Commentaires sur : Lettre à un maire qui vient d’être (ré)élu http://biencommun.coherences.com/BLOG-HM/2014/03/27/lettre-a-un-maire-qui-vient-detre-reelu/ Un site du réseau de l'Humanisme Méthodologique Fri, 13 Nov 2020 18:23:35 +0000 hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Par : Roger Nifle http://biencommun.coherences.com/BLOG-HM/2014/03/27/lettre-a-un-maire-qui-vient-detre-reelu/#comment-34 Thu, 27 Mar 2014 15:34:46 +0000 http://biencommun.coherences.com/BLOG-HM/?p=408#comment-34 En réponse à hacker.

Chère Violaine
Beaucoup de choses à dire parce que le sujet est un axe majeur de mon travail de ces 35 dernières années tant sur le plan théorique et méthodologique que sur le plan pratique et de l’expérience de terrain. Alors quelques éléments de réponses.
D’abord l’actualité de ce texte est en rapport avec une action de terrain et une exploration nationale concernant la participation des habitants aux affaires communes dans une logique d’empowerment. Ce terme lorsqu’il est traduit par autonomisation (majeure et responsable et non pas indépendante et immature) croise celui de capabilités me semble-t-il. L’enjeu est pour chacun le développement de la maîtrise des potentiels humains personnels, toujours en situation communautaire (il n’y en a pas d’autre. Au passage le communautarisme est à la communauté ce que l’individualisme est à l’individu. Rejeter le second au nom de la critique du premier est suspect. En fait le rejet du communautarisme ( bien différent de la simple critique) a, dans notre pays une finalité, le rejet de la communauté. Deux raisons, éliminer une source de puissance (empowerment) en concurrence avec celle de l’Etat jacobin qui veut garder le monopole de l’emprise sur les individus et le lien social (l’individualisme est donc encouragé) et combattre la rivalité d’une église catholique (de l’époque) avec ses paroisses que l’Etat n’a jamais cessé d’imiter avec son registre juridique comme bréviaire et aussi la sacralisation dogmatique de ses « valeurs » idéelles. Nous arrivons au stade de l’accomplissement de ce projet et donc de son échec garanti. C’est pour cela que la notion de droits dans cette affaire me tient en alerte. Qui distribue des droits, de quelle autorité supérieure à quels mineurs bénéficiaires ? S’il y a des droits il appartiennent à ce qui défini le juste et l’injuste d’une communauté en relation avec son Sens du bien commun et les représentations formelles qu’elle s’en donne.
Le terme d’empowerment a été récemment traduit en France par « pouvoir d’agir ». On pourrait le comprendre comme autonomisation mais certain(e), bien en cour, le récuse le taxant de libéralisme (quelle horreur). Mais le pouvoir d’agir, quand agir c’est manifester, est un appel à grossir les rangs des critiques ou mieux des forces de prise de pouvoir. On assiste donc à des détournements destinés à sauver les pensées et doctrines des siècles anciens en même temps qu’émerge malgré tout une société civile recentrée sur les affaires communes plus que sur l’indignation.

Un aspect majeur de la question est la conception (anthropologique) du rapport personnes/communautés qui n’est pas le même qu’individu/société et aussi la considération du rapport entre empowerment communautaire comme ligne de développement et d’accomplissement des communautés dans toutes les dimensions des affaires humaines qui s’y jouent et empowerment personnel comme ligne de développement et d’accomplissement personnel, l’un par l’autre.
En pratique la question est comment s’appuyer sur des compétences personnelles et collectives pour engager le développement communautaire et comment le développement communautaire engage le développement de personnes dans un processus de maturation et donc d’empowerment réciproque. C’est tout l’enjeu desconceptions, méthodes et stratégies que j’ai élaborées et mises en pratique (encore maintenant dans l’actualité) et aussi de la démocratie communautaire que j’évoque ici. Pour Etienne Chouard, ce que je connais me parait poser d’abord un problème épistémologique sur la notion de représentativité. La représentativité numérique ou aléatoire ne me parait pas compatible avec la représentativité communautaire seule pertinente dans le dispositif qui articule les trois modes de démocratie indissociables. Quant à la délibération collective elle présuppose une communauté de langage et de valeurs. Même critique que celle de Ricoeur pour Rawls. Je garde Castoriadis pour la fin et à y aller voir de plus près ce que je ne connais pas. La formule « imaginaire instituant » fait néanmoins écho sur la relation entre imaginaire et institutionalisation comme homologues (même Sens). J’utilise couramment des procédés basés sur des médiations imaginaires tant pour discerner le Sens des situations que pour concevoir et construire des productions rationnelles et le cas échéant institutionnelles un fois le Sens élucidé.

A suivre si vous le souhaitez.

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Par : hacker http://biencommun.coherences.com/BLOG-HM/2014/03/27/lettre-a-un-maire-qui-vient-detre-reelu/#comment-32 Thu, 27 Mar 2014 13:51:03 +0000 http://biencommun.coherences.com/BLOG-HM/?p=408#comment-32 Cher Roger,
Merci pour ce très bon article.
Que pensez vous de la notion de capabilités et des droits formels.désirs chez Amartya Sen.
Je suis totalement d’accord avec votre vision. Je pense aussi qu’il y a un tel niveau de tension et de rejet/incompréhension de l’Autre dans ce pays avec une conception tellement dogmatique de la vie, qu’il faut trouver de nouvelles façon de parler des Communautés et de la démocratie.
Il ne faut jamais rejeter le poids du passé. Parler de communautarisme en France est considéré comme violent… Il ne faut pas juger, mais trouver d’autres alternatives et mots clés pour faire passer un message.
Que pensez vous aussi de Castoriadis et de l’imaginaire instituant?
Ce soir, il y a aussi une rencontre avec Etienne Chouard. Qu’en pensez vous?
Bien à vous,
Violaine Hacker

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