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Le libéralisme communautaire

05 Jan

Les stades de maturité politique des communautés humaines.

L’émergence du libéralisme communautaire

Roger Nifle 5 Janvier 2016

Nous sommes dans une période de mutation, mutation de civilisation donc de niveau de maturité des sociétés humaines. Toute mutation connait une période de crises, crise de passage avec ses régressions et ses apprentissages de nouveaux mondes, de nouvelles conditions de l’existence humaine. Le passage dans lequel nous sommes engagés laisse apparaitre partout des crises dont on craint l’issue ou dont on espère de nouvelles émergences de civilisation. Des printemps s’annoncent et aussi des violences que l’on croyait derrière nous. Des conditions qui ressemblent à l’arrivée de l’imprimerie ont  déjà bouleversé les relations entre les hommes, même dans les pays les plus démunis, en moins de 20 ans. Seulement les modèles de pensée et de fonctionnement habituels semblent incapables de comprendre ce qui se passe et particulièrement dans notre pays où la Raison semblait souveraine. Alors là où nous plaçons le centre de notre identité collective et de notre devenir commun, le Politique, semble au bord de l’implosion. A ce jour la communauté nationale et ses intellectuels médiatiques et politiques semblent en passe de divorcer. Les attentes de la communauté nationale et les offres du monde politico médiatique semblent incompatibles. Mais n’est ce pas cette communauté là qui est éprouvée par cette mutation, le politique n’en étant qu’un symptôme? Telle se conçoit la communauté et son devenir, tel se conçoivent le politique et ses enjeux. Les modèles de l’un et de l’autre sont obsolètes, le nouveau n’est pas encore mûr.

C’est à ce travail de maturation que nous voulons contribuer, tant pour en comprendre les différents stades que pour en dessiner des perspectives et des projets. Avec L’Humanisme Méthodologique ont été approfondis les phénomènes humains communautaires et les stades de maturation de l’humanité. C’est le phénomène communautaire le plus commun semble-il qui est le lieu d’une mutation radicale et donc de tous les malentendus et de toutes les émergences décisives. La civilisation qui s’annonce est celle des communautés humaines, d’une humanité dont la condition est d’abord communautaire, une « hominescence » dirait Michel Serres qui correspond à un stade de  « maturescence » de l’humanité. Mais franchir un seuil de progrès ne met pas à l’abri des régressions et surtout des troubles que les crises manifestent. Comment nos sociétés et particulièrement la nôtre peuvent se saisir de cet enjeu avant tout politique ? L’Humanisme Méthodologique propose pour cela un paradigme nouveau, le paradigme communautaire qui articule à la fois la compréhension des phénomènes en jeu, la visée de toute maturation communautaire, les processus d’évolution qui permettent de telles transformations.

Ici ce sont les stades de maturité politique qui vont permettre d’éclairer les problèmes et l’orientation souhaitable. La connaissance des quatre stades de maturité politique des communautés humaines va éclairer la situation et dessiner une perspective qu’il faudra ensuite développer par ailleurs.

1 – Le communautarisme tribal

C’est le stade le plus archaïque du politique et des communautés humaines. Y règnent les sentiments et les passions, les promesses fusionnelles et les combats inexpugnables contre les autres, ceux d’autres tribus, d’autres communautés. Le politique c’est le domaine du pouvoir, pouvoir d’emprise qui sait manier séductions, promesses et menaces. Sans ennemis, difficile d’entrer en fusion et la fusion c’est le lien que le pouvoir soutien par l’entretien des passions. Les sciences politiques se sont vautrées dans ces mystères dont le spectacle médiatique réjoui l’arène. Le domaine des tribus communautaristes est vaste. Là ou les enjeux de pouvoir et de possession matérielle ou morale sont actifs, là ou des religions s’abiment dans l’intégrisme, là où les empires se bâtissent et se détruisent, là où les jeux du cirque d’antan passent pour le divertissement culturel indispensable.

Notre pays caractérisé par une culture de l’ordre où la Raison s’est voulue reine, est assailli par le ressentiment contre l’ordre établi, celui des autres, jugé injuste. On s’y abîme dans la doxa révolutionnaire, lieu de toutes les vertus qui, au lieu de construire, dénonce l’adversaire. D’un côté la plainte victimaire multiplie les communautés fortes de leurs défaites et donc de leurs tyrans et exploiteurs en tous genre sans lesquels elles n’existeraient pas semblet-il. D’un autre côté la passion paranoïaque rêve d’anéantir les pouvoirs qui lui échappent, si bien que les extrêmes se retrouvent régulièrement sur le champ de bataille où les fantassins passent d’une armée à l’autre. Toute ressemblance avec l’actualité n’est pas fortuite. Le communautarisme tribal prend donc ainsi des formes nationalistes ou anti-nationalistes, internationalistes ou anti-mondialistes. L’européisme, conception dégradée de l’Europe y ajoute sa place de punching-ball. La France a un rapport abusif avec la Révolution comme un trauma dont ne vient que pathos en attendant la résilience. Epreuve de liberté elle touche à l’humanité de l’homme   tant par sa transcendance au sein des communautés de co-existence et de co-dépendance, que de sa peur de la liberté de l’autre et donc de la sienne propre. Elle devrait aussi se souvenir de la façon dont l’idéalisation de la Raison a permis au 20 ème siècle les hécatombes les plus terribles. Elle devrait se souvenir que les héritiers de ces horreurs sont équipés intellectuellement et techniquement pour commettre le pire et il ne suffira pas de brandir des valeurs idéales pour avoir raison. L’universalisme rationaliste constitue une ligne « Maginot » imaginaire parfaitement vaine surtout quand elle veut s’imposer et prendre le pouvoir sur le monde. Conquérir le pouvoir est le degré le plus bas de la maturité politique des communautés humaines. Nous en avons eu notre saoul ces derniers temps.

2 – Le socialisme égalitaire.

C’est là le stade primaire des communautés humaines et du politique. Primaire n’est pas ici péjoratif sauf s’il y a régression ou infantilisation de la société civile comme dans un maintien sous tutelle. Le politique c’est le domaine de la gestion, de l’administration, de l’organisation collectives. Subsistance, sécurité, confort sont les préoccupations principales des collectivités et de la société. Le politique gère et administre, établissant les modalités qui sont sensées subvenir aux besoins de la collectivité et donc de ceux qui y sont inscrits. L’économie y a une grande place et évidemment le chômage est un dysfonctionnement dont il faut trouver des compensations de même que toutes les défaillances dans le fonctionnements collectif et les redistribuions. Il s’agit bien de fonctionner. Salariés comme fonctionnaires occupent le statut optimal qu’il serait bon de généraliser. Cependant il y a de nombreuses collectivités constituant autant de milieux où ces questions de subsistance, de sécurité et de confort sont aux prises avec les tendances régressives des pouvoirs d’emprises. L’idéal serait de constituer une seule collectivité mondiale qui uniformise les modes de fonctionnement. C’est l’horizon normatif des idéologues politiques mais aussi la règle pragmatique de l’administration des intérêts généraux.

En France où l’ordre est si prisé, l’organisation du fonctionnement égalitaire de la société est une habitude seulement contestée par les jeux de pouvoirs et de contre pouvoirs. Une société bien organisée pour « vivre ensemble «  tel est le régime politique souhaité dans une société immature et dépendante. La République est comprise comme cela, la gestion et l’organisation des affaires collectives. Elle se veut aussi universelle que les principes d’organisation impersonnels qui la régissent. C’est pour cela que les arrangements collectifs ont vocation à être coordonnés entre Etats, c’est-à-dire administrations, comme l’Europe en est un exemple. De ce fait on n’aime pas les communautés dotées d’une personnalité, d’une identité, d’une ambition, d’une originalité, d’une créativité, d’une dynamique différenciée, d’une culture singulière ou pire d’une spiritualité propre. Elles sont assimilées au communautarisme. A l’inverse il faut bien une doctrine pour s’y opposer et cette doctrine c’est le socialisme égalitaire c’est-à-dire indifférencié. Ici l’égalité est un terme de l’équation arithmétique nécessaire à l’équilibre des fonctionnements où les réactions sont prévisibles et le jeu social bien contrôlé sous le régime comptable qui convient. Subsistance, sécurité, confort sont à la charge des  organisations politiques et de la myriade d’associations, de services administratifs et de structures intermédiaires qui sont là pour organiser la société, son fonctionnement et ses règles d’organisation mais aussi ses règles morales, d’une morale fonctionnelle administrative. Pour cela le recours à l’Etat est indispensable, un Etat chargé du service public, de l’action publique, c’est-à-dire de cette administration socialiste égalitaire du collectif. Mais l’Etat lui-même est une organisation administrative à laquelle est voué le politique. Nous sommes là dans une démocratie administrative et comptable où l’idéal statistique et même le tirage au sort sont parmi les procédures espérées par une société irresponsable puisque impersonnelle.

3 – L’élitisme Etatiste.

Il s’agit maintenant d’un âge de maturité plus avancé, l’âge secondaire celui d’une maitrise intellectuelle des affaires humaines et du monde qui nous entoure grâce aux vertus lumineuses de la Raison. Les représentations du monde, des sociétés, de la cité et ses structures, des idéaux vecteurs de progrès s’accumulent en sciences, philosophies, Culture et même Civilisation. Il va de soi que le politique se fonde sur une rationalisation idéale de la cité. Chacun y a sa place selon le titre auquel il peut prétendre dans l’édifice social. De là une forme d’individualisme différencié selon ses mérites, ses études, ses titres, ses diplômes, sa carrière. Chacun a droit de cité dans le développement général auquel il est invité à participer selon les règles établies. L’exaltation de l’individu, de la cité, du progrès individuel et collectif prépare un élitisme où l’échelle de valeur humaniste est en fait l’échelle de maitrise intellectuelle des préoccupations selon les lois de la Raison. La Raison fait loi et le politique est évidemment corrélé à la Raison supérieure tant pour connaître, comprendre ou concevoir les perspectives et les modalités du développement ou progrès collectif.

Ce privilège de la Raison est le viatique que procurent les grandes écoles ou les aristocraties qui en jouissent directement ou indirectement. L’Etat tel que Hegel l’a bien exposé est à la fois détenteur de la Raison supérieure par les élites qui le constituent et donc de la maîtrise de son exercice dans la gestion et d’administration de la société civile. Juge et partie, justifié par son excellence rationnelle il est détenteur de l’Intérêt Général, sa définition et sa réalisation. On voit là qu’il a besoin d‘une société civile à encadrer et d’un politique qui lui octroie ses droits constitutionnellement et  légalement. C’est bien là le rôle qui est assigné au politique.  Quant aux politiques, localement, comme dans toutes les administrations coloniales ils constituent ces chefferies indigènes que l’on aime penser corrompues. Le dilemme entre la représentation locale et la représentation nationale y trouve ses racines. Bien sûr une oligarchie des « maîtres de la Raison » régit les affaires selon ses catégories, ses excellences intellectuelles et maintenant systémiques. Affaires de la société primaire, affaires de l’édifice de sélection des élites, affaires d’accumulation et transmission des savoirs, affaires d’intérêt universel, forcément, comme l’est la Raison.

La France, maîtresse de la Raison et des Lumières, c’est le tableau qui convient aux élites, et oligarchies dont le sommet a été atteint avec cette école nationale d’administration des affaires du monde, ou du moins c’est sa vocation. La démocratie représentative qui légitime cette oligarchie Etatique est l’élection des représentations intellectuelles comme supérieures, à toute réalité humaine particulière. Il n’y a que les chefferies locales qui pourraient avoir d’autres critères d’élection mais elles sont tenues en respect par les faiseurs de lois et de territoires. Nous sommes d’ailleurs les plus productifs en matière de lois et règles qui ordonnent le bon fonctionnement de la société et l’édification de la cité (menacée ont le sait par tous les avides de pouvoir qui remettent en cause l’hégémonie de l’Etat).

Le problème c’est que la mondialisation peine à croire dans l’omniscience de l’Etat français et sa légitimité universelle, malgré son adoption des thèmes planétaires du développement durable et des lois financières de l’économie systémique. Les crises rebattent les cartes et les régressions archaïques comme les solutions primaires sont à l’ordre du jour d’un Etat orgueilleux devenu bien malade.

4 – Le libéralisme communautaire

La liberté est le propre de l’homme et l’axe de son devenir. Aucune chose déterminée par les lois de la nature des choses, actions ou réactions, ou par le hasard n’est véritablement libre. La condition humaine ne se réalise pourtant que dans ce champ des dépendances, simples ou complexes. Mais c’est parce qu’il peut, non pas s’en affranchir mais en révéler la source humaine que sa liberté se découvre comme une conscience d’être co-auteur de son existence, co-réalisateur de son monde, co-constructeur de son avenir. Il y a corrélation entre l’émergence, l’éducation d’une conscience  existentielle qui aboutit à cette révélation de son être de Sens et l’exercice possible d’une liberté de Sens et ainsi de Sens partagés en conSensus, qui sont co-création et co-responsabilité des affaires communes.

A un nouveau stade de civilisation, faut-il s’attendre à des idées simplistes ou à des idées banalisées depuis des siècles ? Ce serait en revenir aux âges de maturation précédents ceux que les crises proposent à nouveau. Et pourtant ce sont les affaires des personnes humaines et des communautés humaines qui sont toujours en jeu mais ce sont les phénomènes humains eux-mêmes qui se comprennent s’engagent et se réalisent autrement.

Le libéralisme communautaire vise le développement d‘une liberté responsable liberté des personnes dans le champ des communautés de co-existence. On aurait pu l’appeler communisme libéral mais les connotations du premier terme sont trop chargées pour un usage dépassionné. Espérons que le libéralisme, si combattu politiquement dans la patrie des libertés, ne contaminera pas trop l’idée de responsabilité communautaire indissociable. Un des termes significatif qui s’est répandu est celui d’empowerment, empowerment des personnes et des communautés humaines. La traduction officielle (commission de néologie) est autonomisation. L’autonomisation est un but et une trajectoire qui n’est pas indépendance mais plutôt une maîtrise des dépendances, exercice d’une liberté responsable. La traduction par « pouvoir d’agir » préférée par certain idéologues français est évidemment régressive.

A ce stade de maturation, les affaires humaines sont engagées dans une trajectoire de plus grande autonomisation de la communauté et des personnes. Le Sens du bien commun propre à la communauté, est l’axe de son développement. C’est là l’enjeu du politique, donner l’orientation et les perspectives du développement communautaire. Dans une communauté majeure la démocratie prend sa vrai dimension celle de la participation des personnes, non seulement aux décisions mais aussi aux réalisations communautaires. Cependant un telle communauté est évidemment concernée par tous les âges de maturation humaine. Ainsi sentiments et passions ne sont plus seulement à assouvir mais à investir dans l’action et la gestion des besoins. Ceux-ci ne sont pas une fin en soi mais l’occasion d’un développement intellectuel, lui-même investi dans la vocation propre de la communauté. L’implication des personnes dans la communauté et son devenir est l’exercice même des responsabilités. La démocratie devient un engagement actif et différencié selon les personnes et leurs capacités. Cependant, il faut distinguer trois stades de la démocratie communautaire mais aussi d’implication dans le devenir commun.

Le démocratie élective qui choisi en général une personne repère chargée ensuite de dire le Sens du bien commun et de l’incarner. C’est aussi un champ de responsabilités majeures dans la communauté tenues par ceux qui en ont la possibilité.

La démocratie représentative qui est constituée de représentants chargés de décliner l’orientation de la communauté en projets, règles, institutions, stratégies. C’est un champ de participation à une intelligence collective et une compétence dans la conception de solutions et de leur mise en oeuvre.

La démocratie participative est focalisée sur des actions et des activités dont la préparation est encadrée par les représentations précédentes. Les membres d’une communauté sont ici acteurs des affaires communes et non pas seulement agents sous tutelle.

Le libéralisme communautaire vise à l’accomplissement simultané des personnes et des communautés humaines et ce au travers de l’existence commune et ses différents stades de maturité. Les enjeux sont économiques avec l’économie communautaire, éducatifs avec l’éducation communautaire, et plus généralement le développement communautaire. On concevra aisément que la liberté responsable de la communauté ne l’empêche pas d’avoir recours à des institutions comme la justice, la police ou l’administration mais ce sont là des services à la communauté et donc sous sa responsabilité et son contrôle. Le service de la communauté ne lui dicte pas sa loi, ne la met pas en dépendance, ne décrète pas son intérêt général et au contraire est évalué selon sa contribution au Sens du bien commun dont le politique est responsable. On voit là les renversements par rapport à certaines déviances nationales.

Les grands axes du libéralisme communautaire comme mutation du politique.

De quelles communautés s’agit-il ? Des communautés territoriales d’abord, comme traditionnellement le sont les communautés politiques. On y retrouve des ensembles communautaires comme les nations ou l’Europe, mais aussi des régions ou inter-régions, communes ou inter-communalités. Les ensembles communautaires ne nécessitent pas forcément une territorialisation. Contrairement aux schémas anciens, des nations majeures peuvent ne pas avoir de territoire ou du moins ne pas être définies par un territoire et des frontières. Ainsi telle ville voit les membres de sa communauté vivant partout dans le monde et cette communauté a une certaine autonomie tout en participant à d’autres communautés régionales, nationales, internationales. Le critère d’indépendance n’est plus un gage de souveraineté c’est-à-dire d’autonomie responsable. Des communes peuvent avoir un territoire sans être des communautés majeures. Dès lors elles sont parties prenantes de communautés plus larges politiquement majeures. Bien d‘autres communautés anciennes ou récentes peuvent constituer des ensembles communautaires et même devenir politiquement majeures. C’est un caractère essentiel de la mutation de civilisation en cours. En effet l’explosion des possibilités de communication et de relation fait naitre des communautés de tous ordres et transforme les communautés traditionnelles. Ainsi le paysage communautaire est en voie de transformation majeure à toutes les échelles.

Parallèlement on voit émerger la question des multi-culturalismes, des mobilités et des phénomènes d’immigration majeurs, celle de quartiers ou de territoires multiculturels et même celle de l’hétérogénéité des communautés locales, nationales ou internationales. Les mouvements culturels ou religieux complexifient le processus.  C’est là que la question des niveaux de maturité du politique est d’une importance capitale.

Pour le communautarisme tribal on devine l’explosion des conflits et des alliances combatives. Nous y sommes. Pour le socialisme égalitaire ces différences désorganisent les modes de gestion et d’administration sociaux économiques. Nous en sommes de plus en plus témoins là où il prédomine. Pour l’élitisme étatiste sa tentative d’intégrer la diversité vise à maintenir ses normes à de plus larges échelles en déniant les différences. Il semble que la tentative ne soit pas un succès comme l’Europe et la crise de l’Etat français l’annoncent. Le libéralisme communautaire propose une relecture des phénomènes communautaires mais surtout de nouvelles pratiques participatives et d‘identité prospective.

Il importe maintenant d’embrasser le champ des communautés majeures avant de considérer les méthodes de développement du libéralisme communautaire.

La considération des communautés de co-existence.

Au plus large la communauté monde n’est pas d’évidence une communauté majeure susceptible immédiatement d’une gouvernance démocratique. Pour cela il faudrait éclairer le Sens du bien commun dont le discernement n’est pas de première évidence comme le montre l’histoire. Mais peut-être faudrait-il privilégier le discernement plutôt que les déclarations formelles. Le cas de la déclaration universelle des droits de l’homme mériterait un tel approfondissement pour en venir à une déclaration des devoirs de l’homme vis-à-vis de l’humanité, de soi et des autres en personnes et en communautés. Un exercice difficile mais qui peut convoquer toutes les sources de discernement spirituel, évitant de se réfugier dans des idéaux incantatoires ou des objectifs seulement pragmatiques. Comme toute communauté, la communauté monde est une communauté de personnes et de nations toutes différentes et que les tentatives de normalisation méconnaissent.

La communauté monde est la communauté des nations ou des grandes régions mais aussi d’autres communautés monde. Chacune doit être prise en considération comme communauté libérale c’est-à-dire appelée à une autonomie responsable. Pas de souveraineté sans responsabilité communautaire. La reconnaissance réciproque des potentiels, richesses humaines, et vocations originales viendrait à identifier chacune sous son meilleur jour sans nier ses faiblesses pour autant. On en verra les méthodes. la confortation de chaque nation, pour elle-même et pour les autres est le seul chemin de paix possible. Ce serait le rôle des communautés mondes d’y travailler et l’accompagner.

Les nations sont des communauté singulières et leur identification à un territoire clos, non seulement est et sera de plus en plus démentie par les faits, déplacements et réseaux mondiaux, mais aussi par le droit toujours communautaire à toutes les échelles. De nombreux conflits sont dus à la négation, au mépris ou à la faiblesse des identités nationales mais aussi à leur réduction territoriale. Le dedans dehors territorial détruit le jeu des altérités communautaires et nationales.

Il est possible que des nations forment des ensembles communautaires multiples auxquels elles prenne part. La seule raison d’être de ces communautés de nations est soit l’entraide notamment pour la maturation des plus faibles mais aussi pour la maturation commune dont le libéralisme politique devrait être dorénavant la visée. Bien des questions sur la gouvernance démocratique et déjà participative des communautés de nations enrichirait ces dernières pour leur propre gouvernance mais aussi leur permettrait de mieux intégrer les communautés régionales dont on voit bien que la question reste insoluble partout où le libéralisme communautaire n’est pas envisagé. Pensons à l’Ecosse, la Catalogne, la Corse, ou le pays Basque, l’Italie, la Belgique pour citer les plus criants. Penser des régions comme communautés majeures autonomes et responsables de leurs engagement communautaires nationaux notamment et bien au-delà selon les cas. Le modèle normatif est à sa fin et les plus anciens obsolètes. Cependant la France connait ou veut méconnaitre deux exemples qui montrent une autre voie. La Réunion dont le rassemblement multiculturel est constitutif, Les Caraïbes où la « créolisation » qu’Edouard Glissant présentait comme pensée archipélique, archipel constitué par toutes ces communautés que l’on appelle là-bas nations. Il est vrai que les modèles que la France y impose en sont plutôt dénégateurs.

La nation française est en crise, crise d’identité surtout lorsqu’on a voulu dénier le fait communautaire et sa nécessaire identification à un « nous », à une âme à laquelle s’identifier. Il faut d’urgence remplacer la norme formelle par la reconnaissance des identités régionales sous réserve que ce soit aussi des identités prospectives tournées vers le devenir commun, identités de projet sans oublier les identités originelles mêmes symboliques et les identités qualifiantes et gratifiantes de valeurs propres (communautaires et non pas des abstractions idéalistes). Les tendances régressives avec leur cohorte de ressentiments et de passions favorisent les communautés victimaires identifiées souvent plus au pire qu’au meilleur et le nationalisme comme forteresse assiégée et vindicative. Il importera de considérer dorénavant non pas les tares identitaires françaises mais la vocation singulière qui en fait la richesse sinon les talents.

Les régions françaises sont prises dans le tourbillon de l’actualité. Comment faire signe aux communautés provinciales tout en les enfermant dans des carcans territoriaux. C’est l’oeuvre de l’élitisme étatique mais aussi des pulsions uniformisatrices sur lesquelles s’assoient beaucoup de pouvoirs au nom de leur « République » (pas celle de la communauté des français). La caricature de fiefs régionaux renvoie aux allégeances nécessaires à la souveraineté des nationaux. Or sont à l’ordre du jour la dénomination de régions, leur siège, leur président (démocratie élective ?). La reconnaissance des communautés régionales selon le libéralisme communautaire devait leur permettre d’intégrer culturellement leur héritage, de développer une gouvernance participative et aboutir à une gouvernance démocratique majeure. Elles auront alors à traiter de leurs contours, leurs départements, et leurs rapports avec d’autres communautés qu’elles rassemblent, sans perdre de vue leur participation à la communauté nationale, la communauté européenne, des communautés de voisinage et mêmes des communautés mondes.

Les régions sont habitées, formées par villes et pays. On y remplace le terme de communautés par agglomérations et à la pointe du progrès on baptise des ensembles de communes « territoires » auxquels on affecte un numéro dans le nouveau découpage du Grand Paris. c’est dire le mépris communautaire des architectes des raisons territoriales ou déraisons communautaires. Métropoles, ou communautés d’agglomérations sont des édifices administratifs justifiés par des arguments de gestion mais le plus souvent une malveillance de la Raison supérieure. Les villes sont des communautés qui ont une personnalité qui rayonne bien souvent sur le monde entier. Elles devraient être parmi les premières à adopter le libéralisme communautaire comme c’est le cas dans le monde entier. Cela n’enlève pas leur responsabilité régionale, nationale et autres comme l’Europe par exemple. Le concert des nations peut faire écho au concert des villes du monde, toutes régionalement implantées. Alors fusionner des villes ou territoires arbitrairement vise plus à les amputer de leur âme qu’à les inviter à une nouvelle maturité, une des pratiques de l’administration coloniale depuis les romains.

Dans les régions sont identifiés des pays malgré des découpages arbitraires qui réunissent des communautés de proximité formant une culture locale porteuse de valeurs et potentiels propres. Y sont rassemblées aussi des communes ou communautés de communes dont on a voulu oublier, au pays d l’humanisme, qu’il s’agissait de communautés humaines. On entend régulièrement cette antienne : il y a trop de communes en France. C’est comme dire il y a trop d’arbres dans la forêt. S’il s’agit de communautés alors le propos est stupide. S’il s’agit d’entités administratives sous la tutelle normative de l’administration d’Etat alors il est sûr que c’est un modèle d’organisation obsolète à l’heure des méthodes de gestion rationnelles et du nécessaire renforcement des tutelles au temps des velléités individualistes de décentralisation.

Il est vrai cependant que toutes les communes ou communautés de pays ne sont pas des communautés majeures appelées à une autonomie de gouvernance démocratique. Mais c’est bien là le critère. L’autonomie communautaire comme autonomie des personnes cela se construit avec les maturations progressives, avec l’aide des communautés englobantes.

On en viendra à ces communautés d’existence que sont les quartiers des villes ou ces unités de vie que sont bourgs, cités, hameaux, villages et autres rassemblements de co-existence. Partout la maturation d’une conscience communautaire est la condition d’un développement humain de leurs membres plutôt qu’un agglomérat de logements où les personnalités et les cultures ne comptent pas. Nous sommes, avec les quartiers notamment, au noeud des symptômes et contradictions radicales de notre pays qui a su transformer des milieux de vie en lieux de relégation et ce grâce aux principes et aux méthodes persévérantes des administrateurs de la cité et leur pouvoir d’Etat qui leur donne toujours raison. Nous sommes devant la démonstration de l’incurie de la Raison rationalisante et arraisonnante, même supérieure, lorsqu’elle ignore le Sens des communautés humaines et leur vocation d’autonomisation.

Il reste maintenant à évoquer des éléments de méthodes qu’il faudra approfondir et s’approprier, avec la même exigence qu’un changement de paradigme réclame comme mutation des esprits et de pratiques.

Eléments de méthode du libéralisme communautaire

La première chose à faire est de considérer, prendre en considération, chaque communauté où on veut agir. Considérer c’est écouter et entendre leur singularité que des témoins peuvent transmettre. Pour l’entendre à un niveau d’entendement suffisant c’est le Sens du bien commun qui leur est propre qu’il s‘agit de discerner. On sait déjà que la Raison y est impuissante et il faut avoir recours au processus d’intelligence symbolique avec, par exemple, les pratiques d’analyse des cohérences culturelles. Reconnaitre comme cela toutes ces communautés dont il a été question et aussi les ensembles communautaires, change déjà le paysage de l’humanité et du politique. Le repérage de ce « meilleur » de chaque communauté en éclaire les valeurs propres, les talents, les usages, la culture mais aussi les failles et les tares. L’analyse de cohérences culturelles de la communauté nationale française a montré l’importance du rapport à l’ordre, son édification et son souci d’authenticité que le ressentiment et l’abstraction idéologique ne cessent de combattre. La construction d‘un ordre juste, dénué de ressentiment et d’idéalités opportunistes en serait la meilleure voie de développement, reconnue par d’autres pays dans de multiples domaines au lieu des héritages délétères si souvent entretenus.

L’identité communautaire, identification de ceux qui y participent, personnes et communautés et identification par ceux qui la considèrent, forme le coeur de la reconnaissance, au travers des signes, usages et sensibilités qui en constituent la culture. Si chaque communauté participante a aussi son identité et ses signes d’identification, elle partage les modes d’exister communs dans l’espace commun. Ainsi telle personne selon les milieux qu’elle fréquente peut avoir des identités variées mais dans tout espace commun elle partage les usages, représentations et sensibilités. Nous sommes là au coeur d’un problématique que la raison universelle ou la différentiation radicale échouent à traiter. Ainsi, si une communauté de français cultive des héritages qui leur sont propres dans leur champ de coexistence ceux qui veulent y habiter sont conviés à partager le mode de vie et de coexistence de la communauté française. On voit bien que cela vaut pour des communautés régionales, ou d’origine étrangère ou même de croyances et d’affinités multiples. Ainsi les modes d’existence d’une communauté nationale sont ils communs sans pour cela uniformiser les modes d’existence propre à d’autres communautés dans leur champ propre de coexistence, mais qui participent aux règles de la communauté nationale dans son champ propre. On imagine bien un groupe culturel invité à se présenter dans ses modes habituels alors que ses membres partagent par ailleurs le mode de vie commun à la nation (mais c’est aussi valable à tous les niveaux communautaires). Ainsi en France on vit selon les modes de vie français déjà très variés et évolutifs mais entre soi de telle ou telle communauté on peut en exprimer les modes d’exister spécifiques sans déranger le monde commun. C’est une expérience très courante mais tellement difficile à penser pour les rationalistes et les porteurs de ressentiments systémiques.

L’identité communautaire qui doit être à la fois rétrospective, introspective et prospective, est la

considération d’une singularité avec son Sens du bien commun qui est en même temps le ciment et le moteur du développement communautaire. Cette considération identitaire contribue à mobiliser et motiver les membres de la communauté et donc la source des dynamiques communautaires dont celles de maturation et d’autonomisation. C’est donc le levier de tout projet « politique » et de transformation. Considérons que tout travail communautaire ou d’ensemble communautaire puisse être précédé par cette reconnaissance et on peut comprendre alors comment les situations les plus inextricables peuvent être résolues. Chaque progrès encourage les investissements et la spirale de développement peut donner des résultats surprenants même en rapidité. On sait avec Gustave Le Bon que la manipulation des affects peut avoir des effets dévastateurs et rapide. La reconnaissance des modes d’exister communautaire dont les affects ne sont pas exclus, mais pas les mêmes, peut aussi déboucher sur des changements rapides. il y a là un effet de pertinence de l’action communautaire.

Il y faut aussi des vecteurs, médiateurs de Sens dont l’effet de redondance permettra l’engagement d’une dynamique auto-portée. N’oublions pas les sollicitions parasites habituelles mais elles sont aussi susceptible de se trouver engagées dans le meilleur Sens. Ainsi de nos élites pourraient dépasser la simple raison formelle pour la mettre intelligemment au service du Sens du bien commun. Il faut qu’elles se’y reconnaissent dans l’identité communautaire. Ainsi de nos compatissants bénévoles par exemple pourraient mettre leur « bonne volonté » ou « volonté bonne » au service du Sens du bien commun dans les situations réelles. Leurs exigences ne tiennent en rien aux slogans républicains ou du marketing caritatif, ou aux des plaintes victimaires.

Les vecteurs de mobilisation et d’engagement sont des « opérateurs symboliquement structurants ». C’est par la pertinence du Sens qu’ils véhiculent, la redondance qui leur donne leur intensité qu’ils sont agissants, à condition d’utiliser des modalités et des représentations culturellement significatives. Les moyens de communication du type story-telling mais aussi toutes les évocations qui rappellent le Sens du bien commun peuvent être sollicitées dans des stratégies de mobilisation cohérentes et pertinentes. Les techniques de créativité de l’intelligence symbolique sont utiles pour ne pas tomber dans la reproduction de stéréotypes, par définition erronés pour de tels changements.

Vient ensuite la concrétisation des implications du libéralisme communautaire. Elles sont souvent déjà en émergence dans des innovations majeures qui bouleversent les conceptions classiques. L‘économie en est un terrain privilégié, l’éducation aussi. De nouvelles questions communautaires implicites ou explicites sont posées.

L’économie communautaire (à toutes les échelles) dispose d’une échelle de valeurs indicatrices du Sens du bien commun qui lui est propre et par suite d’une possibilité d’évaluer et mesurer en commun la valeur de toutes choses. En particulier elle peut se doter d’une monnaie propre qui a cette fonction de mesure dans les échanges de « biens » et « services », les rémunérations, et les régulations des revenus et toutes les capitalisations ou investissements.  L’économie retrouve son sens communautaire. Bien sûr une communauté n’est pas un monde  clos et s’inscrit dans d’autre communautés avec d’autres économies et elle-même constituée de communautés avec leur économie propre comme des organisations, entreprises ou associations. Il y a des expériences dites d’économie collaborative qui trouveront à la fois leurs régulations locales et leurs régulations plus élargies simultanément. Les « blockchains » permettront d‘édifier techniquement des systèmes communautaires d’échanges fiables. Ils font partie de toutes ces innovations qui vont bouleverser le monde socio-économique non pas dans la pente de la puissance capitaliste mondialisée mais celle du libéralisme communautaire et ce à toutes les échelles. Il est vrai que l’élitisme étatique est désarçonné par ces perspectives et est tenté tant par le verrouillage de ses systèmes que par l’emprise sur ceux qui semblent dominer le monde et notamment sur le plan financier.

On retrouvera cette crispation en ce qui concerne l’éducation où le libéralisme communautaire est vu comme ultra-libéralisme au service du (grand) capital et déstructurant les « humanités » qui ont construit la machine sélective des élites. Sont aussi combattus le pragmatisme utilitaire du socialisme égalitaire  et bien sur très bientôt les initiatives des puissances économiques dominantes. L’éducation communautaire trace la trajectoire du grandir humain d’étapes en étapes mais aussi tout au long de la vie. Si l’éducation populaire s’était pensée communautaire elle ne serait pas en train de vouloir renaitre pour un peuple qui n’est plus seulement primaire mais une société en voie d’empowerment, émergeant au libéralisme communautaire.

Ainsi c’est sur cette trajectoire que le développement des personnes, des organisations ou associations et celui des communautés se déploie d’âges en âges. A l’âge du libéralisme communautaire qui émerge, le discernement du Sens du bien commun propre à chacune, leur permet de déployer une intelligence collective qui n’est pas un exercice élitaire de la Raison sans pour autant en négliger l’usage. C’est plus une activité de l’esprit (Sens et consensus) que l’on peut traiter de créative en même temps qu’inspirée. Elle fait appel à des lumières autres que celles de la seule raison et qu’on a pu appeler « génie propre » au temps où l’interdit rationaliste sur les communautés n’était pas aussi dominant. il est d’ailleurs notable que cette intelligence collective, communautaire donc, est constitutive d’une culture propre qui ne prétend à aucune universalité formelle tout en témoignant de l’universalité de la part d’humanité qui la constitue. L’intelligence collective est associée à une compétence collective qui fait que le développement communautaire est un agir qui mobilise aussi cette même culture y compris dans ses modèles, ses règles et ses modalités d’administration et de structuration de ses affaires. Nous sommes tellement habitués ici à l’universalité formelle qu’il est difficile de comprendre l’universalité symbolique de toute singularité communautaire et donc la singularité de toutes les solutions et pratiques de chaque communauté et ensemble communautaire.

En particulier le libéralisme communautaire réclame un mode de gouvernance participative qui fait que, aux différents âges de maturation, chacun contribue à l’existence et au développement commun selon une hiérarchie et une organisation culturellement pertinente.

Enfin vient la question de la gouvernance démocratique celle du politique dont les prémisses ont été présentée plus haut. Il n’y pas de gouvernance démocratique, c’est-à-dire de démocratie communautaire sans que cette « autonomie » de maturité soit suffisante. Ainsi l’infantilisme participatif est une régression par rapport à un élitisme étatique et peut être aussi être tenté par une régression plus grande ou le pouvoir (d’agir ou de manifester) est à reprendre, animé par quelque ressentiment. La maturité démocratique qui émerge avec le libéralisme communautaire n’exclue pour autant aucune communauté de son champ. Seulement il y a des communautés politiquement majeures et d‘autres qui le deviendront. Entre temps ces dernières sont intégrées dans des ensembles communautaires majeurs.

Ainsi si des nations sont majeures leurs régions le sont, ou non, leurs villes, pays, communes et quartiers aussi. Inversement on peut trouver des ensembles communautaire qui ne sont pas encore majeurs politiquement mais dont des communautés membres qui en portent le projet le sont. Ainsi le niveau de maturité politique n’est pas corrélé à la taille ni souvent à l’ancienneté des communautés surtout lorsqu’elles sont en crise et qu’elles préfèrent les régressions au dépassement. C’est le cas de la France, pays avancé qui n’est pas sur de le rester mais dont des régions ou autres communautés à toutes les échelles peuvent franchir un nouveau stade de démocratie avec le libéralisme communautaire.

Et maintenant que peut-on faire?

Se focalisant sur les communautés de co-existence c’est à dire la société civile de chacune il reste à ce que le « nous «  se construisent. On commencera selon le cas par les réparations et confortation d’identité puis par l’engagement d’une gouvernance participative et enfin, le moment venu, par une gouvernante démocratique. L’inverse est une illusion comme on le voit avec des « démocraties participatives » sans assise communautaire. Mais pensant ce temps là, il y a le régime des partis entièrement voué à la conquête du pouvoir et le communautarisme tribal que constituent ces partis avec leur « peuple » et leurs bateleurs qui organisent le spectacle. Bien sur on n’oubliera pas qu’il faut organiser la gestion du pays et son économie pour égaliser les modes de vie et obtenir un mode de fonctionnement dont le « vivre ensemble » est un enjeu primaire. On s’étonne que le socialisme égalitaire y prolifère. Ensuite, l’élitisme étatique en crise détiens encore la Raison des choses complexes aux mains des technocrates oligarques qui verrouillent le pays et ne cessent d‘aménager et défendre leur emprise, ce qui les ramène à des régimes ou il ne manque plus que le tyran pour imposer leur loi. Les Bonaparte sont toujours espérés. Enfin le réveil d’une société civile sous tutelle depuis des siècles, grâce aux ouvertures au monde et aux autres que favorisent les nouvelles relations et communications, laisse entrevoir un nouvel horizon.

Le libéralisme communautaire, sans rapport avec l’individualisme, ni le socialisme, ni l’étatisme, ouvre la voie et les horizons de l’empowerment communautaire à toutes les échelles. C’est évidemment là que les chantiers de la démocratie donc du libéralisme communautaire sont à entreprendre. Quartiers, villes et villages, pays et communautés territoriales, régions, nation, Europe sont nos chantiers de proximité. ils sont aussi impliqués dans ce qui se passe dans le monde où le libéralisme communautaire a des réponse à offrir. Elles commencent par la considération due aux autres, qui constituent des communautés de personnes et des ensembles communautaires où nous co-existons pour grandir ensemble. Tel est l’enjeu de la mutation de civilisation déjà engagée.

Alors dans cette carte des paradigmes ce n’est pas le Sens d’un super Etat français avec ses hauts fonctionnaire mondialisés qu’il faut rechercher. Ce chapitre est en train de se clore dans une amertume que bien des intellectuels expriment. Ce n’est pas non plus celui de la constitution de super puissances avec de super pouvoirs auxquels des précédents veulent se réfugier trouvant devant eux bien pire encore.

Il serait tentant de se vouer alors aux macro-systèmes planétaires dont nous deviendrions les agents neuro-biologiques, libres de les subir pour en profiter. A la mode, tellement y croient, déçus par les deux autres.

C’est à l’inverse le libéralisme communautaire qui est la voie de l’empowement et de l’accomplissement humain avec le paradigme communautaire et sa compréhension du monde et des communautés comme phénomène humain, son éthique du « commun bien » que la république porte pour chaque communauté avec l’universalité humaine des valeurs singulières et la singularité culturelle de leurs expressions et enfin ses pratiques qui sont toutes, comme le suggérait Hannah Arendt, action humaine donc communautaire.