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Archives de la catégorie ‘Crise économique’

Crise économique, quelques questions

18 Jan

La crise qui s’est déclarée fin 2008 est une manifestation de la mutation de civilisation qui est engagée. Comme avec la tectonique des plaques, des craquements se produisent qui déstabilisent les idées reçues. Le premier réflexe c’est de tenter de « rétablir les équilibres » ou de tout refaire comme avant. D’autres ont l’intuition qu’il faut faire autrement mais pour cela il faut penser autrement. Seulement il faut à la fois comprendre quelles sont les problématiques en jeu et disposer des moyens de les résoudre autrement.

J’ai proposé des analyses visant à mettre le doigt sur l’essentiel, les forces en jeu. En particulier j’ai mis en évidence trois ruptures qui se sont produites et qui mettent en mouvement des plaques de changement. Crise financière : trois repères

La fin de l’individualisme radical et l’emergence du Sens du bien commun comme critère de valeur et d’évaluation.

La fin de l’économie systémique qui suppose que ses lois sont celles d’un système global dont nous sommes les jouets et l’avènement de l’économie communautaire,  réappropriable par les acteurs à leur échelle.

La fin du découplage de la valeur et des valeurs, mesure de  toute chose en économie, avec les valeurs, qui se réfèrent au Sens du bien commun.

Ces problématiques ne sont pas facilement identifiables compte tenu du fait qu’elles bouleversent nos réflexes de pensée et d’action. Je les aborderai ici au travers de plusieurs problèmes.

La spéculation : On sent intuitivement que la spéculation des banques n’est pas cohérente avec l’intérêt de l’économie, de notre économie. Pourquoi? Qu’est ce qui les oppose? Quelles sont les incidences d’un discernement et d’un changement d’orientation dont même au plus haut niveau on perçoit la nécessité. Justement c’est la question de l’individualisme radical qui est en question, pas celui des banquiers seulement, mais celui des syndicats aussi, des corporatismes et de partis dont l’opposition à la spéculation ne dérange pas l’individualisme foncier.

La convergence des intérêts : « Ce qui est bon pour Général Motors est bon pour l’Amérique  » site l’auteur d’un article de slate.fr qui le paraphrase avec ce titre : « Ce qui est bon pour Renault n’est pas bon pour la France« . Mais l’intérêt de qui? Dans quel espace économique est-ce négociable? L’espace national où on tente de le traiter serait valide comme critère d’intérêts et invalide comme critère industriel. Il faut rétablir l’économie dans ses espaces communautaires, seuls lieux où, en référence au Sens du bien commun, on peut discuter des intérêts communs.

Les critères de valeur(s) dans l’économie : Ce qui vaut pour une communauté est appréciable par une échelle de valeurs commune (selon le Sens du bien commun). Ce qui vaut pour l’économie, du moins est-ce la doctrine dominante, se mesure à la valeur, comptablement, selon un étalon monétaire indépendant de toutes valeurs grâce aux rationalisations qui s’y sont exercés. On peut montrer que la notion de valeur ne vaut rien sans une référence implicite à des valeurs communes et que les valeurs peuvent parfaitement constituer des échelles de valeurs recherchées dans toute mesure d’intérêts et de productions. On s’intéresse à des critères communautaires nationaux autres que le PIB. mais c’est encore le Sens du bien commun qui permet d’établir les critères propres à chaque communauté.

J’ai forgé toutes sortes de conceptions et de méthodes pour une nouvelle perspective que cherchent vainement les experts et les politiques.

Par exemple le paradigme communautaire plaçant les communautés de vie et d’engagement comme seuls espaces de régulation accessibles,  seuls espaces ou des valeurs communes peuvent permette de mesurer les besoins et les contributions sur une même échelle, seuls espaces ou le développement économique participe au développement des membres et des acteurs.

La socio performance fournit des critères d’évaluation pour toute activité pour une communauté donnée.

La notion de valeurs qu’il faut référer au Sens du bien commun pour que cela vaille quelque chose humainement parlant.

Au travers de quelques articles  j’en donnerai un aperçu, en référence à des textes plus approfondis.

 

Le Sens de la spéculation

20 Jan

Le Sens de la spéculation est celui d’un individualisme qui vise à capter les signes de valeur pour nourrir sa propre valeur. Le spéculateur n’a de cesse d’alimenter le puits sans fond d’une identité qui réclame de profiter toujours plus de ce qui l’environne, du monde et des autres. On sait que ce jeu entraine une addiction. Plus le spéculateur se rempli, gagne ou perd, plus il est à côté du sujet, plus il est vide et avide. En économie la spéculation vise à capter des signes de valeur, la monnaie ou tout ce qui fait signe, signes extérieurs de richesse; extérieurs justement, pas intérieurs. Le travail, comme toute activité humaine, peut être spéculateur; il ne compte alors que par ce qu’il permet de gagner, de prendre sur autrui, sur le bien commun. Le jeu de hasard est spéculation, miser, tenter le sort comme par un appât, le séduire en espérant obtenir un gain qui sera pris sur le monde extérieur. On sait que si le succès vient du fait de gagner, il ne satisfait pas le vide d’être qu’il faut remplir sans cesse jusqu’à plus soif? Mais la soif est inextinguible. Le sens de la spéculation est celui de la séduction, étymologiquement : détourner de son Sens. Il s’agit de donner à voir pour avoir l’autre, de capter son attention, son désir, se remplir de ce désir pour n’être rien au bout du compte comme Don Juan après toutes ses conquêtes. Combien de conquêtes, de captations, de captures? Histoires captivantes de nos enfances que le cinéma, la télévision, les médias ne cessent de nous livrer en nous séduisant. Le règne du paraître, du donné à voir, des jeux de signes et d’images, nous y somment plongés.

Le Sens de la spéculation, celui de la séduction, captation des signes est celui d’une position d’être, celle aussi de l’individualisme qui essaie de construire une individualité sans fondements autre que la capacité de capter, de prendre sur les autres, de briller, d’obtenir. Dès lors nos banquiers spéculateurs ne font qu’accomplir à leur échelle mondialisée le dessein de chacun qui se trouve engagé dans cette posture là. Ils ne font que révéler un courant de société où « personne n’a vu venir » les conséquences de ce qui était au fond si naturel : agir pour gagner plus. La crise est le signe d’une rupture par rapport à cela une mise en question  de cette logique, de la prévalence de ce Sens, une mise en question de l’individualisme radical. Avant  d’aller y voir de plus près il faut comprendre quelle est la position d’être inverse (la théorie des positions de vie est un apport majeur de l’humanisme méthodologique).

A l’opposé la position d’être est la participation à une réalité, réalisée en commun. On sort du face à face de l’individualité avec le monde et avec les autres, pour un côte à côte, un engagement partagé. Ici chacun y « met du sien » pour une réalisation commune dans laquelle il se retrouve et se construit lui-même. L’individualité est alors l’expression de cette participation au monde au lieu d’une captation. Relations de concourance, générosité de l’implication, sont générateurs de richesses communes. Il est vrai qu’à l’opposé d’un monde individualiste c’est ici un monde communautaire qui se déploie et non un monde collectiviste composé lui de collections d’individualités à normaliser. Le Sens du bien commun est celui de l’engagement commun et les valeurs communes en sont les indicateurs, ceux d’une échelle de valeurs des engagements, des participations et des fruits générés.

Cela ne nous est pas étranger mais les « calculs » spéculatifs, ceux des univers où ils ont été développés, notamment sur le plan intellectuel, ont privilégié un tout autre Sens, inverse, dont nous voyons les aboutissements possibles et la crise d’alerte salutaire.

Sur le plan économique on examinera trois aspects. L’opposition de deux Sens de la notion d’investissement, spéculatif ou industrieux. Ensuite l’implication de chacun au travers du travail et de son Sens dans l’une ou l’autre des logiques. Enfin l’opposition entre une économie forcément anonyme et par exemple systémique et une économie appropriée, pensée comme communautaire avec l’inversion entre elles deux du Sens des valeurs. Pour terminer il faudra dire un mot rapide sur la méthode qui pourrait favoriser le changement amorcé, ses conditions et les obstacles à lever.

L’investissement spéculatif. Investir, spéculativement parlant, c’est miser, placer sa mise sur le tapis, l’espace de jeu en espérant un gain rapide. Une affaire de coups et de martingales. La logique impose de ne considérer que les signes de gain et pas les signes de réalisation, de construction du bien commun. Pire il faut le fuir et ce n’est pas un hasard si un licenciement important ou la cession d’actifs productifs sont là de bons signes. L’important c’est la non implication dans le processus industrieux, industriel aussi. L’opposition spéculation / réalisations est radicale. Les signes de signes que sont les « produits dérivés » ont cet avantage de pousser plus loin la désaffection d’avec ce que d’autres appellent l’économie. Pour celle-ci, l’économie industrieuse, l’investissement est la mobilisation de ressources pour réaliser un bien commun. Un argument entendu c’est qu’il y a aurait une richesse créée par la spéculation. C’est faux il s’agit d’un amoncellement de signes de captation. C’est la consistance de la bulle spéculative. La tricherie vient du fait que c’est apparemment la même monnaie qui ferait l’équivalence, qui donne le change. La « mise » est soustraite à l’investissement industrieux et le gain est mobilisé pour la spéculation uniquement. Pourquoi confondre les deux types de signes. Pourquoi confondre des signes du Sens du bien commun, ceux d’une communauté de valeurs et des signes de valeur supposée universelle qui en font totalement abstraction. Il est vrai que les fondements épistémologiques de certain courant scientifique, économique notamment, privilégient un arbitraire du signe, valant par lui-même dans ses apparences mêmes, intellectuellement abstraites. A contrario la réalité est un construit et il n’y a de signes que comme expression du Sens dans un système de valeurs communes, dont communautaire.

Travail et spéculation.

Sur le plan économique il ne faut pas s’en tenir aux spéculateurs professionnels dont les échelles de valeurs sont auto légitimées et sans commune mesure avec celles de l’économie communautaire. Bien des entreprises s’abstrayant du bien commun et en ayant perdu le Sens, en viennent à croire que les gains spéculatifs sont meilleurs que les gains industrieux qui eux consomment des investissements. C’est dans la même comptabilité que les signes arbitraires de valeur et les signes de valeurs communautaires sont confondus. On a aussi une caractéristique du spéculatif c’est la sophistication intellectuelle qui masque les rationalités productrices derrière des modèles qui relèvent de la magie. Ca marche. Aucun expert ne peut-dire pourquoi se fiant seulement aux apparences. En France on parle des entreprises du CAC 40, l’instrument spéculatif est prix pour signe d’identité c’est dire. Les entreprises de « service public à la française » n’y échappent pas. C’est d’ailleurs une autre exemple de spéculation, l’intérêt des agents de la fonction publique comme substitut au bien commun. Plus généralement cette attitude qui consiste à travailler le moins possible, y mettre du sien le moins possible et rechercher les configurations qui vont permettre d’obtenir un gain maximum correspondent à des attitudes fréquentes que les syndicats favorisent ainsi que d’autres idéologies individualistes. Il faut noter que les corporatismes ont la même attitude consistant à tirer un maximum des ressources de la communauté pour le minimum d’implication. Le slogan « travailler plus pour gagner plus » s’y oppose dès lors que l’on entend par travailler y mettre du sien dans le service du bien commun pour partager les richesses produites en commun. Il est évident que le travail vu comme investissement spéculatif avec le minimum d’implication personnelle donne à cette formule un tout autre Sens.

Alors la spéculation économique? un miroir aux alouettes et les alouettes sont très nombreuses, les vedettes du CAC 40 et tous ceux qui communient dans la logique individualiste. A quand la redécouverte de l’économie communautaire?

L’économie communautaire. Lire

Le champ de la régulation des enjeux, des investissement, des valeurs est celui de la communauté, autour de son Sens du bien commun. On voit bien l’incohérence qu’il y a à vouloir traiter des problèmes spéculatifs apatrides tout en cherchant le Sens du bien commun et les moyens d’action et d’évaluation appropriés. Bien sûr, l’économie communautaire doit prendre en compte la complexité des ensembles communautaires, imposant de traiter les problèmes au bon niveau celui de la régulation communautaire. Le niveau familial en est un, celui des collectivités locales ou régionales un autre, celui du niveau national et des ensembles internationaux un autre encore. Il y a en a bien d’autres. Si on considère que l’économie est la production et l’échange de biens et services qui s’évaluent selon le Sens du bien commun, là où il n’y a pas de gouvernance communautaire il n’y a pas de possibilité d’évaluation commune. C’est le cas de communautés immatures comme de la communauté monde qui tente néanmoins de se constituer (G20) à l’occasion de cette crise. la crise de l’euro en est aussi un symptôme

La spéculation a besoin d’anonymat, de désimplication. Si elle est prise dans le colloque communautaire alors elle ne peut plus échapper à la question du bien commun et prétendre oeuvrer pour le bien de l’économie. Pour cela il faut que cette économie n’ait pas de voix communautaire. Cela tombe bien avec la pensée systémique. La croyance dans « le marché »  comme entité abstraite et au « système économique » comme entité « naturelle » met à l’abri de la responsabilité vis-à-vis du bien commun. La spéculation économique s’accommode particulièrement de l’élimination du champ communautaire de la pensée politique et économique, d’un espace où elle aurait des comptes à rendre. On voit bien l’intérêt d’un espace mondialisé pour échapper aux communautés nationales, surtout si elles mêmes évacuent les niveaux communautaires plus locaux. Alors faut-il en revenir au « protectionnisme ». C’est une vision régressive des communautés dont les caricatures permettent de défendre la science économique systémique facilement spéculative. Comme les communautés sont-elles mêmes prises dans des ensembles communautaires plus larges, il ne peut y avoir d’économie fermée mais il ne peut y avoir non plus d’économie extra-communautaire transparente aux biens communs. Donc pas de discussion économique en dehors d’une communauté de référence. Pas d’acteur économique qui ne se pose dans une communauté de référence, même multinationale. Dès lors chaque entreprise, chaque organisation économique a des comptes à rendre dans les espaces communautaires où elle agit selon les valeurs de chacun, différentes. Alors le politique retrouve son rôle de conduite du développement communautaire. Alors les valeurs communautaires donnent la mesure de toute activité économique qui n’a plus d’autre valeur d’échappement.

Comment renverser une tendance lourde qui malgré ses méfaits, bénéficie d’une « complicité » collective, de l’auto aveuglement associé et de la duplicité intellectuelle de bien des experts et des acteurs. Comme toujours le combat ne fait que conforter le problème. C’est le développement de l’économie communautaire qui est la bonne voie. Il y a de plus en plus d’intérêt pour la question du bien commun sans qu’on prenne garde que cela implique une communauté de bien. C’est là qu’il y a le plus gros travail conceptuel à réaliser pour refonder une vision des communautés humaines qui échappe aux spéculations intellectuelles où elle s’est enfermée quelques fois. Il y a ensuite à réviser la lecture des questions et des phénomènes économiques dans cette perspective. On verra comme cela comment la crise appelle ces analyses mais que l’offre conceptuelle est défaillante. Il suffirait bien souvent de se recentrer sur la ou les communautés concernées au lieu de discuter dans l’abstrait des systèmes de pensée actuels. Ensuite on en viendra à apprendre à se confronter avec l’élucidation du Sens du bien commun propre à chaque communauté selon sa culture, à ses valeurs et son échelle de valeurs et les critères qui lui sont propres. Enfin les modes de régulations communautaires viendront comme pratiques de gouvernance chacune selon la culture qui est la sienne.

Ainsi le paradigme communautaire, alternative au paradigme spéculatif individualiste, entraîne-t-il à réviser l’ensemble des affaires communes et leur gouvernance démocratique. Il ne s’agit pas de faire table rase de l’existant mais de le voir autrement pour agir autrement. Rien de plus difficile.

 

L’Europe et la Grèce, l’heure de vérité.

15 Fév

L’Europe est un noeud de civilisation, de civilisations même pour être dans l’actualité. «L’Europe est une confédération d’Etats réunis par l’idée commune de civilisation» (Ernest Renan 1870). La Grèce y est pour quelque chose avec la démocratie, la philosophie de l’être que la pensée juive et chrétienne ont complété en leur temps. Mais sait-on que le terme d’Europe aurait été employé en Grèce pour désigner les terres du nord considérées comme barbares. Pour la Grèce l’Europe c’est le pays des barbares. «Était … barbare celui qui au lieu de parler grec — de posséder le logos — faisait du bruit avec sa bouche.» http://fr.wikipedia.org/wiki/Barbare . C’est bien ce que certains doivent penser de ceux qui viennent de Bruxelles ou d’ailleurs.

Une analyse des cohérences culturelles de l’Europe ( http://journal.coherences.com/article424.html ) a mis en évidence la diversité des logiques culturelles de l’Europe, autant de façons de la concevoir et d’agir. Comment L’Europe peut-elle traiter la Grèce? La question se pose pour la Turquie ( http://journal.coherences.com/article195.html )

On peut donc envisager quatre versions selon les conceptions de l’Europe. Ces quatre versions combinent les attitudes essentielles de rapport à l’autre à l’autre nation notamment. Ouverture ou défiance, confrontation ou défense.

L’Europe des puissances et des affaires. Elle est constituée comme une coalition d’intérêts qui se font aussi la guerre comme cela a été le cas dans l’histoire. Confrontation et défiance tels sont les principes de cette Europe entre ses parties prenantes et le reste du monde. C’est bien un des jeux du moment où le souverainisme et l’anti-mondialisation conduiraient à ce que chacun reprenne la défense de ses intérêts, vaque à ses affaires. La Grèce d’aujourd’hui n’intéresse guère cette Europe

L’Europe des normes et de la monnaie unique. Son idéal c’est un Etat unique qui règlemente et administre. Ses principes sont l’ouverture aux autres (sans limites?) mais dans une attitude défensive qui enferme les différences dans le corset de la normalisation. Inutile de la décrire on la connait bien. La Grèce y a été intégrée comme tout le monde sans plus de respect de ses différences mais avec le jeu des apparences qui s’est effondré. Alors faut-il continuer à sauver les apparences de cette Europe? A quel prix pour la Grèce et pour l’Europe. L’important pour l’Europe c’est que la Grèce revienne dans les normes, de verrouiller un peu plus ses disciplines normatives. Pour l’instant pour les grecs c’est monnaie unique, monnaie inique.

L’Europe impérialiste forteresse assiégée. L’empire romain en passant par la chrétienté, jusqu’à Napoléon et Hitler, ont alimenté le rêve fantasmé d’une Europe dominatrice du monde. Cette Europe conjugue la défiance et la défense. Elle existe contre les menaces extérieures et intérieures. Aujourd’hui les ambitions prêtées à la Chine, l’Amérique, les pays émergents, les pays arabes, justifient la construction de cette forteresse sans laquelle nous serions évidemment écrasé. Le protectionnisme européen y trouve ses bases ainsi que la construction de barrières contre toutes les menaces y compris celles de l’immigration, de l’invasion par des produits étrangers et des religions. La Grèce constitue une brèche qu’il faut vite colmater parce qu’elle menace tout l’édifice.

L’Europe communauté de communautés. Ouverture et confrontation à l’altérité, conjugaison des différences, reconnaissance réciproques, projets communs, mosaïque de cultures, monnaies communes, tel serait le modèle multiculturel, multi-communautaire que l’Europe peut construire. Dans ce cas on pourrait aussi parler de fraternité européenne, fraternité des nations et des communautés qui ont choisi un destin commun. Cela permet à l’Europe de devenir un modèle dont l’intérêt est universel mais sans hégémonie, sans uniformité. Seulement il faudrait se mettre à penser une démocratie communautaire et multi-communautaire, une économie communautaire et multi-communautaire, une gouvernance communautaire et multi communautaire. ( http://journal.coherences.com/article406.html ) Nous sommes là dans la mouvance d’une mutation de civilisation qui inquiète tant les autres Europes. Nous sommes là dans une logique de refondations qu’appelle ce moment de l’histoire du monde. Restaurer la souveraineté communautaire, souveraineté responsable des enjeux communs, entre communautés qui s’engagent ensemble voilà de quoi intéresser et mobiliser les européens.

Alors pour la Grèce, d’abord la reconnaissance du meilleur de ses valeurs culturelles, de ses qualités, de ses talents, de ses potentiels. On pourrait le faire aussi pour tous les autres, une autre considération réciproque. Ensuite rechercher comment la Grèce peut remobiliser ses ressources et, retrouvant une nouvelle estime de soi, amorcer une nouvelle dynamique de développement. Le regard des autres et toutes les aides pour accompagner ce mouvement seront fructueuses tant pour la Grèce que pour l’Europe et chacune des communautés qui la constituent. Mais pour cela il faut une méthode, une philosophie, un Sens du bien commun un humanisme méthodologique.

Voir aussi «Le Sens du bien commun» éditions Temps Présent juin 2011.