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Lettre à un maire qui vient d’être (ré)élu

27 Mar

L’implication des habitants et des acteurs de la cité dans les affaires communes.

La défiance et même la colère des habitants et des acteurs vis-à-vis de l’action publique sont arrivés à un point de basculement. Il oblige à une mutation démocratique qui dépasse les bonnes intentions et les incantations.

Le modèle traditionnel dans notre pays a été marqué par deux approches complémentaires qui sont profondément remises en question.

Pour la première, l’action publique encadre et règlemente la vie et l’activité collective basée sur les expertises de l’Etat et des collectivités locales. Le résultat en est une ignorance fréquente de la chose publique par les populations et une mise en dépendance, même du politique.

Pour la seconde, l’action publique est conçue comme (re)distributrice de ressources et de moyens pour compenser des manques ou des besoins sociaux. L’ambiguité des motivations, la montée des exigences et des défiances avec les soupçons de clientélisme disqualifient la façon dont cette fonction est exercée et notamment son rapport coût/efficacité.

La mutation de notre époque et de notre monde, marquée par une succession de crises de transitions, se caractérise aussi par le développement progressif d’un processus d’autonomisation responsable, dite aussi « empowerment », des personnes et des communautés. Elle se caractérise aussi par la possibilité de multiplications des relations de proximité, même à distance, c’est-à-dire le tissage de liens autour d’enjeux communs, à toutes les échelles.

La réhabilitation des communautés d’existence et d’enjeux rétablit les conditions d’engagement et de développement communautaires des habitants et des acteurs qui s’y retrouvent.

La participation des habitants et des acteurs aux affaires communes trouve alors :
– un levier pour l’action et le développement individuel et collectif : des communautés majeures d’enjeux ou de territoires (quartiers, villes…) à toutes les échelles.
– un principe éthique : le Sens du bien commun, propre à chaque communauté et à chaque ensemble communautaire (quartiers, villes, communautés de communes, d’agglomération, régions, nations, etc.) qui exprime des valeurs, des richesses humaines et une motivation partagée.
– une trajectoire et une démarche de développement communautaire appropriée, en fonction des niveaux de maturité et de conscience avec de nouvelles méthode de participation démocratique.
– son propre modèle culturel de développement et de gouvernance communautaire où sont associées toutes les parties prenantes et les communautés impliquées.

Dès lors l’action publique se justifie par sa contribution au développement communautaire et donc aussi celui de tous ceux qui les constituent : personnes, groupes, acteurs, organisations… et non par une tutelle ou une ressource distributrice inépuisable, deux modèles « parentaux » pour mineurs.

Cependant de nouvelles compétences sont nécessaires, appuyées sur la connaissance des phénomènes et dynamiques communautaires, la mobilisation et l’accompagnement de processus d’autonomisation responsable. Ainsi les méthodes d’appropriation active des affaires communes, la conduite des processus de conscience et de maturation, la direction et la conduite de projets communautaires deviennent des conditions majeures.

Elle réclament :
– la constitution de pôles de compétence pour capitaliser et démultiplier ces compétences nouvelles.
– l’engagement d’une mutation culturelle et professionnelle des acteurs de l’action publique, conditionnés par les modèles classiques
le développent d’un nouveau type de gouvernance, la démocratie communautaire, dans tous les domaines de l’action commune.


La démocratie communautaire comporte l’articulation de trois niveaux d’exercice :
– la démocratie élective qui incarne le Sens du bien commun propre à chaque communauté. Pour la ville c’est le maire qui en est l’élu et exerce cette fonction de repère de direction et d’orientation avec l’appui des relais de sa politique générale.
– la démocratie représentative qui ne doit par rassembler seulement les élus du plus grand nombre mais aussi les représentants des groupes et communautés qui participent à l’édification du bien commun. Des conseils communautaires basés sur cette représentativité sont chargés de déterminer règles, cadres, projets, stratégies, etc. selon les niveaux de maturation collective acquis.
– la démocratie participative qui porte sur l’activité et les actions communautaires, selon les cadres et projets développés dans le Sens du bien commun et selon le principe : ce sont les acteurs qui agissent. Les acteurs sont les habitants, les forces vives, les groupes et communautés constituées, les entreprises et organisations, les institutions et tous ceux qui composent la communauté ou y participent.

La compétence collective et l’intelligence collective se développent à partir de cette participation aux enjeux communs et s’y exerce dans tous les domaines de la vie et du développement communautaire. Ce modèle de participation n’a rien à voir avec les simples consultations sommaires habituelles, ni les débats pseudo équilibrés, ni les négociations qui ramènent tout aux rapports de forces ni les naïvetés dont l’échec récurent ne trouble pas la répétition incantatoire. Il tiens compte de la richesse des potentiels humains individuels et collectifs mais aussi de leur nécessaire maturation au travers de situations et d’apprentissages progressifs préparés, soutenus et accompagnés.

Alors, avec la mise en place de nouveaux conseils municipaux, les maires de ce nouveau cru doivent songer non pas à reproduire les modèles qui les enferment mais à se préparer à cette mutation que la société civile attend de façon plus ou moins confuse et qui se manifeste déjà de plus en plus clairement.

A titre d’éclairage un texte de 2009 « le temps des démocraties majeures »

le 27 Mars 2014
par Roger Nifle
chercheur prospectiviste et promoteur d’un Humanisme Méthodologique.
mailto:rnifle@coherences.com

 

La participation démocratique

16 Fév

Participation des habitants et démocratie communautaire.

Un contexte en pleine mutation

En résonance avec la mutation de civilisation et les troubles qui l’accompagnent, le « modèle républicain » de notre pays se trouve aux prises avec trois forces qui se combattent et à une émergence qui est la réponse de la « société civile » avec la participation des habitants aux affaires communes.

L’universalisme formel considère que l’égalité formelle est sa traduction impérative. Il a besoin d’un Etat central de type jacobin pour normaliser et encadrer de ses normes et contrôles toute la société civile. Celle-ci peut s’étendre à toutes populations et territoires dans la mesure où ils rentrent dans ses normes de conformité. C’est comme cela qu’est conçu l’assimilation de ceux dont les différences sont ignorées.

Le nationalisme considère que la Nation est la propriété de ses membres et leur confère privilèges et protection. Il est ainsi inquiété par les emprises extérieures et les immigrations étrangères qui ne peuvent être tolérées que si elles respectent ces prérogatives. Sinon, leur marginalisation est impérative dans les ghetto que l’on connait.

Ces deux modèles conflictuels sont historiquement imbriqués dans des formes politiques multiples où le rapport aux étrangers n’est pas si différent et où le colonialisme en d’autres temps faisait quasi unanimité.

Avec l’évolution des esprits, et l’ouverture au monde un autre modèle est envisagé, une sorte de multi-culturalisme à la française où l’égalité devient droit de cité des différences, reconnues comme identités équivalentes dès lors qu’elles peuvent se réclamer d’une origine victimaire. Ce sont « les minorités«  qui constituent des communautés citoyennes en droit de « pouvoir d’agir », c’est-à-dire capacité à revendiquer leurs droits dans un rapport de force avec toutes les autres et en particulier ce qui faisait communauté nationale. Ce modèle ne peut que susciter des réactions défensives des précédents qui sont déjà à l’oeuvre. (Contrôle de l’Etat central, protectionnisme).

En même temps la société civile à la croisée de ses multiples racines culturelles et de son ouverture au monde commence à revendiquer une implication dans la participation active aux affaires communes. Le thème de la démocratie participative y a contribué même si son immaturité en a été sanctionné par l’échec à peu près systématique lorsque ce n’était pas simple simulacre. Cependant l’aspiration à une plus grande autonomisation et à la participation aux affaires communes font émerger un autre modèle de société. Combattu par les trois autres il lui faut trouver ses voies et moyens pour acquérir un maturité indispensable.

La démocratie communautaire est autant nationale qu’internationale ou locale lorsqu’elle est territoriale. C’est cependant aussi un modèle pour des communautés non territoriales, organisations, activités, projets, enjeux communs. Elle repose sur un principe : la recherche du bien commun à toutes les échelles communautaires.

Démocratie communautaire et participation des habitants.

La participation des habitants se doit d’être située dans une communauté de référence dont ils peuvent s’approprier la recherche du bien commun. Ce seront des quartiers, des projets d’intérêt commun, des villes et au-delà, à toutes les échelles. Habiter ensemble est alors aussi un engagement de l’avenir, d’un devenir commun comme aussi tout projet qui ne s’achève pas dans sa réalisation mais dans les visées communes qu’il poursuit.

La participation des habitants aux affaires communes ne peut se faire que par une approche d’appropriation active (ni simple adhésion, ni appropriation passive, ni revendication conflictuelle).

Dans le domaine territorial il s’agira de développer des communautés territoriales majeures et des projets d’intérêt public. Il faut insister sur le fait que cette maturité des communautés impliquées vise aussi leur participation à des communautés plus larges comme la considération de toutes les communautés transversales ou locales.

Le développement communautaire de territoires ou de projets réclame trois conditions impératives qui sont souvent négligées.

– L’instauration ou la restauration d’un identité commune mobilisatrice. Elle doit pour cela avoir des racines rétrospectives, une identification introspective de qualités et de valeurs communes singulières, une projection dans le futur désirable ou identité prospective. C’est comme cela que s’exprime le Sens du bien commun tel qu’il a pu être élucidé au préalable (méthodes d’analyse de cohérence culturelle).
– La création d‘une dynamique humaine d’implication et d‘apprentissages progressifs qui se traduise par une intelligence collective des affaires communes, une créativité et des compétences associées. La démarche présente un caractère d’apprentissage qui ne peut être seulement ponctuel mais vise à franchir différentes étapes de maturité, ce qui caractérise la poursuite d’un bien commun d’autonomisation responsable.
– Le développement d’une gouvernance démocratique appropriée à la communauté. Cette gouvernance démocratique ne peut qu’être le fruit d’une expérience et d’un apprentissage progressifs. Une communauté majeure doit se gouverner y compris dans ses rapports avec d’autres communautés mais sa gouvernance dépend du niveau de maturité communautaire.

La gouvernance communautaire des communautés majeures.

Elle comporte trois dimensions articulées.

Une démocratie élective pour la désignation d’une personnalité incarnant le Sens du bien commun pour en constituer le repère, oeuvrer au consensus et indiquer la direction. Le mode de choix ou de désignation (élection) dépend de chaque communauté, sa culture et de son niveau de maturité.

Une démocratie représentative qui représente les différentes populations, groupes et acteurs de la communauté afin de constituer (concevoir et établir) les références communes en termes de règles, de projets, de cadres institués, de stratégies, en cohérence aussi avec la participation à d’autres communautés plus vastes.

Une démocratie participative qui n’est autre que la participation des habitants, groupes et acteurs aux actions et activités communes, depuis leur définition, leurs réalisation, et leur évaluation. Cette participation active s’appuie sur les références communautaires et sur tous les concours ou services qu’elle peut solliciter (publics ou privés). Sans les références communautaires et sans les concours sollicités la démocratie participative reste un leurre entre naïveté immature et déviances opportunistes.

Dans une communauté en cours de développement les différents niveaux de démocratie doivent faire l’objet d’assistances ou de substituts temporaires selon leur niveau d’évolution (Chefs de projets, comités de participation…).

Les conditions de mise en oeuvre

Elles dépendent du niveau de maturité de la communauté initiatrice (ex : la ville pour le quartier ou les projets publics) et se traduisent par un mode de gouvernance des projets participatifs.

Ignorance des processus de participation communautaire

Les actions sont alors ponctuelles et semi-clandestines. C’est le cas le plus fréquent actuellement, ce qui pose des problèmes de pérennité.

Orientation vers un participation communautaire

Ce sont des projets ponctuels de concertation ou de développement communautaire de quartier qui réclament une volonté politique suffisante pour en assurer la pérennité dans un milieu fondé sur d‘autres logiques.

Mise en oeuvre d’un management par projets communautaires

Comme le management par projet il consiste à confier à un pôle de compétence la conduite des projets et des actions publiques. Il s’appuie sur les services qui sont soit des services supports soit qui assurent le fonctionnement administratif et technique quotidien. Ici le pôle de compétence est constitué principalement de chefs de projets généralistes particulièrement formés au développement communautaire et à la conduite des dynamiques humaines d’appropriation active.

Choix d’un nouveau mode de gouvernance pour la communauté initiatrice (ville etc.)

C’est toute la gouvernance de la cité qui est alors à revoir avec les trois niveaux : de démocratie élective (ex : le maire), de démocratie représentative (les élus et d‘autres représentants de la cité), de démocratie participative pour toute l’activité et l’action communautaire. Un tel mode de gouvernance, adapté à chaque communauté, ne peut résulter que d’un processus de développement communautaire à ce niveau.

Roger Nifle 14 Février 2014

 

Quel modèle de société ?

25 Déc

Quatre modèles de société

La mise en question du modèle de société dans notre pays est de plus en plus patente. Différents rapports sur l’intégration en sont des analyseurs. Deux modèles sont d’ores et déjà en conflit, l’universalisme républicain et le différentialisme.

Le modèle rationnel. L’universalisme Républicain est devenu une prétention exorbitante au point de vouloir s’imposer au monde entier. Justifié par une interprétation opportuniste des Lumières et de la Raison il fait de la rationalisation de la cité un idéal. Seulement une organisation rationnelle tutélaire y exerce le pouvoir : l’Etat. En fait c’est une oligarchie élitiste qui gouverne à partir de ses bonnes Raisons, et de son monopole de la détermination et du jugement de l’intérêt général. Cet universalisme de la raison supérieure réduit ce qui fait la singularité de chaque être humain et chaque communauté culturelle à ses normes, uniformes. C’est donc là un anti-humanisme qui fait de l’accessoire, la raison, l’essentiel et de l’essentiel de l’humanité en l’homme une tare à éliminer… C’est pour cela que l’émancipation de toute origine et racine culturelle, familiale et religieuse, leur éradication est posée publiquement comme finalité de l’école et le conditionnement normatif aux productions de la raison comme la méthode de formatage et de sélection des élites. Cet universalisme abusif crie au loup dès qu’il faut prendre en considération quelque différence non dûment rationalisée. Ce projet est toujours à l’oeuvre au nom de l’égalité, une « valeur » dénuée de rigueur conceptuelle en l’occurrence. Dans ce modèle il y a la société civile, une société inférieure, sous tutelle y compris ses prétentions démocratiques. C’est le terreau sur lequel prélever des ressources, exercer un contrôle normatif, ruser avec les passions, justifier ses fonctions propres, et jouer avec des libertés fantasmées conçues comme accès aux droits distribués par l’Etat et sous son contrôle. Les étrangers sont invités à se fondre dans cette société civile et toute communauté est suspecte ce qui fait que le lien social est sous la dépendance de l’Etat et la foule de ses structures intermédiaires et associations en mission de service public c’est-à-dire de l’Etat. On notera que l’assistanat est indispensable pour tenir en dépendance la société civile, qu’elle soit bénéficiaire ou ponctionnée, ou les deux.

Le modèle passionnel. Le différentialisme. La révolte contre le système précédent se fait au nom des différences et de la conflictualité attachée à leurs revendications ou leur défense. Les hommes sont identifiés à leurs passions et leurs rapports de force justifiés par des différences apparentes forcément inégalitaires. Chaque groupe s’identifie à la défense de ses intérêts et leur légitimité historique. Celle-ci vient de l’oppression des autres groupes, alliés quelques fois dans quelque conflit mais adversaires par réduction aux différences patentes et leurs conflits existentiels. A certains d’origines étrangères on donnera un pouvoir d’agir qui serait plutôt « pouvoir de réagir contre »… les autres. D’autres verront dans le multiculturalisme une menace pour leur identité propre pendant que d’autres le revendiquent. D’autres encore, réunis en groupes d’intérêts corporatistes chercheront à gagner contre tous les autres. Des communautés d’identité défensive alimenteront le fameux communautarisme par leur intégrisme ethnique, religieux, philosophique ou même économique. Le régime des passions est aussi celui du populisme. On notera que le peuple est appelé à se révolter contre l’oppression désignée, celle des autres qui n’en font pas partie. De ce fait les « milieux populaires », le peuple de gauche ou de droite, sont convoqués à cette résistance ou cette révolte en solidarité avec d’autres communautés discriminées avant de combattre contre leurs prétentions. Des mouvements comme le féminisme, le LGBT, les ex colonisés, les antirascistes ostracistes, les racistes exclusifs, alimentent un populisme généralisé ou chacun se juge l’opprimé de l’autre et légitime ainsi sa défense et ses attaques. Ce modèle de société qui a eu ses heures de gloire avec la lutte des classes et les conflits mondiaux du siècle dernier reste toujours agissant, celui de tous contre tous, de l’autre comme menace. C’est l’un des modèles jugé réactionnaire par le modèle universaliste étatique dit républicain.

Mais ces deux modèles ouvrent sur une autre alternative décisive, la voie de la facilité ou la voie de l’exigence humaine.

Le modèle naturel. Les lois de la nature des choses régissent les affaires humaines croit-on. Alors n’ayant de cesse de dénoncer les atteintes de l’homme à la nature par tous les actes de civilisation et de progrès matériel consommatoire, le retour au naturel est le leitmotiv d’une néo modernité. Vie naturelle, empreinte minimale, respect des besoins naturels et des comportements instinctifs, valorisation de l’enfance et des âges premiers, bons sentiments, relations spontanées, sont autant de critères de bonne conscience où la biologie fait figure de sacré. La vie est un jeu que les autres sont invités à partager. Mais la nature des choses s’exprime aussi dans les lois scientifiques, sociologiques, technologiques même. Dès lors de nouveaux modes de vie respectueux des évolutions biologiques, bio technologiques, d’une économie naturelle dans ses lois et ses productions durables intègrent aussi des relations dégagées de morales et d’exigences qui n’ont pas lieu d’être selon la nature des sentiments et des besoins ressentis. Ce modèle qui s’exprime dans des milieux de proximité ou dans des mouvements mondialisés, dans le local et le global, rejoint le rapport quasi religieux à la terre et à la planète reliées par des systèmes qui tissent les liens d’un transhumanisme, ou d’un post humanisme pour d’autres. La conscience comme évidence collective, se débarrasse des exigences et des disciplines de maîtrise de la nature et de la nature humaine et s’érige en éthique de la nature. Dès lors, au nom de la nature des choses ou des pulsions, toutes les monstruosités sont possibles. Rappelons-nous la place de l’éthique naturaliste dans le nazisme ou de l’éthique sociale égalitaire du stalinisme. Ce ne sont pas des accidents mais les conséquences d’un déni d’humanité.

Le modèle communautaire. La communauté de bienveillance veille au bien de chacun et au bien commun. Comment penser bien commun sans une communauté, une conscience collective, un Sens donné au bien commun qui soit le bien de tous parce que celui de chacun. Le bien humain est dans son devenir, ce que vivre veut dire qui n’est pas survivre. Veiller au bien ce n’est pas autre chose que veiller à ce devenir. Bienveillance nourricière, éducative, économique, politique telle est la responsabilité de chacun et le service qu’il reçoit de la communauté et des autres. Ainsi chacun est à la fois source de bienfaits pour la communauté selon ses potentiels et singularités et à la fois bénéficiaire de bienfaits de par la communauté et les autres. Mais chaque petite communauté est aussi membre de plus grandes et fait l’objet de bienveillance de même que l’on peut attendre sa bienveillance à l’égard de la communauté plus grande et ainsi jusqu’aux plus grandes, territoriales ou non. C’est ce qui permet la diversité culturelle, religieuse et l’altérité des personnes dans un rapport réciproque de bienveillance mutuelle au sein de communautés de devenir. Penser le rapport de bienveillance qui est un respect mais orienté vers un devenir commun et aussi singulier, amène à penser toutes ses formes et ses pratiques, ses degrés et ses déviances. La communauté de bien est donc la base de toute société et de toutes les affaires humaines lorsque le bien humain est le critère de valeurs et donc d’éthique c’est-à-dire un humanisme véritable. Le modèle communautaire n’est pas un angélisme puisque toujours à l’oeuvre au travers de toutes les affaires et les situations humaines. Il est cependant le seul capable de les réguler en rapport avec un Sens du bien commun associé au développement et l’accomplissement humain. Politique et démocratie, économie et activités, éducation et développement sont tous à penser et réaliser sous le régime de la bienveillance, non sans exigences de réciprocité. C’est bien sûr comme cela que doit être accueilli tout autre, nouveau né ou étranger, personne ou communauté.

 

Un projet de société l’exemple caraïbéen

23 Juin

Un projet de société pour la Caraïbe, le modèle Caraïbéen.

Caraïbe ou Caraïbes ? Tel est le signe emblématique de la question. UN projet, UNE société là où le pluriel se conjugue au singulier; là où une singularité commune donne sa cohérence à la multiplicité; là où la communauté rassemble toutes les singularités.
Pourquoi un projet de société ? Pour construire un devenir commun, celui de chacun dans le mouvement de tous. Un projet réclame un sujet, une identité commune, une volonté partagée, une compétence collective pour construire, orienter et poursuivre une histoire commune. Une société c’est l’organisation de la vie en commun mais pour les hommes vivre c’est devenir.

La multiplicité des terres, des origines, des cultures, des religions, des monnaies, des histoires, des langues, des modes de vie, tel est le quotidien de la Caraïbe. Ce n’est pas sans rapport avec la créolisation qu’un Edouard Glissant situait comme une singularité d’intérêt universel dans le monde qui vient. «La pensée unique frappe partout où elle soupçonne la diversité» disait-il. Mais il n’y a pas qu’une seule pensée unique, en voici des caricatures explicites qui aussi se conjuguent.

La «normalitude»
Sans doute celle qu’Edouard Glissant stigmatisait. L’universel patenté par l’exception culturelle et justifié par une (la) raison supérieure. La norme s’impose comme règle, structure, forme, dogme, avec sa vertu de conformité. Le vice c’est l’a-normalité, c’est-à-dire la différence. Le Même doit s’imposer à tout Autre. Tous les domaines de la vie commune sont structurés selon le dogme de la rationalité universelle : juridique, administrative, scientifique, éducative et son identification à la vertu. Le conformisme l’emporte sur toute créativité. Égalitarisme normatif ou étatisme ne sont pas loin.

La «bloc attitude»
Il s’agit de faire corps contre l’adversité. Tous soudés par une passion, une pulsion ou des mécanismes compulsifs de rejet, de refus, de dénonciation. L’action collective c’est «tous ensemble contre», la lutte comme principe moteur, le sentiment fusionnel comme liant de solidarité où les différences se fondent en se confondant. L’exclusion comme méthode de combat contre l’exclusion. Quelle société cela produit? Totalitarisme.

Le «chacun pour moi»
La généralisation des privilèges et des droits, sans limite commune sinon par la querelle des égos. La souveraineté revendiquée, exigée, par chaque groupe, chaque particularité, chaque individualité ne compose pas une mosaïque mais un champ d’arrangements opportunistes aux configurations variables, utilitaires. Des coalitions d’intérêts, toujours provisoires. Individualisme profiteur et revendicatif.

La communauté caribéenne en projet, l’alternative du paradigme communautaire.

Les communautés humaines sont des communautés de personnes et des communautés de communautés. Les personnes sont parties prenantes de plusieurs communautés, héritées ou choisies, petites et grandes, organisations, associations, sociétés, communes, groupes, régions, nations… Les communautés sont le seul lieu de la condition humaine où se joue le devenir de chacun et de tous.

Les principes

La communauté caribéenne est d’une culture d’archipel, une communauté de singularités dont l’autonomie dépend de celles qui la composent. Un premier enjeu de tout projet de société c’est l’autonomisation ou empowerment communautaire qui ne va pas sans celui des personnes. Identifier et différencier les communautés par leur originalité, leurs potentiels, c’est un premier travail de reconnaissance indispensable.

Cultiver les potentiels identifiés, tels sont les enjeux du projet de développement communautaire. C’est comme cela qu’une société se construit par l’édification de toutes ses parties prenantes. Encore faut-il reconnaître les richesses humaines, de compétences, de caractère, de sociabilité, de spiritualité, pour pouvoir les cultiver. Un modèle de gouvernance multi communautaire est certainement une des oeuvres majeure à accomplir ici.

Repenser l’économie comme économie communautaire, des communautés les plus petites jusqu’à la communauté caraïbe en passant par toutes les communautés qui la composent et tous les ensembles qui la structurent. S’il est centré sur la communauté le champ de l’économie n’a pas de frontières pour autant. C’est un nouveau modèle économique qui doit être inventé avec le rattachement de la valeur des biens et services aux valeurs communautaires et ces derniers au Sens du bien commun pour les évaluer.

La méthode

Les principes et les articulations posées, la méthode de l’Humanisme Méthodologique commence par l’identification des communautés parties prenantes et l’analyse des cohérences culturelles. L’identification du Sens du bien commun et des valeurs et potentiels associés en est le résultat.

La démarche se poursuit par l’ébauche d’un projet cadre, d’une ambition qui exprime le Sens du bien commun selon lequel chacun pourra se retrouver et auquel contribuer.

Ensuite vient le temps de la participation active des acteurs pour construire dans leur domaine les projets qui s’inscrivent dans le cadre précédent établi par leurs représentants.

Ce processus est celui d’une mise en mouvement et d’une participation, progressives et structurées. Il est aussi celui d’une maturation et de l’apprentissage de compétences collectives avec un nouveau type de gouvernance démocratique.

Reste à l’entreprendre, mais pour cela il faut des entrepreneurs.

Pour en savoir plus sur le paradigme communautaire :

Cet article sera publié par la revue Interf@ces de juillet 2012

 

Elire un président, oui mais pour quelle république ?

02 Mar

La république est-elle une entité sacrée et universelle ou bien un mode de gouvernance de la société? Est-elle un contre pouvoir ou un pouvoir dominateur ? La république est-elle synonyme de démocratie ou de régime totalitaire. Les références historiques gréco-romaines, les discours révolutionnaires et post révolutionnaires, l’expérience des «républiques populaires» et la comparaison des multiples modèles contemporains montre qu’il n’y a pas une seule définition possible. Chacun peut l’interpréter dans le Sens qui lui convient légitimant ses projets et ses désirs, ses valeurs, ses ambitions et ses croyances.

Au moment d’élire un président de la république on pourrait penser que le choix porte sur le meilleur de ceux qui incarnent les valeurs et enjeux de la république. C’est le cas en période pacifiée où le consensus national républicain permet ce type de choix. Si ce sont plusieurs conceptions de la république qui sont en jeu il y a alors un enjeu implicite de refondation, de remise en question.

Nous y sommes. Non pas que ce soit nouveau dans l’histoire de notre pays mais, hormis dans des périodes de crise, la question ne s’est pas posée explicitement, chacun cultivant implicitement sa conception derrière un conSensus supposé. Les références au Conseil National de la Résistance, plus de 65 ans après sont à prendre soit comme un repli conservatoire soit comme l’émergence d’une remise en question radicale. La mutation de civilisation, les turbulences du monde actuel qui avance de crises en crises ébranlent les croyances sur le plan symbolique et les structures sur le plan politique et économique.

L’élection du président de la république est ainsi l’élection d’un type de république que les candidats incarnent chacun. Pour préparer son choix ou en comprendre les implications, une typologie des conceptions de la république, du point de vue de la culture française serait bien utile. Cette typologie peut-être aussi utilisée pour comprendre les rapports avec le monde actuel et l’Europe en particulier.

Pour cela une analyse des Sens et cohérences de la culture française (Travaux de l’Humanisme Méthodologique – 1981) http://journal.coherences.com/article302.html permet de construire cette typologie ou du moins d’en donner quelques repères.

On donnera d’abord quatre constituant deux couples antagonistes et ensuite leurs croisements qui dessinent quatre types de républiques qui occupent l’esprit des français et sous-tendent les positions tenues.

Les repères

La république authentique : la gestion démocratique des affaires communes
à l’inverse :
La république dogmatique : modèle idéologique totalitaire de référence

La république révolutionnaire : L’opposition radicale aux pouvoirs établis
à l’inverse
La république organisatrice : L’édification d’un Etat de droit

Les conceptions explicites ou implicites des candidats.

La république dogmatique révolutionnaire : Les extrémismes manichéens et fascisant

Au nom de cette république on entend la fureur, dénonciatrice d’un système assimilé à quelque connivence avec le mal. Evidemment les tenants de cette république manichéenne se portent mutuellement une haine qui les engage à se détruire les uns les autres comme au bon temps de la guillotine pour trancher les sujets à coup de justice et de morale expéditives. Leur conception de la démocratie est plutôt celle de la rue et ses hurlements que celle de la délibération des citoyens. Est-ce que cela s’appelle populisme? Alors être président de la république n’est ce pas être le prochain décapité ? On sent d’ailleurs souvent d’étranges reculs des candidats affichés. Sont-ils à la tête de «partis de gouvernement» ?

La république organisatrice dogmatique : L’Etat jacobin et les oligarchies

La démocratie a souvent été assimilée au gouvernement de notables constituant une aristocratie hiérarchisée et auto-légitimée. L’Etat jacobin, maintenant en crise, en a poussé l’organisation à des sommets de rationalité étendant son pouvoir sur toutes les sphères de la société. Rationalité scientifique, juridique, économique, administrative, tout cela justifie une oligarchie et sa morale élitiste, c’est-à-dire qui confond élite et pouvoir, raison et pouvoir. La Raison d‘Etat y a toujours raison. Alors que vient faire un président de la république ici ? Se vouer à la défense de l’Etat dont il n’est le chef que pour cela. Le service de l’Etat est alors considéré comme étant celui de l’intérêt général et donc ne se discute pas. Au passage, république ou pas cela ne change rien sauf les sacralités idéologiques justificatrices invoquées.

La république authentique révolutionnaire : La défense du peuple contre les puissants

Le souci exclusif des plus pauvres, des plus faibles, des déshérités, des handicapés, fait de la république une «république providence». Il est d’ailleurs étrange que l’on parle d’Etat providence alors que ce sont les «partenaires sociaux» qui géraient seuls les dispositifs de «sécurité sociale». Au-delà des frontières le champ de son dévouement exclusif aux «pauvres» est assimilés à la protection et la défense des peuples contre les tyrans c’est-à-dire les pouvoirs en place. C’est ce qui fait de cette république revendicatrice une machine de guerre contre le pouvoir établi et non pas une méthode de résolution des problèmes. La république des bons sentiments sert les intérêts des bonnes consciences. La surenchère électorale, en dépit de la question du Sens du bien commun remplace la communauté nationale par la figure morale du peuple forcément opprimé. Le candidat président, comptable des affects, chercherait-il dans un bain de souffrance un brevet de sanctification?

La république authentique organisatrice : La construction d’une nation exemplaire

La communauté nationale est constituée par la participation à un projet commun qui mobilise conscience collective, intelligence collective, compétence collective. Ce projet est celui de l’élaboration et l’exercice d’une gouvernance communautaire démocratique. Il conjugue les réalités locales des français et de leurs communautés de vie et d’activités avec les réalités globales du monde actuel et celles des communautés de voisinage comme avec l’Europe. C’est comme cela que l’on peut dire que le projet national est avant tout un projet «politique» et la république son incarnation. Le président de la république, chef de l’Etat national en est comme le chef de projet. On en attend les propositions faites aux français des enjeux et de la méthode qui les mobilisera, en fonction de leurs situations dans le moment présent et pour le futur. Alors espérons les projets de gouvernance démocratique des enjeux communautaires pour une république du 21 ème siècle à l’ère de l’expression généralisée des cultures et des moyens de communication communautaires.

 

Assistance ou assistanat

18 Fév

Méditations d’humanisme méthodologique

L’assistance consiste à apporter une aide à une personne ou une communauté de personnes. La moindre des choses est «d’assister» à la situation personnelle, ses conditions de vie mais aussi la capacité à assurer son existence. Dans une même situation l’un a besoin d’assistance l’autre non. Le premier acte de l’assistance c’est la «considération» de la personne en situation.

Ensuite on peut se demander pourquoi un besoin d’assistance. Le besoin suppose un manque, une défaillance par rapport à la poursuite d’une existence proprement humaine.
Cette défaillance de la personne à assister est bien dans le rapport entre ses capacités actuelles et les conditions de son existence, eu égard à cet enjeu d’une vie proprement humaine.

On pourra distinguer d’abord la misère qui est une absence de maîtrise des conditions de son existence. Elle réclame une prise en charge. Mais cette prise en charge doit viser une restauration de cette maîtrise ou du moins de ce qui en est possible. L’enjeu d’une vie proprement humaine n’est pas de survivre mais d’accomplir son humanité selon sa vocation propre. C’est pour cela que cette assistance doit être aussi pour une part éducative, ré-éducative. Cela dépend donc du rapport de la personne à ses conditions d’existence et pas seulement de ces conditions là ou de la personne seule. Il s’agit bien à la fois de la personne, de ses conditions d’existence et de la restauration de ses capacités de maîtrise humaine.

Est à considérer ensuite la pauvreté qui est une faiblesse dans les conditions d’existence et de développement humain. Les communautés humaines assistent leurs membres pour se développer et devenir capables d’assumer leur subsistance selon leurs capacités propres dans la participation à une existence communautaire. Il s’agit là d’un accompagnement qui dépend de la situation des personnes et des conditions d’existence communautaire. L’accompagnement est forcément personnel, interpersonnel, puisqu’il suppose la considération des personnes et de leur situation. Il est forcément communautaire puisque ces conditions relèvent de la condition humaine qui est toujours communautaire. Dans une communauté donnée cette assistance est différenciée, personnalisé et si elle ne l’était pas elle serait dépersonnalisée, dépersonnalisante.

Il arrive évidemment que la communauté, communauté de proximité, famille, par exemple soit en situation de pauvreté et doive être assistée elle-même pour pouvoir assister ses membres. Cette assistance d’accompagnement doit aussi être différenciée, à la fois selon sa culture propre et selon les conditions de son existence qui relèvent d‘une communauté plus vaste. C’est au sein de communautés de communautés que l’assistance communautaire doit être exercée.

Il arrive que des communautés de communautés de grande taille soient elles-mêmes en situation de pauvreté. C’est le cas de régions ou de pays par exemple. L’assistance-accompagnement pour ces pays doit se faire au sein de communautés de pays pour qu’ils en viennent à participer à leur développement commun selon leur culture propre, les conditions et les enjeux communs.

L’assistance aux personnes implique que leurs communautés soient en mesure de leur apporter l’aide nécessaire. Pour cela elle doivent être aussi assistées en tant que de besoin par les communautés auxquelles elles participent et ce à toutes les échelles utiles. La considération des personnes et la considération de leurs communautés vont de pair.

Vient ensuite la question de l’enrichissement humain, simultanément développement personnel et développement communautaire. C’est l’enjeu d’une grande part des activités humaines. Peut-on parler d’assistance à ce niveau? Oui. Il s’agit alors du service de la communauté aux personnes et du service des personnes à la communauté. L’économie communautaire est d’ailleurs une économie de service de production et d’échanges de biens et services dans le Sens du bien commun. L’assistance est ici un service, service de participation au bien commun service d’enrichissement mutuel, personnel et communautaire. Là aussi toutes les échelles communautaires sont à considérer. (cf économie communautaire et développement approprié )

Enfin vient l’assistance à l’autonomie des personnes et des communautés. Le rapprochement des termes est paradoxal puisque l’autonomie vise à assumer par soi-même les conditions et contingences de son existence. L’assistance est alors seulement une présence, la présence d’une autonomie à celles qui se cherchent, une simple considération éclairée et éclairante. C’est la vocation de l’autonomie des hommes et des communautés que d’assister de leur présence-repère la recherche de celle des autres. C’est là que se justifient les rôles d’autorité.

L’assistanat

C’est une caricature de l’assistance qui trahit à peu près tous les principes précédents au profit de justifications par quelque bout, antihumanistes. Qu’il se justifie par une déclaration de solidarité et même un pseudo humanisme ne fait que manifester une hypocrisie, une certaine duplicité.

Michel Serres raconte qu’un jour, arrivant en retard à une réunion d’expert, il fut frappé par cette évidence : les participants n’étaient pas là pour résoudre le problème mais pour s’en nourrir. Il venait de publier un livre intitulé « Le Parasite ».

L’assistanat est un système d’assistance individuelle qui méconnait la singularité des personnes. L’argument d‘égalité en est une justification opportuniste alors que rien n’est égal chez les hommes et leurs situations sinon l’égale dignité de leur humanité. L’argument d’égalité vient gommer l’humanité des hommes les réduisant à quelque aspect de leur existence : matérielle, sentimentale, idéelle. L’assistance ignore alors l’humanité des personnes et, par suite, celle de leurs communautés d’existence. Du coup l’assistanat, par sa méthode et sa fonction réductrice, appauvrit l’humanité des personnes, les tiens dans une logique de régression, les considère et les maintient comme mineurs, se tient dans une posture tutélaire.

L’assistanat se nourrit d’immaturité et l’entretien. On s’étonne alors que plus on y investit plus les besoins augmentent alors que le critère d’une assistance authentique serait l’inverse. Le déficit des moyens est donc intrinsèque à l’assistanat et non pas accidentel. Il y a duperie sur les valeurs et, bien sûr, refus ou détournement de toute évaluation.

Le modèle français de l’Etat providence est devenu un modèle d’assistanat.
– Assistanat de l’Etat à des individus anonymes
– Substitution de l’Etat jacobin à la communauté nationale avec le déni des communautés ramenées à leur seule dimension d’archaïsme.
– Réduction individualiste de la personne, atomisée pour sa dimension matérialiste, simple entité juridique ou organique pour sa version rationaliste, objet biologique pour sa dimension naturaliste.
– Hégémonie du «service public», anonyme, sur les affaires communes et substitution de la suprématie de l’intérêt général sur le Sens bien commun.
– Déni des cultures et des différences au profit de la seule diversités des apparences
– Captation d’une part de plus en plus grande de la richesse nationale (la plus importante du monde)
– Organisation de systèmes et de structures de défenses des intérêts de l’Etat au détriment des intérêts de la nation. Le service de l’Etat se substituant au service de la communauté nationale.
– Critique des initiatives communautaires d’assitance, dénoncées comme communautaristes.
– Coalition d’intérêts particuliers établis comme intérêt général.
– Sacralisation de cet intérêt général particulier et criminalisation implicite des intérêts particuliers.

Et maintenant.

La mutation de civilisation du monde actuel se traduit par une reconnaissance des communautés culturelles, ici et ailleurs. Cette reconnaissance va avec la reconnaissance des liens interpersonnels et intercommunautaires dans un monde de nature humaine. Un nouvel humanisme, plus méthodologique qu’idéologique est en train de naître. Le modèle français est mis en péril de toutes parts et se conduit comme une forteresse assiégée. La dénonciation des intérêts particuliers alors qu’ils sont induits en partie par la philosophie impersonnelle de l’Etat jacobin est la conséquence d’une absence de considération de l’humanité de l’homme. Elle est remplacée par des normes, des procédures, des formalismes juridiques ou même statistiques, comme si l’assistance relevait du droit et non de la fraternité humaine. L’assistanat est une forme parasitaire de l’assistance.

Si vous entendez parler d’assistanat dans un concert de hurlements vous saurez à quoi vous en tenir.

 

L’Europe et la Grèce, l’heure de vérité.

15 Fév

L’Europe est un noeud de civilisation, de civilisations même pour être dans l’actualité. «L’Europe est une confédération d’Etats réunis par l’idée commune de civilisation» (Ernest Renan 1870). La Grèce y est pour quelque chose avec la démocratie, la philosophie de l’être que la pensée juive et chrétienne ont complété en leur temps. Mais sait-on que le terme d’Europe aurait été employé en Grèce pour désigner les terres du nord considérées comme barbares. Pour la Grèce l’Europe c’est le pays des barbares. «Était … barbare celui qui au lieu de parler grec — de posséder le logos — faisait du bruit avec sa bouche.» http://fr.wikipedia.org/wiki/Barbare . C’est bien ce que certains doivent penser de ceux qui viennent de Bruxelles ou d’ailleurs.

Une analyse des cohérences culturelles de l’Europe ( http://journal.coherences.com/article424.html ) a mis en évidence la diversité des logiques culturelles de l’Europe, autant de façons de la concevoir et d’agir. Comment L’Europe peut-elle traiter la Grèce? La question se pose pour la Turquie ( http://journal.coherences.com/article195.html )

On peut donc envisager quatre versions selon les conceptions de l’Europe. Ces quatre versions combinent les attitudes essentielles de rapport à l’autre à l’autre nation notamment. Ouverture ou défiance, confrontation ou défense.

L’Europe des puissances et des affaires. Elle est constituée comme une coalition d’intérêts qui se font aussi la guerre comme cela a été le cas dans l’histoire. Confrontation et défiance tels sont les principes de cette Europe entre ses parties prenantes et le reste du monde. C’est bien un des jeux du moment où le souverainisme et l’anti-mondialisation conduiraient à ce que chacun reprenne la défense de ses intérêts, vaque à ses affaires. La Grèce d’aujourd’hui n’intéresse guère cette Europe

L’Europe des normes et de la monnaie unique. Son idéal c’est un Etat unique qui règlemente et administre. Ses principes sont l’ouverture aux autres (sans limites?) mais dans une attitude défensive qui enferme les différences dans le corset de la normalisation. Inutile de la décrire on la connait bien. La Grèce y a été intégrée comme tout le monde sans plus de respect de ses différences mais avec le jeu des apparences qui s’est effondré. Alors faut-il continuer à sauver les apparences de cette Europe? A quel prix pour la Grèce et pour l’Europe. L’important pour l’Europe c’est que la Grèce revienne dans les normes, de verrouiller un peu plus ses disciplines normatives. Pour l’instant pour les grecs c’est monnaie unique, monnaie inique.

L’Europe impérialiste forteresse assiégée. L’empire romain en passant par la chrétienté, jusqu’à Napoléon et Hitler, ont alimenté le rêve fantasmé d’une Europe dominatrice du monde. Cette Europe conjugue la défiance et la défense. Elle existe contre les menaces extérieures et intérieures. Aujourd’hui les ambitions prêtées à la Chine, l’Amérique, les pays émergents, les pays arabes, justifient la construction de cette forteresse sans laquelle nous serions évidemment écrasé. Le protectionnisme européen y trouve ses bases ainsi que la construction de barrières contre toutes les menaces y compris celles de l’immigration, de l’invasion par des produits étrangers et des religions. La Grèce constitue une brèche qu’il faut vite colmater parce qu’elle menace tout l’édifice.

L’Europe communauté de communautés. Ouverture et confrontation à l’altérité, conjugaison des différences, reconnaissance réciproques, projets communs, mosaïque de cultures, monnaies communes, tel serait le modèle multiculturel, multi-communautaire que l’Europe peut construire. Dans ce cas on pourrait aussi parler de fraternité européenne, fraternité des nations et des communautés qui ont choisi un destin commun. Cela permet à l’Europe de devenir un modèle dont l’intérêt est universel mais sans hégémonie, sans uniformité. Seulement il faudrait se mettre à penser une démocratie communautaire et multi-communautaire, une économie communautaire et multi-communautaire, une gouvernance communautaire et multi communautaire. ( http://journal.coherences.com/article406.html ) Nous sommes là dans la mouvance d’une mutation de civilisation qui inquiète tant les autres Europes. Nous sommes là dans une logique de refondations qu’appelle ce moment de l’histoire du monde. Restaurer la souveraineté communautaire, souveraineté responsable des enjeux communs, entre communautés qui s’engagent ensemble voilà de quoi intéresser et mobiliser les européens.

Alors pour la Grèce, d’abord la reconnaissance du meilleur de ses valeurs culturelles, de ses qualités, de ses talents, de ses potentiels. On pourrait le faire aussi pour tous les autres, une autre considération réciproque. Ensuite rechercher comment la Grèce peut remobiliser ses ressources et, retrouvant une nouvelle estime de soi, amorcer une nouvelle dynamique de développement. Le regard des autres et toutes les aides pour accompagner ce mouvement seront fructueuses tant pour la Grèce que pour l’Europe et chacune des communautés qui la constituent. Mais pour cela il faut une méthode, une philosophie, un Sens du bien commun un humanisme méthodologique.

Voir aussi «Le Sens du bien commun» éditions Temps Présent juin 2011.

 

Que se passe-t-il? Pourquoi tant de haine?

12 Fév

Claude Guéant dit « Toutes les civilisations ne se valent pas »
François Bayrou dit « 2012 un choix de civilisation »

Comment pourrait-on choisir une civilisation si elles se valent toutes?

Tout cela reste dans la confusion morale et mentale si on ne cherche pas à approfondir une question qui est si cruciale au moment où la fin de l’hégémonie occidentale nous confronte à la multiplicité des cultures dans le monde et dans chacun de nos pays? Elle se trouve évidemment au coeur de la question européenne et partout dans le monde.

Pour les uns la différence est liée à la suprématie de la civilisation occidentale et ses origines identifiée à « La Civilisation » et le réflexe de défense est de type nationaliste. Pour les autres la différence tiens à l’universalisme intellectuel, moral et opérationnel de notre civilisation et singulièrement de la France et son Modèle Républicain qui rabaisse tout ce qui n’y sacrifie pas ou le conteste.

Paradoxalement pour ces derniers la question de la diversité des civilisations est insupportable puisqu’il n’y en a qu’une de véritable, la notre.

Mais alors comment expliquer cette dénonciation violente des propos de Claude Guéant par la gauche. C’est parce qu’elle est prise dans un noeud de contradictions radical et qu’il ne faut pas en soulever le couvercle. François Hollande nous dit « La France n’est pas le problème mais la solution ». C’est bien du modèle français identifié au Modèle Républicain qu’il s’agit. En réalité il ne s’agit que d’une certaine conception de la république française dont les valeurs ne sont pas liberté, égalité, fraternité mais leur interprétation opportuniste selon les trois principes: individualisme, rationalisme, matérialisme qui en sont les véritables fondements.

La liberté c’est ici l’individualisme du libéralisme moral, de la revendication d’un libre arbitraire, d’un relativisme pour qui tout se vaut et où la diversité d’apparence va avec une indifférenciation de fond. La revendication des mêmes droits pour tous quelques soient les différences, réduites aux apparences va avec la libre affirmation des égos et des comportements dans la mesure où il n’y a pas d’altérité véritable. Le jeu des apparences et donc des masques et des semblants est là essentiel.

L’égalité c’est ici l’identification à une même norme et cette norme c’est celle, universelle, de la raison du rationalisme. Que l’on parle de normes idéales ou de normes naturelles ou structurelles c’est le magistère moral, organique et systémique d’un Etat jacobin qui est censé établir de façon juridique et scientifique les termes de l’équation égalitaire. Il y faut, bien sûr, des raisons supérieures aux autres, les raisons d’Etat sans doute. L’altérité est ici forcément une source d’altération de l’égalité.

La fraternité c’est ici la solidarité matérialiste. Le matérialisme ne connait que des liaisons et des forces d’origine matérielles. On peut donc solidariser deux morceaux de bois avec de la colle mais aussi par toute autre force de liaison endogène ou exogène. Il est vrai que les attractions répulsions des affects ressemblent à ces phénomènes de liaisons, d’inclusion et d’exclusion, de clivage ou de solidarisation. Question d’atomes crochus sans doute. Il y a toute une dialectique « sociale », binaire et manichéenne qui s’y source. L’altérité est une menace contre la cohésion et la solidarité.

Ces trois logiques différentes trouvent à se conjuguer dans un processus de déni de l’altérité, d’anti-humanisme radical au nom des droits de l’homme dument réinterprétés. On voit bien les risques du dévoilement, risque d’explosion d’une convergence apparente, risque totalitaire de tentative de colmatage des fractures, risque de violence dénégatrice de l’altérité. Libéralisme moral, étatisme, lutte des classes trois « tendances » à marier? Tel est le challenge de grands équilibristes en campagne. Le ciment pourrait être le déni d’altérité et les dénonciations associées. Mais il y a aussi cette synthèse, ce syncrétisme de l’accusation de l’homme, de l’antihumanisme radical et son déni d’humanité, cette réduction de l’homme à l’ordre des choses, à la Nature des choses. Il y a toujours une sorte de shyzophrénie qui le permet où l’humanité de l’homme postule sa propre négation.

Mais l’individualisme est-il de droite ou de gauche? L’étatisme est-il de droite ou de gauche? Le matérialisme est-il de droite ou de gauche? l’écologisme est-il de droite ou de gauche?

Et le choix de civilisation, question centrale? il suppose qu’il y ait pluralité. S’il n’y avait que dualité on se retrouverai dans un manichéisme classique. S’il n’y avait qu’étalonnage à une référence universelle supérieure on se trouverait dans une suprématie à vocation hégémonique. S’il n’y avait que multiplicité arbitraire alors tout se vaut et le choix n’est que l’exercice d’un libre arbitraire de plus, question de goût ou de dégout.

Alors quels critères de choix? Observons qu’il s’agit de civilisations humaines et que s’il y a des critères ils doivent être en rapport avec des valeurs humaines.

Alors pourquoi ne pas réinterpréter les valeurs de la république française comme des valeurs humaines, liées à l’humanité de l’homme, des valeurs humanistes donc.

La liberté, de nature proprement humaine, l’autonomie, ce n’est pas l’indépendance mais la maîtrise responsables de ses dépendances. La liberté responsable est ce vers quoi tend toute civilisation humaine. Plus de liberté cela veut dire plus de conscience, plus de maturité, plus de responsabilité dans les communautés de vie partagée. Elle se conçoit sur la base d’une transcendance de la personne qui se révèle progressivement et reconnait la contingence de son existence entièrement prise dans ses communauté d’existence et sur laquelle s’exerce sa responsabilité grâce à cette liberté là.

L’égalité c’est l’égale dignité de l’humanité que porte en lui chaque homme, quelles que soient ses conditions d’existence. L’égalité c’est la reconnaissance de l’altérité de chaque être, unique et partageant la même humanité. L’humanité porte en elle le pire et le meilleur, l’égalité aussi. Il faut donc que cette humanité soit engagée dans cette liberté responsable à cultiver pour que sa dignité s’exprime et soit reconnue en même temps que celle des autres membres de la communauté. Le fait que cette liberté responsable trouve à s’exprimer dans la communauté donne à celle-ci sa vocation de révéler et cultiver l’humanité des hommes qui la compose.

La fraternité c’est le partage d’humanité dans le Sens du bien commun au sein d’une communauté de devenir en commun. C’est aussi le partage d’humanité entre des communautés différentes selon le Sens du bien commun d’une communauté de communautés. Ainsi la fraternité est-elle constitutive du lien social dès lors qu’il est engagé dans le Sens du bien commun. Sans communauté pas de fraternité. Sans fraternité pas de communauté en voie de développement et d’accomplissement humain.

Alors la civilisation c’est le mouvement de développement et d’accomplissement d’une communauté selon la culture de son Sens du bien commun et la part d’humanité qui lui est propre.

A ce titre, là où il y a civilisation il y a aussi le pire, potentiellement au sein de chaque communauté. Chaque communauté est unique et à ce titre d’égale dignité humaine mais totalement différente dans sa culture. Chaque communauté est engagée dans une histoire où son niveau de civilisation est évolutif et peut même régresser.

Il y a là des éléments de réponse à la question « est-ce que les civilisations se valent? » et à la question « quel choix de civilisation ». Ces deux questions ont changé totalement de visage.

A la seconde la réponse est : la civilisation de l’humanité au sein de chaque communauté culturelle, selon sa vocation et à sa façon donc. La communauté mondiale est dans une mutation de civilisation, l’avènement de l’ère de l’humanité corrélative à l’ère de l’Esprit ou du Sens. Hominescence pour Michel Serres, âge de l’Esprit pour de grands visionnaires, âge du Sens et des communautés de Sens pour l’Humanisme Méthodologique, révolution humaniste pour Marie Anne Kraft.

A la première, la réponse naïve n’est plus possible. Il a fallu redéfinir ce qu’on entendait par là. Les civilisations sont toutes différentes et d’égale dignité mais les cultures ne sont pas toujours engagées dans leur meilleur Sens, dans leur processus de civilisation ou n’en sont pas au même niveau d’accomplissement de leur vocation et de leurs valeurs.

Alors il reste à relire les discours et les propositions politiques pour regarder de quoi ils parlent et qu’est ce qu’ils engagent, pour le pire ou le meilleur de la communauté française.

 

Comment construire une démocratie majeure

03 Sep

Le propos ici est de répondre à une problématique de plus en plus prégnante alors que les conceptions traditionnelles semblent devenues obsolètes. Le deviennent aussi heureusement des conceptions tyranniques du pouvoir mais aussi des conceptions technocratiques, juridiques ou administratives notamment. Le sont aussi, tout en prétendant à une nouvelle modernité, les conceptions totalitaires, systémiques, naturalistes, qui font rimer démocratie avec abandon de tout libre arbitre et, en définitive, de toute humanité véritable au profit de «lois naturelles incontournables».

Du coup, s’il est de plus en plus urgent de construire de nouvelles démocraties il faut renouveler aussi d’urgence les conceptions et les pratiques.

Le but de cet article est de donner des repères, des clés indispensables pour traiter le problème. Il est bien évident que cette présentation schématique doit être étoffée par toute l’épaisseur d’une pensée et d’une ingénierie humaine, celles de l’Humanisme Méthodologique. La complexité de la question et la diversité de ses domaines d’application ne peuvent continuer à recourir à des idées simplistes ou à des formalismes de plus en plus dénués de sens intelligible. Les querelles sont plus souvent les masques d’une manipulation des esprits qu’une véritable recherche de progression de la question.

La question démocratique va être balisée par des repères majeurs, des clés indispensables au temps où nous sommes, au moment d’une mutation de civilisation c’est-à-dire aussi du dépassement d’une civilisation antérieure avec ses crises et ses troubles. Il ne s’agit pas de recommencer comme avant comme trop de nostalgiques du passé le préconisent, surtout en Occident, pour éviter de se remettre en question.

Construire une démocratie majeure c’est un enjeu pour un nouveau temps fondé sur de nouvelles bases schématiquement données ici.

On envisagera trois questions et leurs réponses, nouvelles pour beaucoup. Où se pose la question de la démocratie? En quoi consiste la démocratie ? Comment développer une démocratie majeure.

La démocratie c’est où ?

La question démocratique ne se pose que dans une communauté donnée. Que l’on parle de peuple, de société, d’organisation, de collectivité, la démocratie est une affaire de communauté humaine, de nature humaine donc. Toute communauté humaine est concernée par la question démocratique et est appelée à développer tôt ou tard une démocratie majeure. S’il n’y a pas d’identification commune à une communauté de devenir il n’y a pas de démocratie possible n’y ayant pas, par exemple, de vouloir commun auquel participer.

Quelles communautés ? Nous allons donner toute une variété d’exemples.

La Libye au premier rang en ces jours où elle se donne des échéances pour y arriver. L’Egypte, la Tunisie on le sait mais aussi cela se joue au Maroc, en Jordanie ou des progrès s’enregistrent. Bien sûr la Syrie est à l’ordre du jour mais que dire de l’Iran, de la Chine, et de tel pays où l’Etat prétend s’imposer à la nation. L’Europe, les pays européens, l’Afrique, les Amériques. On le voit toutes les nations du monde sont concernées et aucune ne peut se dire avoir une démocratie aboutie surtout celles ou les incantations dominent le discours public en la matière. Sont concernés les ensembles nationaux comme l’Europe mais aussi ceux d’Asie comme d‘Amérique et les multiples configurations destinées à traiter des affaires communes, c’est-à-dire communautaires. Que dire alors de l’ONU qui ne sait si elle est une union ou une communauté, comme d‘autres, comme l’Europe. Et pourtant on ne peut pas dire que la question démocratique ne se pose pas partout où une conscience commune du bien commun se fait jour, c’est-à-dire une communauté de devenir.

Changeons d’échelle pour penser à des communes, à la ville et à ses quartiers là où on vit ensemble. Il y a des communautés de communes et dans notre pays des communautés d’agglomérations, des pays, des départements, des régions. Il y a aussi des inter-régions entre nations proches. Autant de communautés où la démocratie est en question.

Dans une autre registre les entreprises, les institutions, les organisations, les associations, les groupements d‘activités sont autant de lieux où la question de la démocratie est posée même si c’est de façon embryonnaire et que des solutions viables restent à inventer et à construire. On ne savait pas encore très bien en effet concilier démocratie et efficacité.

D’une façon générale la multiplication des communautés née de possibilités relationnelles inconnues auparavant avec internet repose la question à toutes sortes de niveaux et, on le verra, surtout des niveaux de maturité. La trame communautaire de notre monde en est au début d’un bouleversement sans précédents et personne ne peut dire que cela n’a pas une incidence sur chacune des communautés citées. La question de la démocratie se pose partout.

L’énoncé des tous les cas précédents amène à considérer un fait majeur c’est que toutes ces communautés ne sont pas isolées. Mieux elles sont elles-mêmes constituées de communautés qui participent plus ou moins à leur propre devenir. De même elles participent à d‘autres communautés qu’elles contribuent à constituer. Il faut impérativement considérer la théorie des ensembles communautaires, communautés de communautés comme aussi communautés de personnes. Notons ceci ; une personne peut participer successivement ou simultanément à plusieurs communautés et ce sera de plus en plus vrai, posant la question de sa liberté et de la maturité de ses participations. Une personne qui participe à une communauté peut être partie prenante d’une autre communauté qui appartient à la première ou y contribue. Si une communauté est constituée de plusieurs groupes, des personnes de la communauté peuvent participer à plusieurs de ces groupes et donc de plusieurs manières différentes à la démocratie communautaire. Ce sont des personnes mais aussi des communautés qui participeront aux processus démocratiques.

Si cette complexité dépasse l’entendement de beaucoup d’idéologues elle correspond à des réalités humaines de plus en plus patentes. Prenons le cas de l’Europe (qui ne sait si elle est union ou communauté) où la démocratie européenne reste assez pauvre et se concilie difficilement avec les communautés nations et encore moins les communautés régions et les autres. La communauté nation France ne sait comment faire avec ses communautés d’étages et une démocratie qui en intègrerait intelligemment la diversité.

Il faut dire que pour cela il faut repenser ce qu’est la démocratie, en quoi elle consiste. En France l’interdit de penser la démocratie va avec l’interdit de penser la communauté, les communautés, le seul lieu où se pose la question démocratique.

La démocratie c’est quoi ?

La démocratie à minima c’est la participation des hommes à la détermination de leur devenir et pour cela aux affaires communes dans les communautés où ils s‘inscrivent.

De là deux questions majeures se posent; celle d’abord de la capacité d’appréhender les questions en jeu et les modes de participation démocratique associés, celle ensuite des enjeux auxquels la démocratie est confrontée. Ni l’une ni l’autre ne sont tout à fait claires et sont pourtant déterminantes pour définir la démocratie. Ce sont des aspects essentiels du phénomène humain qu’est la démocratie qui dépendent donc et de la conception de l’homme pour concevoir la démocratie et de la conscience que l’on peut en avoir.

Le premier axe de réflexion est celui des niveaux de participation à la communauté, des niveaux de conscience associés et des niveaux de maîtrise des affaires humaines correspondants. Si la démocratie est une participation à cette maîtrise alors c’est un critère discriminant des modes de contribution démocratiques.

Grâce à l’anthropologie de l’Humanisme Méthodologique on peut distinguer quatre niveaux, correspondant à quatre «âges d’évolution».

Le premier est celui de l’âge archaïque. C’est celui d’une participation principalement émotionnelle à la communauté faite de peurs, de passions, d’émois, de confusions, de répulsions, tout cela étant à la fois très «influençable» ou très lié à des problématiques personnelles et culturelles inconscientes ou encore à des évènements éprouvants. C’est notamment le terrain de ce qu’on appelle une démocratie d’opinion aux mains d’acteurs qui font assaut de machinations au service d’un pouvoir sur les populations. Ici la démagogie tiens lieu de démocratie. C’est le terrain des dominations, des tyrannies, des pouvoirs médiatiques. Une communauté de ce niveau est en voie de perte totale de maîtrise, associée à une dégradation communautaire. La seule solution par rapport au devenir c’est l‘intervention extérieure, bienveillante, qui trace et permette un chemin de reprise de conscience communautaire et d’apprentissage d’une voie de progression. Il s’agit là de communautés en régression, ou de communautés encore prises dans un «bain affectif originel», ou encore de personnes dans cette situation dans une communauté évoluée et même de personnes «évoluées» embarquées dans un pathos régressif. On voit que leur participation n’est pas possible et qu’une forme de tutelle ré-éducative doit être assurée chaque fois que possible.

Le second est l’âge primaire. La participation à la communauté se fait au travers des activités liées à la vie collective touchant à la subsistance, à la production, à l’organisation, au fonctionnement. C’est tout le domaine de l’action communautaire et des réalisations qui contribuent aux enjeux collectifs. C’est là que les membres de la communauté peuvent être dits des acteurs. Les acteurs de la communauté, individus ou même groupes et communautés, peuvent avoir un niveau de maîtrise correspondant à leur action et leur compétence. De ce fait le champ de participation est limité aux domaines où les acteurs peuvent accéder et c’est là le domaine de la démocratie participative. Le grand principe c’est que ce sont les acteurs qui agissent et c’est là leur statut démocratique à la mesure de leur champ d’action. La participation aux affaires de la communauté à ce niveau commence donc avec la conception ou la définition des actions, leur participation aux réalisations et l’évaluation. Trois considérations complémentaires. La dimension affective et émotionnelle, toujours présente, doit être dominée par la maîtrise des activités et des utilités communautaires. La participation démocratique à l’action et l’activité communautaire est évidemment perfectible et fait l’objet d’apprentissages éducatifs dans toutes les communautés évoluées que ce soit des enfants mais aussi tout au long de la vie. Enfin c’est grâce à un autre niveau de conscience qu’une vue d’ensemble des enjeux communautaire deviendra possible sans quoi l’action communautaire risque d’être sans cohérence et la démocratie participative en partie un leurre.

Le troisième âge d’évolution est l’âge secondaire. C’est celui, en principe, de la civilisation d’où nous venons. Ce qui en est l’enjeu ce sont les représentations partagées, représentations de la communauté, son identité, représentations de son histoire, passé et futur, représentations de ses projets, de ses stratégies, de son développement. Cela réclame un niveau d’évolution, de conscience et de maîtrise plus avancé à la mesure cependant de l’importance des communautés en question. Pour une petite communauté c’est plus accessible que pour un pays ou même des enjeux internationaux ou mondiaux. La démocratie ici est représentative. Elle doit être assumée par des représentants capables d’assurer cette maîtrise des représentations. Il s’agit pour cela d’un travail de délibération, de formulation, de communication, de conception, de créativité. L’erreur peut-être de confier cela à une élite d’expertise, d’Etat par exemple. Si cette expertise est utile c’est pour servir la démocratie représentative et pas s’y substituer. La démocratie représentative est faite du rassemblement de représentants mais aussi de tous les dispositifs dont ils ont besoin pour délibérer des projets et stratégies de développement communautaires. Ces représentants, pour être représentatifs, doivent représenter les multiples populations concernées et ce notamment au travers des groupes et communautés où elles s’inscrivent en tant qu’acteurs. Une représentation territoriale n’a aucun sens si elle n’est pas rattachée à une communauté identifiée.

La démocratie représentative travaille plutôt sur le moyen terme et permet ainsi de donner un cadre stratégique à la démocratie participative centrée sur l’action ponctuelle. Pour qu’une telle démocratie participative soit pertinente il faut qu’elle soit orientée par le Sens du bien commun de la communauté. Tout autre Sens ne justifie pas une démocratie qui resterait un leurre.

Nous sommes maintenant au niveau tertiaire où l’enjeu est le discernement et l’indication du Sens du bien commun par une personne qui l’incarne. Un noeud de difficulté et d’incompréhension vient d’un défaut de conscience de Sens. Le Sens du bien commun est inhérent à la communauté et ne résulte d’aucune délibération. Par ailleurs depuis toujours, toutes les communautés s’arrangent pour trouver une personne pour incarner ce Sens. Toutes sortes de procédés sont utilisés qui se traduisent toujours par une sorte d’élection, élection formelle d’un candidat selon un processus culturellement significatif ou reconnaissance et acceptation de celui qui tiens un rôle culturellement significatif. C’est là la démocratie élective, la reconnaissance implicite du Sens du bien commun de la communauté par la recherche et l’acceptation explicite d’une personne qui l’incarne. A l’âge des représentations on n’a pas accédé à une intelligence du Sens de cette démocratie en en faisant souvent des caricatures qui débouchent sur autre chose que l’indication du Sens du bien commun. Il n’est que de voir la place de cette question du Sens du bien commun et des processus culturels de son élection dans les conceptions en vigueur de la démocratie.

Par ailleurs une certaine maîtrise des représentations les a cru suffisantes avec la maîtrise de la raison et de ce fait en est venu à disqualifier ce rôle central en en faisant une représentation accessoire. Il y a aussi les conceptions plus immatures qui considèrent que la personne élue est une autorité forcément nuisible et donc à éliminer. Malgré cela soulignons qu’aucune communauté ne s’en passe, quelque soit l’artifice pour le justifier. Songeons à toutes les communautés citées au début et nous verrons quelle en est la situation sur ce plan. La démocratie participative s’appuie sur l’incarnation du Sens du bien commun de la communauté par le biais d’un rituel culturel de démocratie élective. Elle y trouve l’orientation qu’elle doit ensuite projeter en projet développement, stratégies et autres représentations de l‘avenir de la communauté au travers des affaires communautaires.

C’est là la seconde question initialement soulevée, celle des enjeux de la démocratie pour la communauté. On en voit la construction et l’architecture à laquelle est adossée la démocratie sous ses différents aspects. L’orientation communautaire d’abord, le projet et la stratégie de développement communautaire ensuite, l’activité communautaire enfin.

L’orientation de l’avenir selon un Sens du bien commun propre à la communauté, est l’enjeu de la démocratie élective celle uniquement des personnes membres de la communauté. Vient ensuite sa projection au travers de multiples représentations, celles du développement communautaire et toutes les règles ou plans qui le dessinent. C’est la place de la démocratie représentative. On notera que la démocratie élective désigne des personnes qui peuvent aussi représenter la communauté dans un ensemble communautaire plus vaste. Vient ensuite le plan de l’action collective ou des multiples activités qui contribuent au développement commun, champ de la démocratie participative où interviennent les personnes et aussi par exemple leurs communautés de travail et de services. Restent les plans plus archaïques de la vie communautaire qui réclament une prise en charge et un contrôle qui sont la condition de la possibilité même d’une démocratie.

La démocratie comment ?

On conçoit qu’il y a une infinité de situations selon que l’on se trouve dans des communautés de différentes natures et de différentes tailles, d’histoires et de cultures différentes. Les ensembles communautaires amènent aussi leur complexité. On notera ici les conditions nécessaires et des moyens de construction de la démocratie communautaire.

Tout d’abord l’identification de la communauté. Cela ne va pas toujours de soi dans la mesure ou la désignation d’une communauté tiens aussi de son histoire et sa culture. Elle est indispensable pour que le Sens du bien commun en soit éclairé et exprimé de façon à ce qu’il puisse être approprié de façon gratifiante et mobilisatrice. L’identification à la communauté au «nous» est indispensable pour qu’une démocratie majeure puisse s’exercer. C’est donc un enjeu prioritaire de toute construction ou reconstruction démocratique. La construction de référentiels de valeurs identitaires ou opérationnels est un bon moyen d’appropriation. Cependant il faut être en mesure d’élucider ce Sens du bien commun vecteur culturel d’un développement communautaire mais aussi de ses valeurs, richesses et potentiels. Ce qui se faisait intuitivement ou par le charisme d’un homme peut se faire de façon plus sûre grâce à la théorie des cohérences culturelles et aux méthodes d’analyse de cohérences culturelles et tous les moyens d’intelligence symboliques déployés par L’Humanisme Méthodologique. Désigner la communauté et la présenter sous son meilleur jour est la condition et le moteur d’un processus d’identification nécessaire à la démocratie. On remarquera que lorsque ce sont des penchants plus négatifs, combatifs aussi, qui sont mis en avant cela contamine le processus démocratique ultérieur, Une victoire par exemple suscite une identification polémique qui en fera une démocratie de combat plutôt que de développement. La glorification des tares est un boulet pour la démocratie. Là une aide extérieure peut être précieuse pour aider la communauté à s’identifier, le regard des autres étant aussi un vecteur puissant.

Cependant, l’identification ne doit pas faire abstraction d’autres identifications de communautés plus proches, plus familières. Les régions pour la nation, les nations pour l’Europe, mais aussi toutes les configurations que l’on retrouve dans les pays ou toutes les autres sortes de communautés. Il est capital d’articuler la communauté avec les communautés qui la constituent et celles auxquelles elle participe. Par quoi commencer ? Par ce qui est le plus accessible et qui servira de soutien pour aller plus loin la réponse n’est pas la même en Libye ou en Tunisie, ou dans tel ou tel ensemble communautaire. C’est une question de niveau de maturité, pas forcément de simple sentiment d’appartenance. On notera qu’une communauté doit être suffisamment avancée dans son identification pour pouvoir participer de façon majeure à un ensemble communautaire avec d‘autres.

A partir de là les trois niveaux de démocratie sont en jeu mais ne peuvent être généralisés simultanément. Sur le plan opérationnel il faudra commencer par le niveau d’orientation avec une « élection « provisoire venue opportunément assurer cette fonction. Il faudra de toutes façons constituer rapidement ce repère même provisoire, même si cela apparait comme venant d’un homme providentiel». Ensuite il faudra constituer le champ des représentations communautaires, à partir des communautés constitutives par exemple. Cela aussi peut passer par des dispositions provisoires même par l’apport d’expertises externes. Si le premier point et assuré et le Sens du bien commun identifié et explicité alors le développement communautaire peut être engagé sans que la démocratie représentative soit parfaitement établie. Elle réclame en effet un niveau de maturité qu’il s’agit de favoriser par le développement communautaire lui même. Ensuite la démocratie participative peut s’exercer dans la mesure ou un projet cadre est établi. C’est la condition pour mettre en concourance les activités communautaires et permettre aux acteurs de participer au développement communautaire.

Dans un processus de construction de la démocratie, la démocratie participative est la première qui peut se développer à condition que des palliatifs aient été mis en place pour la démocratie élective et la démocratie représentative. Celles-ci seront mises en oeuvre au fur et à mesure de la maturation communautaire et sa capacité de les assumer c’est-à-dire de devenir une démocratie majeure.

Il arrive que L’Etat se substitue à la démocratie. Une idéologie prend la place du Sens du bien commun avec une «élection» fallacieuse. Les expertises se substituent à la démocratie représentative sous prétexte de maitrise des affaires complexes de la nation éliminant du même coup les communautés qui y participent culturellement. Enfin il en vient à réduire à néant la démocratie participative s’arrogeant le monopole de l’action publique. Le résultat est une régression de la communauté aux archaïsmes, ceux du politique et ceux d’une société sous tutelle prise dans les passions et les futilités. Il n’est pas facile d’en sortir sans une identification forte à la communauté selon le Sens du bien commun qui leur est propre et les valeurs culturelles associées (surtout pas universelles et donc anonymes).

La construction de la démocratie va avec le déploiement d’un projet de développement communautaire qui est en même temps le champ d’un apprentissage progressif de l’exercice de la démocratie sous ses différents modes. On peut dire qu’une gouvernance provisoire, basée sur une orientation et une stratégie de développement cadre permettra une appropriation qui commence alors par la démocratie participative celle des acteurs portant sur l’action.

La maturité qui s’en suit permet de s’approprier la démocratie représentative de façon élargie à toutes les représentations des communautés constitutives et à la participation à des ensembles communautaires. A chaque communauté son chemin pour cela.

Ensuite la démocratie élective qui touche au symbolique peut sortir de l’implicite de l’élection des «re-pères» de la nation par exemple. C’est ce que notre époque permet en ouvrant à un âge du Sens, celui d’un Sens du bien commun élucidé, compris et cultivé. Qu’en est-il pour notre pays?

On voit bien que la démocratie repose sur une base participative de l’action communautaire mais qu’elle repose aussi symboliquement sur un principe électif celui de l’incarnation du Sens du bien commun. On a voulu la réduire à une représentativité régulatrice qui laisse la place à une « maîtrise » élitiste des représentations, coupée de sa base participative et de son Sens électif. Du coup on s’est mis à croire que le formalisme était la cause de la communauté et que la démocratie consistait à l’entériner, laissant le champ libre à la démagogie et aux passions qui se développent sous couvert d’une technocratie pseudo démocratique. Ce modèle est malheureusement celui qui est trop souvent préconisé pour construire la démocratie avec les déboires que l’on connait.

En résumé pour construire une démocratie majeure :

1 – Identifier la communauté, son Sens du bien commun et favoriser l’identification aux valeurs qui en sont les indicateurs.

2 – Elaborer un projet cadre de développement communautaire selon le Sens du bien commun avec un dispositif d’élection et de représentation provisoire pour engager un processus d’appropriation et de maturation

3 – Mettre en place la démocratie participative avec les acteurs puis, au fur et à mesure de la maturation communautaire, la démocratie représentative et la démocratie élective selon un processus de gouvernance approprié culturellement.

Cela vaut pour les nouvelles démocraties, les vieilles même séniles, pour les entreprises et les organisations, pour les nouvelles communautés de toutes les tailles et aussi pour les communautés mondes et tous les ensembles communautaires. Le plus difficile sera, pour les communautés qui sont persuadées de détenir la formule, de la défendre contre le reste du monde et même contre leur population, au nom du peuple. Celles-là commencent par nier les communautés ou les font régresser au stade archaïque.

 

Prospective de l’Entreprise Numérique

24 Août

Un article publié sur le site du CIGREF,réseau de grandes entreprises.
Il donne des repères pour la mutation engagée. La mutation des esprits est plus importante que celle des technologies qui n’en sont qu’un support. Comprendre les phénomènes de changement à l’oeuvre, évoluer du traitement de l’information au traitement des situations, le modèle de l’entreprise communautaire et ses enjeux qu’il s’agit de bâtir et enfin le virtuel comme vecteur d’une transformation du monde des affaires humaines et des entreprises, tels sont les quatre parties de ce document publié progressivement.

Nous sommes dans une période de grands progrès, de grands bouleversements, de grands troubles. L’éruption incessante des crises est comme celle des boutons qui marquent le fait qu’une réaction est en train de se produire, ce qui est bon signe, du moins si on en comprend le Sens pour agir. L’Entreprise Numérique nous est promise comme une révolution technologique, structurelle, culturelle, majeure en tout cas. Mais qu’en est-il vraiment de ce qui est en train d’advenir et qui se trame, à grande échelle, mondiale ? En d’autres temps on consultait l’oracle (toute ressemblance…) mais les viscères de nos oiseaux technologiques ne parlent pas de l’avenir. Peut-être alors quelque pythie qui, elle, ne dit pas mais signifie ? En effet tout est affaire d’interprétation, d’imagination et mieux, de discernement et de créativité, un problème de Sens et de projection dans le Sens indiqué..;
la suite sur le site du CiGREF