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Prospective de l’Entreprise Numérique

24 Août

Un article publié sur le site du CIGREF,réseau de grandes entreprises.
Il donne des repères pour la mutation engagée. La mutation des esprits est plus importante que celle des technologies qui n’en sont qu’un support. Comprendre les phénomènes de changement à l’oeuvre, évoluer du traitement de l’information au traitement des situations, le modèle de l’entreprise communautaire et ses enjeux qu’il s’agit de bâtir et enfin le virtuel comme vecteur d’une transformation du monde des affaires humaines et des entreprises, tels sont les quatre parties de ce document publié progressivement.

Nous sommes dans une période de grands progrès, de grands bouleversements, de grands troubles. L’éruption incessante des crises est comme celle des boutons qui marquent le fait qu’une réaction est en train de se produire, ce qui est bon signe, du moins si on en comprend le Sens pour agir. L’Entreprise Numérique nous est promise comme une révolution technologique, structurelle, culturelle, majeure en tout cas. Mais qu’en est-il vraiment de ce qui est en train d’advenir et qui se trame, à grande échelle, mondiale ? En d’autres temps on consultait l’oracle (toute ressemblance…) mais les viscères de nos oiseaux technologiques ne parlent pas de l’avenir. Peut-être alors quelque pythie qui, elle, ne dit pas mais signifie ? En effet tout est affaire d’interprétation, d’imagination et mieux, de discernement et de créativité, un problème de Sens et de projection dans le Sens indiqué..;
la suite sur le site du CiGREF

 

Racisme, le temps des pompiers pyromanes

31 Juil

« Raciste » est devenu l’invective ultime. Les officines de communication, férues de storytelling élémentaire le signifient sans le dire à longueur de commentaires et de communiqués twiterrés au petit matin. Tel quotidien, épris de liberté, dénonce un groupe de députés au «front bas». Le front «national» en est évidemment considéré comme le repaire emblématique qu’il suffit de désigner pour stigmatiser les complicités larvées. La référence au temps de l’occupation est de rigueur et Hitler est l’étalon de mesure de toute malignité politique. On ne fait pas dans la demi-mesure ces temps-ci.

Ostracisme, xénophobie, communautarisme, multicuturalisme, différentialisme, anti-jeunisme, homophobie, anti-féminisme, intégrisme, repli identitaire, haine de l’autre sont devenus les figures du racisme qui les subsume. Il est vrai qu’au début du XX ème siècle encore, comme le montre Gustave Le Bon et sa psychologie des foules (1895), le terme de race est utilisé comme un identificateur culturel, familial, familier. Si le Littré qui le confirme témoigne aussi d’une acception zoologique, ce n’est qu’avec une réduction matérialiste, naturaliste que la race et le racisme sont maintenant référés à une conception biologique de l’humain. On en vient même à parler de racisme anti-musulman comme on l’a fait d’un racisme anti-juif. Comme si cela se ramenait à une question biologique, génétique. Pourtant les termes précédents posent des problèmes d’altérité humaine qui n’ont guère de sens en biologie.

L’accusation de racisme est donc une interprétation déviante d’une problématique réelle où la peur de l’autre induit un repli sur soi qui peut aller jusqu’à la haine de l’autre. Le déni de l’autre pour dénoncer la haine de l’autre telle est l’équation commune de l’anti-racisme ordinaire !

Cependant, le problème est réel et son antinomie c’est la fraternité. Il est vrai que la notion de fraternité qui écorche la langue des réducteurs d’humanité, est remplacée par celle de solidarité. Un peu de colle rend deux morceaux de bois solidaires, pas fraternels. Une troupe animale ou un système végétal peuvent se dire solidaires, pas fraternels. Le «vivre à la colle» d’antan n’impliquait pas forcément une grande «fraternité» et le pacte civil de solidarité vient y mettre bon ordre de droit. Or la fraternité est ce qui constitue le lien communautaire d’humanité, d’humanité seulement. La collection n’est pas communauté, et la collectivité pas toujours. La haine de l’autre, tournée vers des communautés honnies et même taxées de racistes, vient s’y opposer et c’est bien là qu’est le mal, le déni de fraternité, le déni de communauté véritablement humaine.

Il est des situations humaines où le sentiment de faiblesse associé à quelque peur exogène, conduit à se rassembler sous la protection d’une communauté englobante, matricielle même, pour se sentir plus sûr, plus en sécurité. Des régressions archaïques, fusionnelles, confusionnelles, privilégiant le bain émotionnel en dérivent, tant du côté du repli protecteur que de la violence défensive. A l’extrême on peut même se sacrifier pour survivre (autrement) à vouloir terroriser ceux qui nous terrorisent. Nous sommes à proprement parler dans la para-noïa. Cette fausse connaissance renvoie à un savoir certain de la malignité des autres, figure en miroir de l’épreuve du mal en soi, de la peur et la terreur, de la culpabilité même à réifier en meurtre quelques fois. L’autre est altération de soi, menace sur son intégrité qui porte à la défense intégriste, offensive, vitale. Tels sont les mécanismes de ces symptômes que l’antiracisme veut condamner. Sans appel.

Mais d’où vient cette peur traduite en peur de l’autre, devenu menace insupportable? Nous sommes submergés par les catastrophismes, dénoncés de ne pas y communier, nous sommes provoqués à nous méfier de tous ces «racismes» déclarés ou larvés que de bonnes âmes nous désignent. Nous sommes invités à nous soumettre à un universalisme qui laisse chacun seul devant le système du monde sauf à nous placer sous la tutelle d’un Etat, bien marri aujourd’hui d’un individualiste ambiant qu’il n’a cessé de tricoter pour son propre compte.

Le cercle vicieux est installé. La peur des uns, leur sentiment de faiblesse se conforte dans le repli, la régression, qui renforce les peurs, la sensibilité émotionelle. Les grands manipulateurs de l’émotion publique (source de l’opinion publique) en rajoutent à chaque occasion ou ne cessent de créer des occasions. L’inquiètement public est l’action des sphères qui nous veulent du bien disent-elles et particulièrement en dénonçant les menaces qui nous guettent. Le ciel pourrait nous tomber sur la tête. Il ne faut donc pas croire au ciel et nous méfier des magiciens qui voudraient nous pousser à quelque béatitude post-prandiale nous mettent-ils en garde. Avoir peur est un devoir, dénoncer les sources de la menace la vertu des grands démocrates. Dénoncer l’autre, le raciste donc, voilà le grand oeuvre de solidarité publique.

Il est des temps de plus grande fragilisation de l’humanité, ceux du changement et paradoxalement ceux des mutations qui nous font progresser. C’est souvent au travers de crises que ces épreuves décisives nous font grandir grâce au dépassement par une nouvelle maîtrise des affaires humaines. Nous sommes dans ce temps-là d’une mutation de civilisation. Mais ce type de passage comme le savent les professionnels du changement, éducatif ou thérapeutique, est délicat. On y a besoin de l’aide de l’autre, de la communauté de soutien (et pas de repli). C’est aussi le rôle de l’autorité en commençant par l’autorité parentale, différenciée. Le danger est d‘être submergé par l’angoisse, celle de toute remise en question pour progresser humainement parlant. L’épreuve de dépassement est menacée par les inquiètements opportunistes de ceux qui ne veulent pas grandir qui ne veulent pas que les hommes grandissent que leurs communautés grandissent. Les «project killers» sont au premier rang, dénonçant par avance les catastrophes que le fait d‘avancer ne manquera pas de provoquer par la faute de l’homme, des autres s’entend. Plus facile de régner sur un monde angoissé que d’y exercer une autorité repère, exposée donc.

Partout dans le monde les signes d’un renouveau, d’une Renaissance, se manifestent avec peut-être moins de coupages de têtes qu’en d’autres temps. Ceux qui veulent être maîtres du monde, universel, maîtres de la Raison unique, la leur, sont aux abois. Il crient au racisme, au communautarisme alors que les communautés de bien, que le Sens du bien commun ne cessent d’inspirer d’autres logiques. Même internet, l’espace permissif de tous les débordements, mature aussi en espaces communautaires qui, en grandissant. se font communautés de bien. Mais n’est pas Obama qui veut…

 

Individus et sociétés

12 Juil

Individus et sociétés sont les deux termes dont l’articulation est l’enjeu de toutes les positions et toutes les confusions dans le domaine du politique et de l’économique et aussi du « vivre ensemble ». La plupart des analyses ou des propositions présupposent une conception de l’homme et de la société laissées dans l’ombre au jeu des sentiments et des affirmations péremptoires sur la malignité des autres et les bienfaits assurés. L’individualisme dénoncé cache souvent l’individualisme dénonciateur, la société un espace d’aliénation vendu à nos crédulités.

1 – Les impasses de l’individualisme

L’individualité est une modalité d’existence de la personne humaine. L’individualisme est la réduction de l’homme à cette modalité comme si c’en était l’alpha et l’oméga. Il est souvent assimilé à un égoïsme indifférent aux autres au nom de quoi il s’agirait de le dénoncer et le combattre. Mais au nom de quoi, au nom de qui? Un anti-individualisme en cache quelques fois un autre.

Après tout il s’agit d’une conception de l’homme et de nous-mêmes sur lesquels nous portons jugement humain. C’est avec les moyens élaborés par l’Humanisme Méthodologique que nous allons explorer différentes figures de l’individualisme tel que nous en avons posé le principe. Se conjuguant avec différentes positions d’être, différents Sens et conceptions de l’homme, l’individualisme prend différentes figures, autant de logiques dont la multiplicité permet de brouiller les cartes et de dénoncer facilement l’individualisme de l’autre.

L’individualisme matérialiste.
Élément indivis, on retrouve l’étymologie qui est curieusement la même que celle du terme atome qui veut dire aussi non sécable, indivisible. C’était du moins la vision avant de découvrir que l’atome stable était composé de particules élémentaires et qu’il s’en trouvait instable quelques fois. Ce qui est curieux c’est cet individualisme qui identifie l’individu comme l’élément d’une masse. Cet individualisme ne trouve pas en lui-même les sources d’une quelconque initiative. A l’instar de l’atome qui répond aux lois de la chimie et de la physique, l’individu ici répond aux lois déterministes qui le prennent en masse ceux dune société ou de forces sociales que l’on a voulu décrire. Rien de plus isolé que cet individu rien de plus dépendant. Un individualisme de l’exonération de soi soumis aux forces de la nature. Il n’y est pour rien.

L’individualisme normatif.
C’est un exemplaire d’un modèle établi par la science des modèles et par les lois normatives de ses comportements. Cet individualisme est particulièrement compatible avec un étatisme producteur de normes et qui veille à éviter toute anomalie. La raison explicative s’impose à tous et chacun est justifié par sa conformité aux raisons d’Etat. L’individu est dument identifié, enregistré, numérisé, et il lui incombe de se conformer au même fuyant toute originalité, toute créativité transgressive. Il y va de son confort et de son désintéressement de ses pairs dont il n’est pas responsable, soumis aux mêmes raisons supérieures, tous égaux en droit.

L’individualisme souverain.
Il vise à ne dépendre de rien ni personne et son indépendance est gage de son individualité, de son identité, de sa singularité. C’est à une certaine conception de la liberté qu’il réfère sa souveraineté entièrement vouée à se vérifier par le dégagement de toute responsabilité ou l’engagement des autres à son profit. Il porte la promesse séduisante d’indépendance souveraine qui n’a d’autre fins que de se prouver.
Pouvoir d’emprise ou de séduction sont aussi les trophées de sa réussite mais aussi la source de toutes les jalousies dans ce jeu de miroirs inverses.

L’individualisme idéaliste.
Il vise à atteindre un idéal humain, idéal de conscience et de progrès. L’individualisme idéaliste est occupé à se perfectionner, éducation, formation, sont destinées à établir les compétences selon ses capacités. A ce titre il participe aux projets de civilisation dont le critère et le vecteur sont le perfectionnement humain, c’est-à-dire celui des individus. Pour l’individualisme idéaliste c’est même un devoir que d’édifier l’homme individu. C’est ce qu’on appelle souvent humanisme. Il est vrai que comme cela il échappe aux déterminismes purement matériels et marque sa différence d’avec tout autres choses ou vivant.

Il y a d’autres variantes et conjugaisons mais déjà, quel individualisme dénoncez-vous? depuis quelle position?

L’individualisme souverain abhorre l’individualisme normatif qui le lui rend bien. Libéralisme, social étatisme en sont des caricatures. Opposant liberté et égalité chacun dans un Sens étroit, le sien.

L’individualisme matérialiste et l’individualisme idéaliste ne s’aiment pas comme le collectivisme se moque de l’humanisme. Le premier qui se veut réaliste exige des solidarités nécessaires alors que l’autre postule des vertus à éduquer.

Mais y a-t-il d’autre destin que l’individualisme? Y-a-t-il d’autres visions de l’homme par l’homme ou l’individualité participe à l’existence commune sans y réduire la personne?

Comment l’individu participe-t-il alors à l’existence commune? Différentes positions restent à discerner pour choisir celle où le Sens du bien commun articule développement et accomplissement humains.

2 – L’individu et le lien social

Nous allons passer en revue quatre modèles type centrés sur une conception du lien et de ses deux termes, le groupe et l’individu.

Le modèle de possession.
D’abord la puissance collective celle du peuple, du clan de la tribu, de cette figure que l’on appelle communautarisme à laquelle les individus appartiennent. La puissance qui vient du collectif, légitime le pouvoir qui tiens l’unité du collectif. Au fond il n’y a qu’un individu le collectif et son double le pouvoir. Alors qu’en est-il des hommes? des individus en nombre? Des pions ou des militants, voués ou dévoués au collectif auquel ils appartiennent et dont ils partagent le sort, dit-on.

Le modèle de la cité.
L’organisation rationnelle de la vie collective engagée dans le développement du progrès humain, la civilisation, est édifiée par les citoyens selon les modèles idéaux normatifs. La participation à la cité est définie par des fonctions, des rôles, inscrits dans les scénarios règlementaires. Le salut de l’individu est confié à la cité qui est le chantier du progrès humain. Au citoyen de s’y conformer.

Le modèle de la nature
Le système de la nature est le tout d’où émane chaque chose, chaque vivant, chaque homme parmi eux. Les lois de la Nature sont déterminantes et de ces déterminismes l’évasion apparait comme contre nature. Les individus totalement dépendants transgressent ces lois dès qu’ils prétendent à une transcendance du jugement humain, de la maîtrise humaine, du destin de l’humanité. Il ne leur reste alors qu’à en profiter ou en être victimes et s’en plaindre, hédonisme victimaire.

Le modèle communautaire
Les communautés humaines sont de nature humaine. Elles sont rassemblées chacune, par la mise en commun d’une part humanité des hommes qui les forment, part d’humanité qui les transcende. Les communautés forment pour ceux qui y participent un monde commun habité par les individualités de chacun. Les individus y sont dépendants à la fois du monde commun auquel ils concourent mais aussi membres les uns des autres. C’est dans ce monde commun que se joue simultanément le développement commun et en commun et l’accomplissement des personnes au-delà même et au travers de leur existence commune. Tout cela suppose que les communautés et les hommes soient engagés dans le Sens du bien commun qui est le leur. Encore faut-il le discerner et le cultiver au travers de toutes les affaires communes. Et puis il y a les ensembles communautaires et toute la complexité et la diversité des hommes. C’est là que la fraternité trouve son Sens spécifiquement humain.

 

Sortie du livre Le Sens du bien commun

16 Juin

la premiere de couvertureCa y est le livre est sorti. Il est publié aux éditions Temps Présent, collection semeurs d’avenir. Rejoignez le groupe sur facebook

Le sous titre : « pour une compréhension renouvelée des communautés humaines ». C’est un essai d’Humanisme Méthodologique. Il montre que le bien commun suppose une communauté identifiée et que le Sens du bien commun est celui du développement et de l’accomplissement humain. Cela suppose que l’on en sache quelque chose de ce qu’est le développement et l’accomplissement humain. Ces questions fondamentales on un volet pratique. En effet toutes les affaires humaines sont des affaires communautaires et sont a engager dans le Sens du bien commun de la communauté concernée. Même les enjeux personnels n’existent nulle part ailleurs que dans les communautés auxquelles on participe. L’économie, le politique, l’éducation, la justice par exemple sont des affaires communautaires. L’ignorer c’est imposer un point de vue particulier comme intérêt général. C’est le cas de la plupart des idéologies et des conceptions dominantes.
Alors comment s’y prendre? Il faut lire le livre…

 

Psychologie d’une élection présidentielle

11 Juin

Ce terme de psychologie rappelle celui de Gustave Le Bon auteur d’une « psychologie des foules » 1895 ( voir ses ouvrages : ). L’auteur considère les processus psychologiques qui animent les foules et ce qu’il appelle les meneurs. La foule c’est plutôt ce que l’on appellerait aujourd’hui un mouvement qui se constitue et se défait dans une période donnée. Si l’auteur prend notamment les révolutions comme exemple, le moment de l’élection présidentielle dans le contexte actuel y trouve quelques similitudes. Gustave Le Bon observe que les phénomènes de foules sont sous-tendus par une sorte d’inconscient collectif qu’il appelle une race. Ce terme utilisé en son temps par d’autres auteurs comme Renan ou le psychologue Taine, n’a rien à voir avec le concept biologique et héréditaire qui en a été fait par la suite, jetant une confusion entre le génétique et le psychologique. Il correspond avec la notion de cohérences culturelles, structures fondatrices des communautés humaines, inconscient collectif communautaire mis en évidence par l’Humanisme Méthodologique. Ici, la communauté qui nous intéresse c’est la nation française et ce qui s’exprime dans une élection présidentielle.

L’Humanisme Méthodologique apporte des fondements théoriques dont ne disposait pas Le Bon en son temps. Il apporte aussi des méthodes d’élucidation qui permettent l’analyse des cohérences culturelles des communautés, communautés nationales notamment. Ce type d’analyse met en évidence une problématique humaine et tous les Sens selon lesquels elle peut être vécue. C’est parmi ces Sens, les pires et les meilleurs, que se repère un  » Sens du bien commun », celui qui porte la voie d’un accomplissement et d’un développement culturel singulier. Ce sont ces Sens et les cohérences culturelles associées qui supportent les dynamiques collectives et les  » mouvements de foules « . A l’occasion d’une élection présidentielle, c’est tel ou tel Sens qui est proposé par chaque candidature et leurs promoteurs tentent de provoquer un mouvement en leur faveur, en faveur du Sens qu’ils veulent favoriser.

L’analyse des cohérences culturelles de la France a été réalisée il y a plus de trente ans ( voir : ). Si les circonstances changent les Sens sont toujours les mêmes. Leur expression doit être adaptée à l’actualité. C’est ce que fait cet article. Nous allons examiner 8 logiques, liées entre elles par oppositions, par combinaisons de voisinage et constituant une sorte de rose des vents ou des courants ou aussi une boussole pour aider à s’orienter. Une typologie des « passions » françaises se dessine alors où prennent Sens les élections présidentielles. On terminera par ce qui semble être le Sens du bien commun conjuguant les vertus voisines.

Avant de commencer il faut comprendre que toutes ces positions sont autant de rapports à l’ordre, l’ordre des choses, l’ordre établi aussi et, en l’occurrence, l’élection présidentielle s’inscrit non seulement dans un ordre politique, celui d’une constitution de la cinquième république, mais y participe selon les règles édictées par elle. Au pays de la révolution, idéalisée en révolution permanente c’est un paradoxe que de respecter un tel ordre préétabli. L’ordre napoléonien au contraire se satisfait de la pérennité d’un tel ordre avec une démocratie formelle bien ordonnée. Nous verrons donc comment l’ordre électoral et l’ordre présidentiel sont aperçus, à quelles positions cela donne lieu et quelles en seraient les conséquences si telle ou telle prédomine dans l’élection de celui qui l’incarne.

L’authenticité. Il s’agit d’élire celui qui représente le mieux le pays c’est-à-dire la nation, les français, la communauté des électeurs. Pour que les français se retrouvent en lui il faut qu’ils le reconnaissent et pour cela qu’il s’exprime, qu’il exprime ce qu’il est, ce qu’il pense, et comment il voit le pays et les situations qu’il traverse. C’est un jeu d’identification réciproque entre un pays et un homme, une personne qui l’incarne. Pour cela il doit être authentique, parler vrai, dire la réalité telle qu’il la voit, en toute bonne foi, de façon juste. Il doit dire le juste, pour que les français se reconnaissent et reconnaissent leur propre expérience avec toute sa diversité. Le « je » et le « nous » doivent s’identifier et par suite chacun dans la nation. L’élection du President c’est aussi l’élection de chacun comme renouvelant le lien communautaire.

Le cynisme. Il s’agit d’élire une doctrine, une certaine idée que l’on veut voir s’imposer. La vérité importe peu ou plutôt elle s’impose aux faits et aux hommes indépendamment de ce qu’Ils sont dont on fait volontiers table rase. La vérité d’en face est disqualifiée elle est dite mensonge parce que le critère de vérité c’est la conformité au dogme, pas à l’expérience. C’est d’ailleurs pour cela que les gens simples ne s’y retrouvent pas. La mauvaise foi est justifiée par la conformité, l’hypocrisie qui sépare la vie intérieure, le comportement privé et le discours public, les postures et les formules consacrées. L’élection est partisane et l’élu celui qui est le porteur du dogme, délégué pour cela. Ce n’est pas la vérité de sa personne qui compte mais sa fidélité théorique au dogme. Il est vrai que la position de mauvaise foi créé un climat de suspicion et de simulacre. Le déni de la réalité par tous les moyens de l’habileté, sophistique par exemple, emprunte volontiers les artifices de la raison, de l’argumentation, qui s’auto-justifie par ses références idéologiques en négation de l’expérience commune. Comment un président peut-il être élu? par défaut sans doute, c’est-à-dire par la mobilisation de quelque défaut.

Le ressentiment. Une des passions française les plus constante. Rien n’est bon dans l’ordre établi. S’agit-t-il d’édifier un ordre alternatif? Peut-être dans le discours à l’occasion, comme on se dit qu’il va bien falloir se doter d’un projet, d’une « culture de gouvernement ». Le ressentiment c’est la justification de l’empêchement, celle de la contestation, de l’opposition de principe, de la revendication impérieuse. L’élection se fait contre plus que pour. L’élu est le champion de l’intolérance à l’ordre ancien, l’animateur du ressentiment. Son programme c’est de déboulonner l’ordre en place et sauf à devenir dictateur, il lui faudra préparer sa propre défaite au prochain tour. Il en est toujours surpris et se croit trahi. La révolution française dans ses moments les plus radicaux en a montré jusqu’à la caricature.

L’enthousiasme. Voyant la possibilité d’un progrès dans l’ordre des choses alors la France peut se mobiliser avec enthousiasme. L’implication, dans le fait électoral lui-même, la participation aux enjeux commun, l’engagement dans un projet, la contribution par le vote à l’intérêt général trouvent les français disponibles, mobilisables. L’élu c’est celui qui sait montrer le chemin, le programme, le plan de ce à quoi les bonnes volontés sont invitées. Un visionnaire certes mais aussi concret, méthodique, capable de mener a bien ce qu’il entreprend, de réussir ce qui lui serait confié. L’élection du Président est un moment de l’action. Il ne s’agit pas tant de liquider l’ordre ancien que de le transformer, le faire progresser ou même de le dépasser. C’est à la bonne volonté et aux compétences qu’il est fait appel tant de l’élu que des français.

La défense. Ça ne va pas et il faut que ça change. La réalité ce sont les problèmes dont il faut se débarrasser, les maux contre lesquels il faut lutter. L’élu est celui qui rassemble un assentiment critique et militant, c’est-à-dire prêt à manifester, manifester son désaccord son désaveu de ce qui existe, de ce qui ne va pas. Il s’agit donc de combattre et de vaincre les maux qui accablent, les menaces qui planent, les carences qui sont manifestes, les insuffisances. La défense et la protection contre les dangers et les menaces dues à l’ordre établi est une bonne argumentation pour mobiliser. L’ordre mondial, le système, le pouvoir en place sont autant de cibles de la critique sans qu’il soit nécessaire de proposer des solutions alternatives et un projet constructif. Inutile de dire que si des émotions sont soulevés il ne s’agit pas d’enthousiasme et elles ne tiennent qu’autant que les maux sont mis au premier plan. L’indignation a besoin d’être alimentée en permanence.

L’ambition. L’enthousiasme doit être alimenté par une perspective valorisante du moins dans les apparences. Un projet de conquête, une utopie bien identifiée, une vision prometteuse sont à proposer. Il s’agit bien de promesses qui doivent flatter les électeurs qui s’en imaginent grandis. Bien sûr les promesses n’engagent que ceux qui y croient. C’est dire que la bonne foi, le réalisme ne sont pas de mise sauf dans l’excellence du tableau proposé, de la scène imaginée. Il y faut de l’habileté et s’adresser aux électeurs comme à une élite. Les élites s’en trouvent d’autant plus valorisées et gratifiées qu’elles trouvent un place éminente dans la perspective. Le Président élu est porteur d’un charisme qui doit beaucoup à la séduction et se présente comme compétence d’exception. Il porte l’ambition du pays qu’il a su lui faire partager. C’est forcément un bon communicant…

La destruction. Renverser l’ordre établi par tous les moyens, tel est l’enjeu. L’élection présidentielle n’en est qu’un moyen plus ou moins opportun. Le Président fait figure de vainqueur potentiel, celui qui saura détruire l’ordre et les pouvoirs existants. On sait ce qu’il en advient ensuite. On comprend que l’élection fait appel plutôt à des forts en gueule qu’a des personnalités discrètes et subtiles. La calomnie, la dénonciation, le procès d’intention, la démagogie, la disqualification de l’adversaire, tout est bon pour entretenir l’animosité et exacerber les haines et les passions destructrices. Le cynisme et le ressentiment se posent en vertus et les tièdes en traitres potentiels. Ça finit toujours mal pour les français et pour les dénégateurs du pouvoir qui l’auraient pris par inadvertance.

La construction. Édifier c’est a la fois faire grandir en vertus et construire. Le rôle d’édification d’un Président repose sur l’appel a des engagement vertueux au service de la communauté et aussi, au-delà, au service d’autres communautés et du monde. Édifier un ordre des choses renouvelé en fonction des évolutions du monde telle est la vocation de la France dans tous les domaines où elle peut exceller. Pour cela l’élu doit en manifester la volonté et la perspective et en faire appel au français, leur demander leur engagement sur des enjeux communs, ceux de communautés qui participent à la communauté nationale et son devenir, ceux aussi de communautés élargies comme l’Europe ou au-delà. C’est en communiquant sa conviction, sa bonne volonté et l’authenticité de son engagement qu’il peut solliciter valablement une élection c’est-à-dire un choix personnel des français celui du Sens du bien commun.

 

La révolution du bien commun

25 Mai

La référence au bien commun est aujourd’hui une révolution sur différents plans notamment pour ce qui concerne le politique, l’économie et toutes les affaires humaines.

Sur le fond, il n’y a de bien que bien de l’homme. C’est la première question si on veut penser le bien commun. La seconde est que l’on ne peut définir le bien de l’homme sans le rapporter à une conception de l’homme et donc de son bien. La troisième est qu’il n’y a pas de bien commun sans communauté qui définisse le « commun ». L’Humanisme Méthodologique montre que le propre de l’homme est le Sens et que le bien est relatif au Sens selon lequel l’homme peut s’accomplir. Par ailleurs, ce sont des conSensus ou Sens partagés qui font les communautés humaines. De ce fait le bien commun est une incarnation du Sens de l’accomplissement humain partagé au sein d’une communauté donnée. Le bien commun est donc une expression, une représentation du Sens du bien commun propre à une communauté. Chaque communauté humaine de part le conSensus qui l’a vu naître et se développer est porteuse de son propre Sens du bien commun s’exprimant selon des formes culturelles spécifiques et en fonction de multiples circonstances. Toutes les affaires humaines sont inscrites dans les communautés de Sens et peuvent être envisagées dans le Sens du bien commun définissant ainsi le bien commun qui leur est approprié. Ainsi on ne peut, en-dehors d’un contexte communautaire spécifique définir à priori ce qu’est le bien commun. Le faire c’est imposer aux autres ses propres vues en les prétendant universelles. C’est le cas aussi des valeurs qui sont des indicateurs culturels du Sens du bien commun propre à une communauté.

Dans la pratique, le politique est la façon dont chaque communauté oriente son développement selon le Sens du bien commun avec les appuis de la démocratie élective, de la démocratie représentative et de la démocratie participative. Les trois sont indispensables pour que la culture du Sens du bien commun soit l’affaire de la communauté. Il est vrai que le Sens du bien commun et celui par lequel se cultive un chemin de développement et d’autonomisation et non pas d’assistance et de dépendance qui ne sont que des conditions provisoires. L’économie est toujours communautaire et concerne la production et l’échange de biens et services, selon le Sens du bien commun de préférence. C’est à la communauté d’assumer son économie, ce qu’elle ne peut faire si on en fait une abstraction universelle (systémique) uniquement régie par des puissances incontrôlées. L’éducation est une affaire communautaire justifiée par le Sens du bien commun qui est celui du développement des personnes engagées dans la vie communautaire. Là aussi les abstractions universalistes dépossèdent les communautés et les personnes du contrôle de leur devenir. La justice et aussi toutes les affaires relevant du bien commun sont des affaires communautaires.

Il y a deux postures souvent complices qui sont remises en question : la position individualiste privilégiant le libre arbitraire et l’exonération du bien commun et la position universaliste qui donne à une élite le pouvoir de dire le vrai et le juste en toutes choses, tout en dépossédant les hommes et leurs communautés d’existence de toute maîtrise de leur devenir.

Alors il y a toute une science des communautés humaines et des ensembles communautaires à développer pour articuler les communautés de proximité, les communautés culturelles et les communautés monde. Il faut aussi comprendre qu’une communauté humaine est une communauté de personnes radicalement autres, différentes les unes des autres mais partageant une part de leur existence en référence au bien commun dans un développement partagé. L’Humanisme Méthodologique en jette les bases théoriques et pratiques.

 

Les élus, la politique et le bien commun 1

23 Mai

La référence au bien commun

Nous sommes là au coeur de l’évidence et de la confusion. L’évidence c’est que le rôle des élus est de définir et mener une politique qui n’a d’autre finalité que de servir le bien commun. Rares sont les cas où le cynisme et l’attraction du pouvoir seraient les seuls véritables mobiles. Ceux qui considère que c’est fatal, surtout chez leurs adversaires, sont ceux qui n’ont que faire du bien commun sauf comme argument électoral. Ce sont ceux aussi qui insinuent que les politiques sont tous pourris, le bénéfice recherché étant de prendre un pouvoir (d’influence) à la place des politiques. Il y en a dans l’ombre des plus discrets et aussi des plus voyants.

Tout le problème c’est de savoir ce qu’est le bien commun, comment la politique y contribue et quel est alors le rôle des élus. Comme la question n’est pas posée, ne serait ce que pour maintenir dans le non dit les positions véritables alors chacun se trouve légitime à donner sa réponse et agir en conséquence. Dans le silence des principes alors les positions sont incompatibles et se traduisent soit par un camouflage des contradictions comme dans certains partis ou alors par une attaque sans merci de ceux qui ont une autre position, identifiée forcément à une menace pour le bien commun.

Si quelqu’un prend du recul il ne peut accepter de souscrire à de telles oppositions. Les français l’ont signifié à plusieurs reprises mais beaucoup n’en veulent pas démordre campant sur des positions justifiées par des arguments peu honnêtes, quelques peu arriérés ou quasi mécaniques.

Il est vrai qu’un grand problème de notre époque est la déviance individualiste et le libre arbitraire que chacun ou chaque groupe prétend exercer en prétendant incarner sans autre examen le bien commun. La gestion des apparences favorise cette (im)posture, apparences intellectuelles ou médiatiques à grand renfort d’incantations vertueuses. Parler au nom du peuple en est le signe le plus classique.

Alors le premier souci doit être de discerner le Sens donné au bien commun.

On en retiendra quatre.

– Le bien commun est la constitution et la défense d’une souveraineté collective, forcément menacée par d’autres et nécessitant la prise de pouvoir par une avant garde éclairée et bientôt par un autocrate inspiré. Bien des régimes nous ont joué cette partition, celle de la lutte et de l’accaparement de richesses comme principaux enjeux politiques. Défense et protection.

– le bien commun c’est la gestion de la situation pour en préserver la continuité et pour lequel il faut à la fois s’adapter aux contraires de l’environnement, naturel, économique et social et réduire tout ce qui peut déstabiliser les équilibres anciens. Conservation et stabilité.

– le bien commun c’est la construction de la cité idéale. Il mobilise les compétences et les moyens pour une politique de progrès sous la gouverne d’une technostructure tutélaire. Il y faut un chef d’orchestre et des équipes efficaces.

– le bien commun c’est le développement de la communauté dans le Sens de son accomplissement humain et selon toutes les composantes de la vie collective. La démocratie basée sur la maturation collective et l’appropriation des enjeux et des voies de développement propre à la communauté et sa culture en est l’un des principes essentiels.

 

Les entreprises et le bien commun 5

20 Mai

Dynamiques humaines et management communautaire

Le Sens du bien commun est associé à une communauté de Sens, communauté de bien, communauté entreprenante s’agissant alors d’une entreprise. Il en caractérise les valeurs et tout processus d’évaluation. C’est aussi l’orientation, l’axe de cohérence de son développement. Reste à savoir quelles en sont les incidences pour l’action. D’abord l’action devient action communautaire, le fait de la communauté en action, le fait de l’action sur la communauté par ceux qui la dirigent et l’encadrent. Sur ce plan on peut parler d’abord de management communautaire pour spécifier quel nouveau type de management est nécessaire. En effet selon la conception de l’entreprise le type de management change. Une entreprise technique réclame l’application de techniques de management, une entreprise systémique réclame un management régulateur, une entreprise de puissance réclame des stratégies de pouvoir et d’emprise. Les entreprises communautaires réclament une gouvernance communautaire. il s’agit d’impulser et de piloter une dynamique humaine structurée et évaluée selon les critères de valeurs qui lui sont propres. Il s’agit toujours, une fois discerné le Sens du bien commun, de le faire partager par la communauté entreprenante chacun dans son secteur. Il s’agit aussi de le faire partager à ceux qui en sont clients et partenaires par exemple. Différentes méthodes sont alors pertinentes.

La méthode des référentiels de valeurs partagés (MRVP). Elle consiste à construire un référentiel de valeurs à partir du Sens du bien commun dont les repères et les expressions sont établis par un groupe de dirigeants ou de représentants du corps social concerné. Ce travail d’élaboration partagée a le mérite de renforcer un conSensus, un entendement mutuel, une motivation commune, une mise en perspective commune de l’entreprise. La méthode consiste ensuite à le démultiplier dans tous les secteurs, dans tous les métiers, en faisant traduire par les intéressés le référentiel générique dans les termes appropriés à chacun. De ce fait c’est une bonne méthode d’appropriation du même Sens du bien commun mais dans les langages et selon les contextes propres à chacun. Du coup les bénéfices d’entendement mutuel, de motivation commune et de mise en perspective de l’activité se retrouvent à tous les niveaux et en plus dans une cohérence d’ensemble inhabituelle. On peut y rajouter l’établissement d’échelles et de critères de valeurs spécifiques conduisant à des capacités d’évaluation différenciées selon les secteurs ou les métiers mais cohérentes pour l’ensemble. C’est là la résolution d’un problème rarement maîtrisé correctement. Le développement de cette capacité d’évaluation amène le développement d’une compétence collective et d’une intelligence partagée instaurant une auto formation de grande efficacité.

Pour partager le Sens du bien commun il y a aussi différents vecteurs parmi lesquels on peut citer par exemple : l’identité prospective de l’entreprise, la communication narrative, le marketing des valeurs… L’identité prospective est une façon de s’identifier en se projetant dans le futur dans une vision de développement désirable exprimant les valeurs dans lesquelles on se reconnait. C’est le Sens du bien commun qui en est le vecteur. La construction d’un référentiel de valeurs identitaires en est le moyen propice. il rassemble en effet les valeurs rétrospectives, repères de mémoire ou de ressources antérieures (d’où venons nous?); les valeurs introspectives par lesquelles se reconnaissent les qualités, talents, traits de caractères dans lesquels se reconnaître (qui sommes-nous?); les valeurs prospectives que l’on cherche à privilégier (qui voulons nous devenir?). Ce travail d’identité est gratifiant et mobilisateur, renforçant le cohésion mais aussi l’image projetée pour tous les publics et parties prenantes.

La communication narrative intègre le fait que le Sens, Sens du bien commun et valeurs associées, est véhiculé par l’image et le discours, les affects, les événements mais encore mieux par ce qui les intègre : une histoire dans laquelle se situer, se projeter. La communication narrative ou storytelling est un puissant vecteur de transmission du Sens du bien commun avec ses bénéfices de partage, de mobilisation, de cohésion et donc d’attractivité. On pensera aussi à un marketing des valeurs, vecteur de Sens à partager entre les communautés entreprenantes et leurs clientèles actuelles ou potentielles. Le marketing des valeurs est basé sur l’axe du Sens du bien commun. Outre qu’il confère aux produits et aux actes une valeurs partagée il permet aussi de donner leur cohérence à tous les termes sur lesquels reposent les stratégies et les actions qui en découlent. On pensera aussi à la gestion, au contrôle de gestion où les termes d’évaluation, de valeurs et d évaluer sont évidemment décisifs. On devine que le Sens du bien commun bouleversera ce domaine et résoudra les impasses auquel il se heurte habituellement. On comprend que les évaluations, la gouvernance, le management communautaire et de toutes nouvelles compétences dérivent de tout cela faisant des entreprises non plus des machines nécessaires aux fins incertaines mais le vecteur majeur des activités humaines dès lors qu’elles sont situées dans un contexte communautaire, celui où s’accomplissent les potentiels de l’humanité.

 

Les entreprises et le bien commun 4

19 Mai

Responsabilité sociale et socio-performance des entreprises

La question de la responsabilité sociale devrait entrainer deux autres questions. Par rapport à quels critères de valeurs cette responsabilité s’évalue et se réalise? Par rapport à quelle « société » cette responsabilité s’envisage? Les deux questions sont évidemment liées. Par exemple quelle est la responsabilité sociale des entreprises française vis à vis de la société chinoise ou vice versa? Si il s’agit d’entreprises qui travaillent avec la Chine où, mieux, si n’y travaillent pas. On voit bien qu’il n’y a là aucune évidence et que probablement cette responsabilité doit être située par rapport à une « société » ou une communauté de référence. Si tel est le cas alors le Sens du bien commun, les différentes expressions du bien commun, les valeurs, échelles de valeurs et mesures de valeur sont alors impliquées dans la nature et l’exercice de cette responsabilité. C’est bien par rapport à la communauté de référence, son développement, son économie communautaires que s’envisage la responsabilité. Sans cet enjeu pas de responsabilité sauf s’il s’agissait seulement de dénoncer quelque faute congénitale ou quelque nuisance fatale sur fond de culpabilité à sanctionner.

Il se trouve que le Sens du bien commun de toute communauté humaine l’amène à établir des relations avec d’autres communautés qui sont humainement recevables pour le moins et, mieux, qui peuvent être des relations de service. Ainsi la communauté entreprenante, si elle est prise comme référence, peut concourir au bien commun de communautés plus larges lorsqu’elle est engagée dans son propre Sens du bien commun. Par exemple les valeurs propres de l’entreprise entraînent à servir des communautés clientes en se souciant de leurs propres valeurs. Ce n’est pas la même chose que de prendre la communauté de clients comme communauté de référence, ce qui est aussi possible pour une entreprise, vouée alors à cette communauté là. Question de choix de communauté de référence.

Si on se situe maintenant dans une communauté de référence choisie comme par exemple une région, un pays ou toute autre alors la responsabilité s’envisage non pas en termes de nuisances mais de bénéfices pour la communauté selon son système de valeurs, son Sens du bien commun. Dans quels termes ce bénéfice est apporté? En termes d’économie communautaire, une conception nouvelle de l’économie, en termes de développement communautaire, en terme de devenir et d’empowerment communautaire. Il faut le rapporter, avec le Sens du bien commun, au paradigme communautaire qui monte de fait avec la mutation de civilisation. A l’ère de la mondialisation ce sont les communautés de vie et d’enjeux qui constituent le lieu des affaires humaines et des entreprises notamment. L’idée d’entreprises apatrides appartiens, à l’époque moderne, à un autre paradigme, le paradigme systémique où le concept de responsabilité sociale comme celui de bien commun n’existent pas. Le paradigme communautaire qui les place au premier rang est aussi celui qui ouvre à la liberté de choix mais aussi la responsabilité associée. Avec les ensembles communautaires la question se traite aussi à toutes les échelles : communautés et économies de proximité, communautés culturelles de marché, communautés monde. A chaque entreprise de savoir où elle habite et quels enjeux communautaires elle partage. Sans cela la responsabilité sociale est un leurre.

Vient ensuite la question de l’évaluation de cette responsabilité, de l’évaluation de la contribution aux enjeux communautaires selon le Sens du bien commun, les valeurs propres et les échelles de valeurs associées. C’est en termes de pertinence et de cohérence que cette évaluation est faite d’abord selon les critères précédents mais aussi en termes de performance si on se soucie aussi de sa mesure, celle de la valeur ajoutée, apportée, selon les critères précédents bien sûr. Il s’agit là de la socio-performance. La socio-performance est la mesure de la contribution de l’entreprise selon l’échelle de valeurs définie par le Sens du bien commun de la communauté de référence.

Le concept de socio-performance donne sa consistance à la responsabilité sociale c’est-à-dire communautaire. Il est tout à fait généralisable à toute communauté de référence. Socio-performance de l’entreprise dans la communauté territoriale où elle s’est engagée, socio-performance de l’entreprise par rapport à la communauté de ses actionnaires, à celle de son personnel, à celle de tel marché de clientèle. Mais il y a aussi la socio-performance vis-à-vis de la communauté d’entreprise, celle de ses équipes, de ses fournisseurs, de ses partenaires, de ses collaborateurs, de ses dirigeants, de ses différentes unités d’activité etc. En fait le concept de socio-performance est tout à fait le pendant de la question du bien commun, expression du Sens du bien commun d’une communauté de référence. Il est la question principale de tous les dirigeants et responsables d’entreprises et de tout projet, de toute activité dès lors qu’elle trouve son sens et sa valeur au sein d’une communauté humaine identifiée. Y-a-t-il quelque chose de plus essentiel, de plus concret, là où les abstractions quantitatives ont permis toutes les errances favorisant les aveuglements savants et calculés. On ne peut parler de responsabilité autrement. Si l’on ne s’y retrouve pas avec l’appareil verbal habituel en la matière alors il faut se demander quelle est sa socio-performance et ses critères de valeur et d’évaluation. C’est dire que la question de la socio-performance relative toujours à une communauté identifiée se pose à propos de toute chose, de toute activité, de toute entreprise dans toutes les affaires humaines.

 

Les entreprises et le bien commun 3

19 Mai

Evaluations, valeurs et valeur

La clé du management et de toute maîtrise professionnelle individuelle et collective passe par l’évaluation. Evaluation des situations, des projets par anticipation, des réalisations en cours et à leur issue, évaluations ponctuelles, périodiques, continues. Evaluations des compétences individuelles et collectives, des opportunités, des ressources. Evaluation des risques internes ou externes, évaluation des marchés, des parties prenantes, évaluation des évènements, évaluation de l’environnement dans toutes ses dimensions. On voit bien ici que l’évaluation est une activité principale pour tout responsable et dirigeant, y compris pour ceux qui, majeurs, veulent assumer leur activité et leur vie professionnelle.
Alors vient le problème de ce qu’est l’évaluation. Trois réponses classiques du qualitatif au quantitatif : l’intuition fruit de l’expérience, l’utilisation comparative d’un modèle de référence ad hoc, la mesure comptable de la valeur. Aucune de ces méthodes ne fait appel explicitement au Sens du bien commun et aux valeurs communes. De là des incompréhensions classiques, des incohérences, une déshumanisation des rapports, des conflits d’intérêts quasi mécaniques, et maintenant souvent l’appel incantatoire à des valeurs plus universelles les unes que les autres et donc anonymes. La communication avec la cité, le public et les parties prenantes est sans cesse faussée.

La crise financière a mit en évidence une dissociation entre la valeur et les valeurs, entre la rationalité purement comptable et les valeurs collectives. C’est un problème de fond qui peut se résoudre avec une conception et une pratique de l’évaluation fondée sur le Sens du bien commun. On en verra ici quelques articulations essentielles.

D’abord pas d’évaluation sans communauté de référence. Pour quelle communauté, dans quelle communauté veut-on évaluer. Se poser la question est capital, ne serait-ce que pour voir la diversité des réponses possibles et la confusion générale si on ne le fait pas explicitement, chacun évaluant alors de sa fenêtre. L’entreprise? Les actionnaires? L’environnement territorial? Le marché? Le personnel? En fait toutes les réponses sont légitimes. Celle choisie n’exclue pas les autres mais les relativise à la communauté de référence. C’est l’engagement dans le Sens du bien commun qui justifie cela. En effet les valeurs qui en sont les indicateurs sont des valeurs humaines. Le bien commun est un « bien de l’homme » et non pas l’objet d’un intérêt arbitraire. C’est donc « le meilleur » de la communauté de référence qui sera mis en commun. Nous sommes là au seuil d’une exploration philosophique et éthique qui sort de notre propos mais pas de celui de l’Humanisme Méthodologique qui sert ici de guide.

Ensuite vient l’élucidation du Sens du bien commun qui donnera son axe de cohérence à toute évaluation à partager. Elle relève d’une expertise qui rejoint et va au-delà de ce qu’une intuition aiguisée soutenue par une connaissance profonde des problématiques humaines permet d’atteindre. il s’agit d’un exercice d’intelligence symbolique pour accéder à des dimensions en général inconscientes des groupes et communautés humaines. Cette élucidation dépasse mais justifie des rationalisations auxquelles on est habitué concernant la raison d’être et les finalités de l’entreprise en en étendant le champ aux fins proprement humaines. Le Sens du bien commun et son expression constitue un puissant vecteur d’identification, de valorisation, de motivation, de mobilisation, d’intelligence collective, d’implication…

Ce travail de discernement permet d’identifier des indicateurs de ce Sens du bien commun que sont les valeurs propres. Ces valeurs ne s’expriment pas uniquement sous forme d’images idéales, de formules mais aussi de situations exemplaires, de sensibilités, d’ambitions, de modèles types, etc. En fait c’est tout un système de valeurs qui peut être dégagé autour de cet axe de cohérence et ce Sens. On pourra utiliser un référentiel de valeurs générales à partager et le décliner selon les multiples groupes et situations de réalisations. Ce type de référentiel constitue un référentiel d’évaluation partageable. En effet il permet notamment d’établir les échelles de valeurs selon le Sens du bien commun et attachées aux domaines d’application utiles.

On en vient à la question de la valeur, de celle que l’on mesure notamment par des moyens quantitatifs, notant que sans qualification la quantification n’a aucun sens. En fait la valeur dans l’entreprise ou toute communauté de bien est la mesure de la contribution à un bien commun. Elle se mesure donc sur une échelle de valeurs établie en fonction du Sens du bien commun et non pas selon des critères inconnus (philosophies de la comptabilité) ou totalement impersonnels, abstraits, c’est-à-dire sans valeur propre qui concerne véritablement les hommes impliqués dans la communauté entreprenante.

Sur ces principes est rétabli le lien entre la valeur et les valeurs en les référant au Sens du bien commun c’est-à-dire à la communauté entreprenante, la communauté de référence, communauté humaine aux finalités humaines et aux pratiques humaines. Cela change profondément tout le paysage de l’évaluation comme moyen de contrôle et de pilotage des affaires et des entreprises humaines.