisions mais aussi aux réalisations communautaires. Cependant un telle communauté est évidemment concernée par tous les âges de maturation humaine. Ainsi sentiments et passions ne sont plus seulement à assouvir mais à investir dans l’action et la gestion des besoins. Ceux-ci ne sont pas une fin en soi mais l’occasion d’un développement intellectuel, lui-même investi dans la vocation propre de la communauté. L’implication des personnes dans la communauté et son devenir est l’exercice même des responsabilités. La démocratie devient un engagement actif et différencié selon les personnes et leurs capacités. Cependant, il faut distinguer trois stades de la démocratie communautaire mais aussi d’implication dans le devenir commun.

Le démocratie élective qui choisi en général une personne repère chargée ensuite de dire le Sens du bien commun et de l’incarner. C’est aussi un champ de responsabilités majeures dans la communauté tenues par ceux qui en ont la possibilité.

La démocratie représentative qui est constituée de représentants chargés de décliner l’orientation de la communauté en projets, règles, institutions, stratégies. C’est un champ de participation à une intelligence collective et une compétence dans la conception de solutions et de leur mise en oeuvre.

La démocratie participative est focalisée sur des actions et des activités dont la préparation est encadrée par les représentations précédentes. Les membres d’une communauté sont ici acteurs des affaires communes et non pas seulement agents sous tutelle.

Le libéralisme communautaire vise à l’accomplissement simultané des personnes et des communautés humaines et ce au travers de l’existence commune et ses différents stades de maturité. Les enjeux sont économiques avec l’économie communautaire, éducatifs avec l’éducation communautaire, et plus généralement le développement communautaire. On concevra aisément que la liberté responsable de la communauté ne l’empêche pas d’avoir recours à des institutions comme la justice, la police ou l’administration mais ce sont là des services à la communauté et donc sous sa responsabilité et son contrôle. Le service de la communauté ne lui dicte pas sa loi, ne la met pas en dépendance, ne décrète pas son intérêt général et au contraire est évalué selon sa contribution au Sens du bien commun dont le politique est responsable. On voit là les renversements par rapport à certaines déviances nationales.

Les grands axes du libéralisme communautaire comme mutation du politique.

De quelles communautés s’agit-il ? Des communautés territoriales d’abord, comme traditionnellement le sont les communautés politiques. On y retrouve des ensembles communautaires comme les nations ou l’Europe, mais aussi des régions ou inter-régions, communes ou inter-communalités. Les ensembles communautaires ne nécessitent pas forcément une territorialisation. Contrairement aux schémas anciens, des nations majeures peuvent ne pas avoir de territoire ou du moins ne pas être définies par un territoire et des frontières. Ainsi telle ville voit les membres de sa communauté vivant partout dans le monde et cette communauté a une certaine autonomie tout en participant à d’autres communautés régionales, nationales, internationales. Le critère d’indépendance n’est plus un gage de souveraineté c’est-à-dire d’autonomie responsable. Des communes peuvent avoir un territoire sans être des communautés majeures. Dès lors elles sont parties prenantes de communautés plus larges politiquement majeures. Bien d‘autres communautés anciennes ou récentes peuvent constituer des ensembles communautaires et même devenir politiquement majeures. C’est un caractère essentiel de la mutation de civilisation en cours. En effet l’explosion des possibilités de communication et de relation fait naitre des communautés de tous ordres et transforme les communautés traditionnelles. Ainsi le paysage communautaire est en voie de transformation majeure à toutes les échelles.

Parallèlement on voit émerger la question des multi-culturalismes, des mobilités et des phénomènes d’immigration majeurs, celle de quartiers ou de territoires multiculturels et même celle de l’hétérogénéité des communautés locales, nationales ou internationales. Les mouvements culturels ou religieux complexifient le processus.  C’est là que la question des niveaux de maturité du politique est d’une importance capitale.

Pour le communautarisme tribal on devine l’explosion des conflits et des alliances combatives. Nous y sommes. Pour le socialisme égalitaire ces différences désorganisent les modes de gestion et d’administration sociaux économiques. Nous en sommes de plus en plus témoins là où il prédomine. Pour l’élitisme étatiste sa tentative d’intégrer la diversité vise à maintenir ses normes à de plus larges échelles en déniant les différences. Il semble que la tentative ne soit pas un succès comme l’Europe et la crise de l’Etat français l’annoncent. Le libéralisme communautaire propose une relecture des phénomènes communautaires mais surtout de nouvelles pratiques participatives et d‘identité prospective.

Il importe maintenant d’embrasser le champ des communautés majeures avant de considérer les méthodes de développement du libéralisme communautaire.

La considération des communautés de co-existence.

Au plus large la communauté monde n’est pas d’évidence une communauté majeure susceptible immédiatement d’une gouvernance démocratique. Pour cela il faudrait éclairer le Sens du bien commun dont le discernement n’est pas de première évidence comme le montre l’histoire. Mais peut-être faudrait-il privilégier le discernement plutôt que les déclarations formelles. Le cas de la déclaration universelle des droits de l’homme mériterait un tel approfondissement pour en venir à une déclaration des devoirs de l’homme vis-à-vis de l’humanité, de soi et des autres en personnes et en communautés. Un exercice difficile mais qui peut convoquer toutes les sources de discernement spirituel, évitant de se réfugier dans des idéaux incantatoires ou des objectifs seulement pragmatiques. Comme toute communauté, la communauté monde est une communauté de personnes et de nations toutes différentes et que les tentatives de normalisation méconnaissent.

La communauté monde est la communauté des nations ou des grandes régions mais aussi d’autres communautés monde. Chacune doit être prise en considération comme communauté libérale c’est-à-dire appelée à une autonomie responsable. Pas de souveraineté sans responsabilité communautaire. La reconnaissance réciproque des potentiels, richesses humaines, et vocations originales viendrait à identifier chacune sous son meilleur jour sans nier ses faiblesses pour autant. On en verra les méthodes. la confortation de chaque nation, pour elle-même et pour les autres est le seul chemin de paix possible. Ce serait le rôle des communautés mondes d’y travailler et l’accompagner.

Les nations sont des communauté singulières et leur identification à un territoire clos, non seulement est et sera de plus en plus démentie par les faits, déplacements et réseaux mondiaux, mais aussi par le droit toujours communautaire à toutes les échelles. De nombreux conflits sont dus à la négation, au mépris ou à la faiblesse des identités nationales mais aussi à leur réduction territoriale. Le dedans dehors territorial détruit le jeu des altérités communautaires et nationales.

Il est possible que des nations forment des ensembles communautaires multiples auxquels elles prenne part. La seule raison d’être de ces communautés de nations est soit l’entraide notamment pour la maturation des plus faibles mais aussi pour la maturation commune dont le libéralisme politique devrait être dorénavant la visée. Bien des questions sur la gouvernance démocratique et déjà participative des communautés de nations enrichirait ces dernières pour leur propre gouvernance mais aussi leur permettrait de mieux intégrer les communautés régionales dont on voit bien que la question reste insoluble partout où le libéralisme communautaire n’est pas envisagé. Pensons à l’Ecosse, la Catalogne, la Corse, ou le pays Basque, l’Italie, la Belgique pour citer les plus criants. Penser des régions comme communautés majeures autonomes et responsables de leurs engagement communautaires nationaux notamment et bien au-delà selon les cas. Le modèle normatif est à sa fin et les plus anciens obsolètes. Cependant la France connait ou veut méconnaitre deux exemples qui montrent une autre voie. La Réunion dont le rassemblement multiculturel est constitutif, Les Caraïbes où la « créolisation » qu’Edouard Glissant présentait comme pensée archipélique, archipel constitué par toutes ces communautés que l’on appelle là-bas nations. Il est vrai que les modèles que la France y impose en sont plutôt dénégateurs.

La nation française est en crise, crise d’identité surtout lorsqu’on a voulu dénier le fait communautaire et sa nécessaire identification à un « nous », à une âme à laquelle s’identifier. Il faut d’urgence remplacer la norme formelle par la reconnaissance des identités régionales sous réserve que ce soit aussi des identités prospectives tournées vers le devenir commun, identités de projet sans oublier les identités originelles mêmes symboliques et les identités qualifiantes et gratifiantes de valeurs propres (communautaires et non pas des abstractions idéalistes). Les tendances régressives avec leur cohorte de ressentiments et de passions favorisent les communautés victimaires identifiées souvent plus au pire qu’au meilleur et le nationalisme comme forteresse assiégée et vindicative. Il importera de considérer dorénavant non pas les tares identitaires françaises mais la vocation singulière qui en fait la richesse sinon les talents.

Les régions françaises sont prises dans le tourbillon de l’actualité. Comment faire signe aux communautés provinciales tout en les enfermant dans des carcans territoriaux. C’est l’oeuvre de l’élitisme étatique mais aussi des pulsions uniformisatrices sur lesquelles s’assoient beaucoup de pouvoirs au nom de leur « République » (pas celle de la communauté des français). La caricature de fiefs régionaux renvoie aux allégeances nécessaires à la souveraineté des nationaux. Or sont à l’ordre du jour la dénomination de régions, leur siège, leur président (démocratie élective ?). La reconnaissance des communautés régionales selon le libéralisme communautaire devait leur permettre d’intégrer culturellement leur héritage, de développer une gouvernance participative et aboutir à une gouvernance démocratique majeure. Elles auront alors à traiter de leurs contours, leurs départements, et leurs rapports avec d’autres communautés qu’elles rassemblent, sans perdre de vue leur participation à la communauté nationale, la communauté européenne, des communautés de voisinage et mêmes des communautés mondes.

Les régions sont habitées, formées par villes et pays. On y remplace le terme de communautés par agglomérations et à la pointe du progrès on baptise des ensembles de communes « territoires » auxquels on affecte un numéro dans le nouveau découpage du Grand Paris. c’est dire le mépris communautaire des architectes des raisons territoriales ou déraisons communautaires. Métropoles, ou communautés d’agglomérations sont des édifices administratifs justifiés par des arguments de gestion mais le plus souvent une malveillance de la Raison supérieure. Les villes sont des communautés qui ont une personnalité qui rayonne bien souvent sur le monde entier. Elles devraient être parmi les premières à adopter le libéralisme communautaire comme c’est le cas dans le monde entier. Cela n’enlève pas leur responsabilité régionale, nationale et autres comme l’Europe par exemple. Le concert des nations peut faire écho au concert des villes du monde, toutes régionalement implantées. Alors fusionner des villes ou territoires arbitrairement vise plus à les amputer de leur âme qu’à les inviter à une nouvelle maturité, une des pratiques de l’administration coloniale depuis les romains.

Dans les régions sont identifiés des pays malgré des découpages arbitraires qui réunissent des communautés de proximité formant une culture locale porteuse de valeurs et potentiels propres. Y sont rassemblées aussi des communes ou communautés de communes dont on a voulu oublier, au pays d l’humanisme, qu’il s’agissait de communautés humaines. On entend régulièrement cette antienne : il y a trop de communes en France. C’est comme dire il y a trop d’arbres dans la forêt. S’il s’agit de communautés alors le propos est stupide. S’il s’agit d’entités administratives sous la tutelle normative de l’administration d’Etat alors il est sûr que c’est un modèle d’organisation obsolète à l’heure des méthodes de gestion rationnelles et du nécessaire renforcement des tutelles au temps des velléités individualistes de décentralisation.

Il est vrai cependant que toutes les communes ou communautés de pays ne sont pas des communautés majeures appelées à une autonomie de gouvernance démocratique. Mais c’est bien là le critère. L’autonomie communautaire comme autonomie des personnes cela se construit avec les maturations progressives, avec l’aide des communautés englobantes.

On en viendra à ces communautés d’existence que sont les quartiers des villes ou ces unités de vie que sont bourgs, cités, hameaux, villages et autres rassemblements de co-existence. Partout la maturation d’une conscience communautaire est la condition d’un développement humain de leurs membres plutôt qu’un agglomérat de logements où les personnalités et les cultures ne comptent pas. Nous sommes, avec les quartiers notamment, au noeud des symptômes et contradictions radicales de notre pays qui a su transformer des milieux de vie en lieux de relégation et ce grâce aux principes et aux méthodes persévérantes des administrateurs de la cité et leur pouvoir d’Etat qui leur donne toujours raison. Nous sommes devant la démonstration de l’incurie de la Raison rationalisante et arraisonnante, même supérieure, lorsqu’elle ignore le Sens des communautés humaines et leur vocation d’autonomisation.

Il reste maintenant à évoquer des éléments de méthodes qu’il faudra approfondir et s’approprier, avec la même exigence qu’un changement de paradigme réclame comme mutation des esprits et de pratiques.

Eléments de méthode du libéralisme communautaire

La première chose à faire est de considérer, prendre en considération, chaque communauté où on veut agir. Considérer c’est écouter et entendre leur singularité que des témoins peuvent transmettre. Pour l’entendre à un niveau d’entendement suffisant c’est le Sens du bien commun qui leur est propre qu’il s‘agit de discerner. On sait déjà que la Raison y est impuissante et il faut avoir recours au processus d’intelligence symbolique avec, par exemple, les pratiques d’analyse des cohérences culturelles. Reconnaitre comme cela toutes ces communautés dont il a été question et aussi les ensembles communautaires, change déjà le paysage de l’humanité et du politique. Le repérage de ce « meilleur » de chaque communauté en éclaire les valeurs propres, les talents, les usages, la culture mais aussi les failles et les tares. L’analyse de cohérences culturelles de la communauté nationale française a montré l’importance du rapport à l’ordre, son édification et son souci d’authenticité que le ressentiment et l’abstraction idéologique ne cessent de combattre. La construction d‘un ordre juste, dénué de ressentiment et d’idéalités opportunistes en serait la meilleure voie de développement, reconnue par d’autres pays dans de multiples domaines au lieu des héritages délétères si souvent entretenus.

L’identité communautaire, identification de ceux qui y participent, personnes et communautés et identification par ceux qui la considèrent, forme le coeur de la reconnaissance, au travers des signes, usages et sensibilités qui en constituent la culture. Si chaque communauté participante a aussi son identité et ses signes d’identification, elle partage les modes d’exister communs dans l’espace commun. Ainsi telle personne selon les milieux qu’elle fréquente peut avoir des identités variées mais dans tout espace commun elle partage les usages, représentations et sensibilités. Nous sommes là au coeur d’un problématique que la raison universelle ou la différentiation radicale échouent à traiter. Ainsi, si une communauté de français cultive des héritages qui leur sont propres dans leur champ de coexistence ceux qui veulent y habiter sont conviés à partager le mode de vie et de coexistence de la communauté française. On voit bien que cela vaut pour des communautés régionales, ou d’origine étrangère ou même de croyances et d’affinités multiples. Ainsi les modes d’existence d’une communauté nationale sont ils communs sans pour cela uniformiser les modes d’existence propre à d’autres communautés dans leur champ propre de coexistence, mais qui participent aux règles de la communauté nationale dans son champ propre. On imagine bien un groupe culturel invité à se présenter dans ses modes habituels alors que ses membres partagent par ailleurs le mode de vie commun à la nation (mais c’est aussi valable à tous les niveaux communautaires). Ainsi en France on vit selon les modes de vie français déjà très variés et évolutifs mais entre soi de telle ou telle communauté on peut en exprimer les modes d’exister spécifiques sans déranger le monde commun. C’est une expérience très courante mais tellement difficile à penser pour les rationalistes et les porteurs de ressentiments systémiques.

L’identité communautaire qui doit être à la fois rétrospective, introspective et prospective, est la

considération d’une singularité avec son Sens du bien commun qui est en même temps le ciment et le moteur du développement communautaire. Cette considération identitaire contribue à mobiliser et motiver les membres de la communauté et donc la source des dynamiques communautaires dont celles de maturation et d’autonomisation. C’est donc le levier de tout projet « politique » et de transformation. Considérons que tout travail communautaire ou d’ensemble communautaire puisse être précédé par cette reconnaissance et on peut comprendre alors comment les situations les plus inextricables peuvent être résolues. Chaque progrès encourage les investissements et la spirale de développement peut donner des résultats surprenants même en rapidité. On sait avec Gustave Le Bon que la manipulation des affects peut avoir des effets dévastateurs et rapide. La reconnaissance des modes d’exister communautaire dont les affects ne sont pas exclus, mais pas les mêmes, peut aussi déboucher sur des changements rapides. il y a là un effet de pertinence de l’action communautaire.

Il y faut aussi des vecteurs, médiateurs de Sens dont l’effet de redondance permettra l’engagement d’une dynamique auto-portée. N’oublions pas les sollicitions parasites habituelles mais elles sont aussi susceptible de se trouver engagées dans le meilleur Sens. Ainsi de nos élites pourraient dépasser la simple raison formelle pour la mettre intelligemment au service du Sens du bien commun. Il faut qu’elles se’y reconnaissent dans l’identité communautaire. Ainsi de nos compatissants bénévoles par exemple pourraient mettre leur « bonne volonté » ou « volonté bonne » au service du Sens du bien commun dans les situations réelles. Leurs exigences ne tiennent en rien aux slogans républicains ou du marketing caritatif, ou aux des plaintes victimaires.

Les vecteurs de mobilisation et d’engagement sont des « opérateurs symboliquement structurants ». C’est par la pertinence du Sens qu’ils véhiculent, la redondance qui leur donne leur intensité qu’ils sont agissants, à condition d’utiliser des modalités et des représentations culturellement significatives. Les moyens de communication du type story-telling mais aussi toutes les évocations qui rappellent le Sens du bien commun peuvent être sollicitées dans des stratégies de mobilisation cohérentes et pertinentes. Les techniques de créativité de l’intelligence symbolique sont utiles pour ne pas tomber dans la reproduction de stéréotypes, par définition erronés pour de tels changements.

Vient ensuite la concrétisation des implications du libéralisme communautaire. Elles sont souvent déjà en émergence dans des innovations majeures qui bouleversent les conceptions classiques. L‘économie en est un terrain privilégié, l’éducation aussi. De nouvelles questions communautaires implicites ou explicites sont posées.

L’économie communautaire (à toutes les échelles) dispose d’une échelle de valeurs indicatrices du Sens du bien commun qui lui est propre et par suite d’une possibilité d’évaluer et mesurer en commun la valeur de toutes choses. En particulier elle peut se doter d’une monnaie propre qui a cette fonction de mesure dans les échanges de « biens » et « services », les rémunérations, et les régulations des revenus et toutes les capitalisations ou investissements.  L’économie retrouve son sens communautaire. Bien sûr une communauté n’est pas un monde  clos et s’inscrit dans d’autre communautés avec d’autres économies et elle-même constituée de communautés avec leur économie propre comme des organisations, entreprises ou associations. Il y a des expériences dites d’économie collaborative qui trouveront à la fois leurs régulations locales et leurs régulations plus élargies simultanément. Les « blockchains » permettront d‘édifier techniquement des systèmes communautaires d’échanges fiables. Ils font partie de toutes ces innovations qui vont bouleverser le monde socio-économique non pas dans la pente de la puissance capitaliste mondialisée mais celle du libéralisme communautaire et ce à toutes les échelles. Il est vrai que l’élitisme étatique est désarçonné par ces perspectives et est tenté tant par le verrouillage de ses systèmes que par l’emprise sur ceux qui semblent dominer le monde et notamment sur le plan financier.

On retrouvera cette crispation en ce qui concerne l’éducation où le libéralisme communautaire est vu comme ultra-libéralisme au service du (grand) capital et déstructurant les « humanités » qui ont construit la machine sélective des élites. Sont aussi combattus le pragmatisme utilitaire du socialisme égalitaire  et bien sur très bientôt les initiatives des puissances économiques dominantes. L’éducation communautaire trace la trajectoire du grandir humain d’étapes en étapes mais aussi tout au long de la vie. Si l’éducation populaire s’était pensée communautaire elle ne serait pas en train de vouloir renaitre pour un peuple qui n’est plus seulement primaire mais une société en voie d’empowerment, émergeant au libéralisme communautaire.

Ainsi c’est sur cette trajectoire que le développement des personnes, des organisations ou associations et celui des communautés se déploie d’âges en âges. A l’âge du libéralisme communautaire qui émerge, le discernement du Sens du bien commun propre à chacune, leur permet de déployer une intelligence collective qui n’est pas un exercice élitaire de la Raison sans pour autant en négliger l’usage. C’est plus une activité de l’esprit (Sens et consensus) que l’on peut traiter de créative en même temps qu’inspirée. Elle fait appel à des lumières autres que celles de la seule raison et qu’on a pu appeler « génie propre » au temps où l’interdit rationaliste sur les communautés n’était pas aussi dominant. il est d’ailleurs notable que cette intelligence collective, communautaire donc, est constitutive d’une culture propre qui ne prétend à aucune universalité formelle tout en témoignant de l’universalité de la part d’humanité qui la constitue. L’intelligence collective est associée à une compétence collective qui fait que le développement communautaire est un agir qui mobilise aussi cette même culture y compris dans ses modèles, ses règles et ses modalités d’administration et de structuration de ses affaires. Nous sommes tellement habitués ici à l’universalité formelle qu’il est difficile de comprendre l’universalité symbolique de toute singularité communautaire et donc la singularité de toutes les solutions et pratiques de chaque communauté et ensemble communautaire.

En particulier le libéralisme communautaire réclame un mode de gouvernance participative qui fait que, aux différents âges de maturation, chacun contribue à l’existence et au développement commun selon une hiérarchie et une organisation culturellement pertinente.

Enfin vient la question de la gouvernance démocratique celle du politique dont les prémisses ont été présentée plus haut. Il n’y pas de gouvernance démocratique, c’est-à-dire de démocratie communautaire sans que cette « autonomie » de maturité soit suffisante. Ainsi l’infantilisme participatif est une régression par rapport à un élitisme étatique et peut être aussi être tenté par une régression plus grande ou le pouvoir (d’agir ou de manifester) est à reprendre, animé par quelque ressentiment. La maturité démocratique qui émerge avec le libéralisme communautaire n’exclue pour autant aucune communauté de son champ. Seulement il y a des communautés politiquement majeures et d‘autres qui le deviendront. Entre temps ces dernières sont intégrées dans des ensembles communautaires majeurs.

Ainsi si des nations sont majeures leurs régions le sont, ou non, leurs villes, pays, communes et quartiers aussi. Inversement on peut trouver des ensembles communautaire qui ne sont pas encore majeurs politiquement mais dont des communautés membres qui en portent le projet le sont. Ainsi le niveau de maturité politique n’est pas corrélé à la taille ni souvent à l’ancienneté des communautés surtout lorsqu’elles sont en crise et qu’elles préfèrent les régressions au dépassement. C’est le cas de la France, pays avancé qui n’est pas sur de le rester mais dont des régions ou autres communautés à toutes les échelles peuvent franchir un nouveau stade de démocratie avec le libéralisme communautaire.

Et maintenant que peut-on faire?

Se focalisant sur les communautés de co-existence c’est à dire la société civile de chacune il reste à ce que le « nous «  se construisent. On commencera selon le cas par les réparations et confortation d’identité puis par l’engagement d’une gouvernance participative et enfin, le moment venu, par une gouvernante démocratique. L’inverse est une illusion comme on le voit avec des « démocraties participatives » sans assise communautaire. Mais pensant ce temps là, il y a le régime des partis entièrement voué à la conquête du pouvoir et le communautarisme tribal que constituent ces partis avec leur « peuple » et leurs bateleurs qui organisent le spectacle. Bien sur on n’oubliera pas qu’il faut organiser la gestion du pays et son économie pour égaliser les modes de vie et obtenir un mode de fonctionnement dont le « vivre ensemble » est un enjeu primaire. On s’étonne que le socialisme égalitaire y prolifère. Ensuite, l’élitisme étatique en crise détiens encore la Raison des choses complexes aux mains des technocrates oligarques qui verrouillent le pays et ne cessent d‘aménager et défendre leur emprise, ce qui les ramène à des régimes ou il ne manque plus que le tyran pour imposer leur loi. Les Bonaparte sont toujours espérés. Enfin le réveil d’une société civile sous tutelle depuis des siècles, grâce aux ouvertures au monde et aux autres que favorisent les nouvelles relations et communications, laisse entrevoir un nouvel horizon.

Le libéralisme communautaire, sans rapport avec l’individualisme, ni le socialisme, ni l’étatisme, ouvre la voie et les horizons de l’empowerment communautaire à toutes les échelles. C’est évidemment là que les chantiers de la démocratie donc du libéralisme communautaire sont à entreprendre. Quartiers, villes et villages, pays et communautés territoriales, régions, nation, Europe sont nos chantiers de proximité. ils sont aussi impliqués dans ce qui se passe dans le monde où le libéralisme communautaire a des réponse à offrir. Elles commencent par la considération due aux autres, qui constituent des communautés de personnes et des ensembles communautaires où nous co-existons pour grandir ensemble. Tel est l’enjeu de la mutation de civilisation déjà engagée.

Alors dans cette carte des paradigmes ce n’est pas le Sens d’un super Etat français avec ses hauts fonctionnaire mondialisés qu’il faut rechercher. Ce chapitre est en train de se clore dans une amertume que bien des intellectuels expriment. Ce n’est pas non plus celui de la constitution de super puissances avec de super pouvoirs auxquels des précédents veulent se réfugier trouvant devant eux bien pire encore.

Il serait tentant de se vouer alors aux macro-systèmes planétaires dont nous deviendrions les agents neuro-biologiques, libres de les subir pour en profiter. A la mode, tellement y croient, déçus par les deux autres.

C’est à l’inverse le libéralisme communautaire qui est la voie de l’empowement et de l’accomplissement humain avec le paradigme communautaire et sa compréhension du monde et des communautés comme phénomène humain, son éthique du « commun bien » que la république porte pour chaque communauté avec l’universalité humaine des valeurs singulières et la singularité culturelle de leurs expressions et enfin ses pratiques qui sont toutes, comme le suggérait Hannah Arendt, action humaine donc communautaire.